Jean Jaurès est mort à la veille de la Première Guerre mondiale, assassiné à cause de son combat pour la paix. Première victime d’une violence guerrière qui dépassa ce que l’humanité avait connu de plus terrible jusque-là, il fut un grand penseur de la guerre au XXe siècle.
À la relecture de L’Armée nouvelle, on comprend bien le sens des engagements de Jaurès durant les derniers mois de sa vie, lorsqu’il donna le sentiment à ses contemporains de n’envisager que la paix et l’internationalisme, de se dérober à la guerre et à la nation. Aller jusqu’au bout d’un processus de paix général en Europe et dans le monde était de son point de vue la meilleure façon de doter la France des armes de la victoire militaire en lui apportant des « forces morales » décisives. La postérité de Jaurès comme penseur de la guerre en démocratie ne réside pas seulement dans l’affirmation de la liberté intellectuelle sur ces questions.