Accompagner l’éco-anxiété à l’école et au travail. Répondre à l’impuissance, la peur, la colère

Le dérèglement climatique est depuis 2011 dans le trio de tête des préoccupations françaises et européennes et a une influence sur la vie quotidienne de nos écoles, de nos bureaux et de nos services publics. S’appuyant sur les données d’une enquête d’opinion inédite, ce rapport propose une série de mesures visant à formaliser la place qu’occupe la préoccupation climatique dans nos vies privées et nos échanges collectifs, démontrant qu’il est temps d’en faire un sujet politique.  

Table des matières

Introduction : la préoccupation climatique : une permanence pour les Français

Propositions 

L’éco-anxiété : étude d’une préoccupation majoritaire
L’inaction perçue des décideurs publics et privés : moteur de l’éco-anxiété
Une responsabilité collective, avec une prééminence du rôle perçu des entreprises, de l’État puis de l’Union européenne 
« En fais-je assez ? » : une vision clivante de la responsabilité personnelle
L’impuissance, ressenti central de la préoccupation climatique

Le climat, la nature et l’école : l’enseignement scolaire est-il prêt à accompagner le cycle émotionnel de la prise de conscience climatique ?
Le développement durable : une discipline appelée à devenir « transversale »
Une approche purement cartésienne
Une approche efficace pour accompagner la préoccupation croissante avec l’acquisition de savoirs objectifs sur le climat ?
Quelle place pour les émotions à l’école ?

La préoccupation climatique, angle mort de la stratégie d’entreprise, des politiques de responsabilité environnementale et de ressources humaines
Le monde du travail, carrefour de la responsabilité des organisations, de l’engagement des individus et de leur sociabilité
Comment sont construites les politiques RSE aujourd’hui, que contiennent-elles et quelles en sont les motivations ?
Le défi de la notoriété et de la crédibilité dans le corps social : défi des politiques environnementales dans l’organisation
La préoccupation climatique : donnée masquée des politiques de responsabilité environnementale et des ressources humaines

Conclusion : Mieux appréhender l’éco-anxiété au travail et accompagner ses salariés


Propositions

À l’école

1Mettre à disposition des établissements un outil de mesure de l’état émotionnel des élèves via un questionnaire unifié et anonymisé, afin de doter les équipes pédagogiques d’un outil de suivi de l’éco-anxiété et de permettre des remontées en cas d’alertes. Et ce en prenant exemple sur la démarche de collecte lancée dans le cadre de la lutte contre le harcèlement.

2Former les enseignants en sortie de l’INSPÉ (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) à un socle de notions, termes et méthodes scientifiques mobilisés dans le cadre de l’éducation au développement durable. Ceci, indépendamment de la matière enseignée.

3Conduire une politique de concentration des multiples ressources pédagogiques mobilisables dans le cadre de l’apprentissage de notions relatives au dérèglement climatique, afin de mettre en place un espace de documentation consolidé, facilitant l’accès des enseignants à des ressources.

4Développer au sein des établissements, par exemple par la mobilisation du Pacte enseignant, les démarches de mise en action des élèves et de connexion à la nature, via des formes d’engagement local ou encore le développement de la « classe dehors ».

Au travail

5Développer l’engagement des collaborateurs dans la conduite du volet climat des stratégies RSE via une démarche de co-construction régulièrement renouvelée ainsi que la création d’un poste d’engagement climat, visant à développer une ou plusieurs initiatives centrées sur les enjeux d’atténuation et d’adaptation au dérèglement climatique au sein des entreprises.

6Intégrer systématiquement des indicateurs qualitatifs et quantitatifs de responsabilité sociale et environnementale dans les évaluations et les rémunérations variables, en démarrant sans s’y restreindre par le cercle des cadres dirigeants.

7Faire figurer la préoccupation environnementale, les sujets climat et éco-anxiété dans les baromètres et enquêtes annuels dans les entreprises. Il s’agit notamment d’élargir le périmètre du DUERP vers un DUERP-E (document unique d’évaluation des risques professionnels et environnementaux) et de faire de même pour faire évoluer la définition des RPS vers les RPS-E (risques psychosociaux environnementaux).

8Déployer une démarche de formation généralisée à tous les niveaux, à commencer par le top management, tous les membres des comités de direction (CODIR/COMEX) sur les enjeux climat. Il en va de même pour les directions métiers, les directions RH et les élus du personnel, membres des Comités sociaux et économiques (CSE) des entreprises. On peut, par exemple, s’appuyer pour ce faire sur la démarche déployée par l’État pour les directeurs d’administration centrale. 

9Définir des jalons RSE dans les processus courants, en outillant les départements métiers ainsi que les fonctions supports (achats, finances, communication, RH ou encore immobilier). Et ce afin de systématiser la « voix de la planète » dans les prises de décision quotidiennes via la quantification des impacts écologiques.

10Là où les outils de détection font apparaître une problématique spécifique liée à la préoccupation climatique, créer et animer des groupes de discussion au cadre et à la confidentialité formalisés. Il s’agirait d’échanges inter-services et intra-organisation en vue de favoriser l’expression, de visibiliser l’éco-anxiété et d’y apporter une première réponse par l’écoute. 


Les auteurs :
Maxime Dupont est senior manager RSE chez Bartle, cabinet de conseil indépendant français.
Pierre Quénéhen est expert associéà la Fondation Jean-Jaurès et collaborateur d’une association d’éducation populaire.
Théo Verdier est co-directeur de l’Observatoire Europe de la Fondation Jean-Jaurès.
Avec la collaboration de Victor Potier, expert de la RSE des entreprises et chargé de relations clients chez abCSR.

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