À l’occasion des quatre-vingts ans de son exécution, le 21 février 1944, le résistant d’origine arménienne Missak Manouchian entre au Panthéon, accompagné de son épouse Mélinée. L’historien Vincent Duclert revient sur les décisions et le processus qui accompagnent cet hommage de la nation.
Le 18 juin 2023, un communiqué de la présidence de la République annonçait la panthéonisation du résistant au nazisme Missak Manouchian accompagné des cendres de sa femme Mélinée, elle aussi résistante. Tous les deux n’étaient pas Français, mais combattaient, comme l’écrivit le premier à la seconde dans sa dernière lettre avant son exécution à mort, « en soldat régulier de l’armée française de la Libération1Dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme Mélinée le 21 février 1944 à la prison de Fresnes, quelques heures avant qu’il soit fusillé à la forteresse du Mont-Valérien. » :
« Je m’étais engagé dans l’Armée de la Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur ! à tous ! J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et [d’] avoir un enfant pour mon honneur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires, je [les] lègue à toi et à ta sœur, et pour mes neveux. Après la guerre, tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la Libération. »
Exposant la venue d’Emmanuel Macron le 18 juin 2023 au Mont-Valérien, l’Élysée écrit :
« Ce 18 juin, la cérémonie traditionnelle sera précédée par un hommage à l’ensemble des forces de la Résistance. Le Président de la République cheminera, au sein du site du Mont-Valérien, dans chacun des lieux où se confondirent les destins mêlés de la lutte contre l’occupant nazi. Le Président de la République fera étape à la chapelle des condamnés et dans la clairière des fusillés au son de l’ »Affiche rouge », écrite par Louis Aragon et mise en musique par Léo Ferré. Les acteurs et témoins de la Résistance passeront, par leur témoignage, le flambeau de leur engagement à nos jeunes conviés à la cérémonie, pour que les consciences des jeunes générations soient elles aussi trempées à la flamme de cette épopée.
Dans cette perspective, le Président de la République a décidé de l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian. Missak Manouchian choisit deux fois la France, par sa volonté de jeune homme arménien épris de Baudelaire et de Victor Hugo, puis par son sang versé pour notre pays. Il figure, dans notre mémoire, comme l’un de ceux visés par l’ »Affiche rouge », qui désignait à la vindicte dix des membres du groupe qu’il dirigeait, Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI), étrangers, juifs, communistes, et pour cela exécrés par le régime de Vichy. Le 18 février dernier, le Président de la République avait déjà réparé l’injustice commise envers Szlama Grzywacz, seul membre de l’ »Affiche rouge » à ne pas avoir été déclaré mort pour la France.
Missak Manouchian porte une part de notre grandeur. Sa bravoure singulière, son élan patriote dépassant toutes les assignations, son héroïsme tranquille inscrit dans sa dernière lettre à son épouse Mélinée où il confiait son absence de haine pour le peuple allemand constituent une source d’inspiration particulière pour notre République. Missak Manouchian incarne les valeurs universelles portées par ces « vingt et trois qui criaient la France s’abattant » et ce sont eux, qui avec lui, seront aussi célébrés. Car ceux du groupe Manouchian défendaient une République où l’adhésion aux principes de liberté, d’égalité, de fraternité, permet tous les exploits, autorise tous les sacrifices, réunit et transcende tous les destins.
Après l’entrée au Panthéon des Résistants Félix Eboué (1949), Jean Moulin (1964), René Cassin (1987), Jean Monnet (1988) André Malraux (1996), des Justes de France (2007), Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Jean Zay (2015) et Joséphine Baker (2021), cet hommage de la République à Missak Manouchian, qui sera accompagné de Mélinée, permet de fédérer tous les combattants engagés dans la lutte contre le nazisme. Le sang versé pour la France a la même couleur pour tous, et comme l’écrivait Louis Aragon, « Un rebelle est un rebelle / Nos sanglots font un seul glas ». Et notre mémoire doit être une au moment de considérer notre passé2Le communiqué du 18 juin 2023 s’achève par une double annonce finale : « tous les Résistants et otages fusillés au Mont-Valérien seront déclarés morts pour la France. Le Président de la République a en outre demandé qu’un travail historique soit mené partout dans notre pays pour que la reconnaissance de la patrie ne méconnaisse aucun de nos héros. » ».
La date du quatre-vingtième anniversaire de l’exécution de Missak Manouchian est choisie pour la panthéonisation. Sa dépouille, quittant le carré des fusillés du cimetière d’Ivry-sur-Seine, où le résistant était inhumé avec sa femme Mélinée, est portée au Panthéon ce 21 février 2024. Le discours du président de la République précède l’entrée au monument du couple de résistants. C’est l’épilogue de plus de dix ans d’avancées et de renoncements pour l’élévation de Missak Manouchian, mais aussi d’interrogations sur la figure du héros ou de l’héroïne et sur le rituel des panthéonisations « Aux grands hommes la patrie reconnaissante3Cette phrase est inscrite au fronton du monument du Panthéon. ».
Dix ans plus tôt, le 6 mars 2014, la Fondation Jean-Jaurès me sollicitait4Vincent Duclert, « 21 février 2014. Quatre résistants au Panthéon », Fondation Jean-Jaurès, 6 mars 2014. pour une analyse de l’annonce, quelques jours plus tôt, par le président de la République, du transfert dans la crypte du Panthéon, selon la formule, des cendres de quatre résistants au nazisme et au régime de Vichy, Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay. La décision, que révélèrent les médias le 19 février 2014, fut rendue publique par François Hollande dans un discours au Mont-Valérien deux jours après5Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, en hommage à la Résistance, à Suresnes le 21 février 2014, Vie-publique.fr, 21 février 2014.. J’écrivais dans cette note pour la Fondation Jean-Jaurès :
« La décision du président de la République d’honorer la mémoire de quatre résistants est d’une grande importance et revêt une forte signification. Celles-ci dépassent les intentions présidentielles pour redessiner la figure du héros civique. Les personnalités choisies pour entrer au Panthéon ne constituent pas des surprises. Leur nom circulait depuis longtemps et des appels à leur décerner cette distinction exceptionnelle étaient régulièrement lancés en lien avec la commémoration du soixantième anniversaire de la Libération de la France. »
Ces choix de personnalités résistantes appelant la reconnaissance de la patrie étaient attendus. J’y consacrais la suite de mon propos pour la Fondation Jean-Jaurès à l’analyse des quatre figures retenues pour l’élévation au Panthéon. Mais beaucoup plus inattendue fut la manière dont le résistant Missak Manouchian et l’ensemble du groupe de résistants qu’il commandait depuis 1943 (sous l’alias de « Georges »), composante des FTP-MOI6Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre ouvrière immigrée., se trouvèrent écartés de la décision du Panthéon. Cette mise à l’écart était d’autant plus surprenante que François Hollande venait de saluer dans son discours, longuement, intensément, le combat pour la France de Manouchian l’Arménien apatride et de ses camarades, juifs pour plusieurs d’entre eux, juive roumaine avec Olga Bancic, et d’autres encore, Italiens, Espagnols… Il parlait soixante-dix ans exactement, jour pour jour après leur exécution au Mont-Valérien. Au Mont-Valérien ce 21 février 2014, François Hollande exaltait leur résistance, leur patriotisme et leur sacrifice :
« Ces noms, tous ces noms, sont l’honneur de la France. Missak Manouchian est mort pour la France. Ce fils d’Arménie que le génocide de 1915 avait laissé orphelin, Missak Manouchian avait à l’époque neuf ans. Dix ans plus tard, il choisit la France, non par hasard, mais parce que c’était la patrie qui correspondait à ses rêves d’émancipation et de paix.
Missak Manouchian n’était pas le seul Arménien à avoir voulu vivre en France. Il ne fut pas non plus le seul Arménien à vouloir combattre pour la France.
En 1939, il demande à être mobilisé dans l’armée française. Lorsque la défaite, hélas, surgit, alors ses origines arméniennes, ses idées communistes faisaient de lui un suspect. Mais ce n’est pas pour cela qu’il choisit la Résistance. Il la choisit parce qu’il veut libérer la France. Il est arrêté le 16 novembre 1943, il était alors le chef militaire du groupe parisien des Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée.
Devant un tribunal – mais faut-il employer le mot de tribunal pour ce qui n’était qu’une pantomime ? Vingt-trois sont condamnés à mort. « Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant », comme le dit Aragon. Vingt-deux d’entre eux ont été fusillés au Mont-Valérien ce 21 février 1944. Le 23e était une femme. Elle sera décapitée à Stuttgart le 10 mai 1944, le jour anniversaire de ses 32 ans. Elle s’appelait Olga Bancic, elle venait de Roumanie.
Leurs noms avaient été placardés sur nos murs tout au long de la semaine du 10 au 17 février 1944 comme des accusations. La propagande nazie voulait faire de Manouchian et de ses camarades des bandits, des criminels et des comploteurs. Ce fut l’Affiche rouge. Cette affiche rouge devait faire peur. Elle en fit des héros.
Loin de susciter l’effroi, l’affiche rouge fut une promesse, un espoir, parce que ces femmes, parce que ces hommes n’étaient pas l’armée du crime comme le prétendaient les bourreaux, mais tout simplement la possibilité désormais acquise de la Libération. Ce jour-là, ce 21 février 1944, c’est dans la poitrine de ces étrangers que battait le cœur de la patrie. »
À entendre le président de la République, il ne faisait plus de doute qu’une décision allait être prise en leur faveur et en faveur de leur chef7Spartaco FONTANO, Missaly « Missak » MANOUCHIAN, Roger Joseph ROUXEL, Amédée USSEGLIO-POLATERA, Robert WITCHITZ, Georges Fernand CLOAREC, Rino Primo DELLA NEGRA, César LUCARINI, Antoine Antonio SALVADORI, Celestino ALFONSO, Joseph BOCZOR WOLF, Emeric GLASZ, Marcel Mieczyslaw RAJMAN, Thomas ELEK, Mojsze FINGERCWEIG, Jonas GEDULDIG « MARTINIUK », Wolf WAJSBROT, Lejb Léon GOLDBERG, Armenak-Arpen MANOUKAN-LAVITIANT, Salomon Wolf SZAPIRO « Willy », Szlama GRZYWACZ, Stanislas KUBACKI. Olga BANCIC, également condamnée à mort et seule femme du groupe, sera déportée, enfermée et guillotinée à Stuttgart le 10 mai 1944. Ce même jour, sont fusillés trois résistants bretons, lycéens de Saint-Brieuc. Henri GEFFROY, Léon LE CORNEC, Yves SALAÜN, condamnés à mort « pour activité de franc-tireur et participation à un meurtre ». (site : https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/lexecution-du-21-fevrier-1944-au-fort-du-mont-valerien).. Et pourtant le nom de Manouchian ne fut pas prononcé quand François Hollande annonça son choix pour la panthéonisation des résistants :
« Ce sont des exemples dont nous avons besoin encore aujourd’hui pour nous dépasser, parce que c’est le sens de l’action que nous devons engager, et nous réconcilier autour d’une même fierté, celle de porter des valeurs. C’est le sens de la cérémonie qui aura lieu pour faire entrer de nouvelles figures au Panthéon. J’ai souhaité, j’ai voulu, que ce soit l’esprit de résistance, en cet anniversaire de la Libération, qui puisse être salué pour accueillir de nouvelles personnalités qui seront autant d’exemples pour la Nation au Panthéon.
Le Panthéon, c’est le lieu où la patrie affirme sa reconnaissance à des hommes, à des femmes – très peu de femmes, deux seulement aujourd’hui – qui ont, par leur courage ou par leur génie, permis à la France d’être la France, pour la France et au-delà de la France. C’est notre génie national que de pouvoir parler bien au-delà de nos frontières, à tous les peuples qui se battent encore aujourd’hui pour affirmer leur liberté et leur aspiration à être traités comme des peuples dignes de l’être.
C’est cela le message de la France. En Europe, en Afrique, dans le monde entier. C’est ce message-là que nous continuons à exprimer à travers ces évocations, ces cérémonies, ces rituels. Aux Français pour qu’ils en aient bien conscience et au monde entier qui nous attend.
Le Panthéon ne peut pas être un mausolée. Le Panthéon, c’est un lieu de vie, un lieu d’éducation, un lieu que l’on visite ou que l’on doit visiter davantage. Un lieu de culture. Un lieu où la République s’incarne et se partage. Un lieu où chacun doit ressentir, quand il y pénètre, à la fois l’inspiration, l’émotion et l’exemple. »
Je ne l’ai pas écrit à l’époque, dans la note de la Fondation Jean-Jaurès. Mais l’absence de Manouchian dans la liste des panthéonisés de la Résistance que François Hollande annonça dans la foulée de cette exaltation saisit celles et ceux familiers de l’histoire arménienne de la France et l’engagement des Arméniens dans la Résistance. Non seulement l’action du « Groupe Manouchian » était de nature à valoir cet honneur, mais de plus une occasion était sacrifiée d’honorer ces « étrangers qui ont fait la France », pour reprendre le titre du dictionnaire qu’avait dirigé, l’année précédente, l’historien Pascal Ory8Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, sous la direction de Pascal Ory avec la collaboration de Marie-Claude Blanc-Chaléard, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2013.. Missak Manouchian y figurait bien sûr, et son nom apparaissait dès la présentation du livre pour le grand public9« Qui de plus Français que le couturier et mécène Pierre Cardin ou le premier vainqueur du Tour de France cycliste, Maurice Garin ? Sauf que l’un et l’autre sont nés Italiens. À l’inverse, combien de Français savent que le prix Nobel de littérature de l’an 2000 a été attribué à un citoyen français – naturalisé depuis trois ans –, Gao Xingjian, né à Ganzhou soixante ans plus tôt ? Ce que la plupart de nos compatriotes savent, en revanche, c’est que la renommée de la France doit beaucoup à Frédéric Chopin, Marie Curie, Pablo Picasso, Le Corbusier, Samuel Beckett ou Charles Aznavour. Et ceux qui s’intéressent au destin politique de ce pays ont sans doute remarqué, sans remonter plus haut que la Révolution française, que ladite Révolution n’aurait pas tout à fait été la même sans le modéré Necker ou le radical Marat – deux Suisses –, la IIIe République sans Gambetta ou Weygand, la Résistance sans Boris Vildé, du premier réseau, celui du Musée de l’homme, ou le groupe Manouchian et ses fusillés stigmatisés sur l’Affiche rouge « parce qu’à prononcer leurs noms sont difficiles »… ».
La saisissement ne venait pas tant de la décision du président François Hollande en faveur de nouvelles panthéonisations – il était dans son droit découlant de la lecture de la Constitution de la Ve République – que de la contradiction entre l’hommage appuyé aux FTP-MOI, au début de son discours du 21 février 2014, et la porte du Panthéon qui se fermait devant eux, au terme du discours. Manouchian demeurait au seuil des honneurs suprêmes, séparé de celles et ceux, quatre figures de la Résistance française, portés à l’intérieur du monument. J’y ai vu un renoncement à l’esprit même qui avait présidé à leur choix. Étranger en France, Manouchian ne l’était certainement pas dans la Résistance. En son sein, des solidarités s’affranchissaient des frontières. Les appartenances nationales comptaient moins et jouaient différemment. Et l’attachement pour la France de Manouchian, sa connaissance profonde de sa culture, ses engagements politiques, son combat comme « soldat régulier de l’armée française de la Libération » valaient plus qu’une naturalisation officielle.
Durant la cérémonie de panthéonisation de ses camarades de la Résistance, le 27 mai 2015, je n’ai pu m’empêcher de songer au fantôme de Manouchian errant dans les ténèbres toujours, avec pour seules lumières ces œuvres et inscriptions commémoratives présentes dans de nombreuses villes de France, « Pour Manouchian, pour les Arméniens qui ont tant donné au monde et à leur patrie d’adoption », de Marseille – avec sa statue surplombant le Vieux-Port10La statue datant de 1984 est l’œuvre de l’artiste marseillais Bernard Brandi. – à Valence, mais aussi à Paris et en région parisienne dont la fresque fameuse de Popov en hommage au Groupe Manouchian11Fresque de Popof en hommage au Groupe Manouchian, à l’angle de la rue et du passage du Surmelin. À l’initiative de la copropriété de l’immeuble, avec le soutien de la Mairie du 20e et du Conseil de Quartier Gambetta, elle a été inaugurée le 20 mars 2012 (site ahavparis.com)..
Ces ténèbres s’étaient tout de même entrouverts pour le génocide des Arméniens avec la loi française de reconnaissance de 2001. Un mois avant cette cérémonie pour Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay, François Hollande s’était particulièrement impliqué dans la commémoration du centenaire de 1915, honorant de la présence de la France la cérémonie du 24 avril 2015 à Erevan. Plus près d’aujourd’hui, un projet élyséen « de lutte contre les attaques visant la communauté arménienne et contre la négation du génocide » avait débouché sur la constitution de groupes de travail. Celui réunissant Alexandre Couyoumdjian, Vincent Duclert, Thomas Hochmann, Raymond Kévorkian et Mikaël Nichanian remettait le 3 décembre 2021 un ensemble de propositions. Son chapitre V, « Gestes diplomatiques et décisions symboliques », énonçait :
« Diplomatie : renforcement des liens entre la France, l’Arménie et le Haut-Karabagh. / Légion d’honneur : recherche dans les archives de la grande chancellerie de la Légion d’honneur d’éventuels décorés de la Légion d’honneur responsables du génocide des Arméniens, afin de proposer au président de la République de procéder au retrait solennel de ces distinctions. / Panthéonisation : transférer les cendres de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon. / Statuaire : ériger une statue de Raphael Lemkin sur le parvis des droits de l’homme du Trocadéro, là où a été adoptée, le 9 décembre 1948, la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, à l’unanimité de l’assemblée générale des Nations unies réunie à Paris. »
Dix ans après l’échec de la panthéonisation de Manouchian, de sa femme et de son groupe, le grand absent de 2014 est de retour, au terme d’avancées qui cette fois atteignent leur but. Le communiqué du 18 juin 2023 de la présidence d’Emmanuel Macron précédemment cité est suivi de l’annonce de la date de la cérémonie fixée au 21 février 2024. La panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian succède à celle de Joséphine Baker entrée au Panthéon le 30 novembre 2021. Son destin célébré rapprochait déjà la thématique de la Résistance des étrangers longtemps méconnue.
Si le succès pour Manouchian a résulté du soutien rapidement acquis d’Emmanuel Macron – ce dernier prouvant là, comme par exemple sur le dossier de la France au Rwanda durant le génocide des Tutsis, qu’il n’était pas tenu aux principes de prudence de son prédécesseur –, elle a procédé aussi d’engagements de terrain. Ceux-ci ont, de toute évidence, accompagné le chef de l’État dans sa décision. Ces engagements sont eux aussi décisifs. Ils associent une large galaxie d’acteurs, à commencer par la proche famille représentée par la petite-nièce de Missak et Mélinée Manouchian, Katia Guiragossian, et celle plus élargie des Arméniens de France avec leurs centres patrimoniaux de Marseille à Valence et Décines-Charpieu et leur institution représentative du CCAF (Conseil de coordination des organisations arméniennes de France). Ce dernier organise chaque année un dîner annuel auquel est souvent présent Emmanuel Macron.
L’ancrage local est particulièrement important, avec l’engagement de la ville de Valence, de son maire Nicolas Daragon (LR) et de son conseil municipal qui se mobilisent autour de l’initiative première, celle des deux associations Unité laïque et Laïcité et République sociale que rejoint la section vaudaise du Mouvement arménien. Les deux présidents, respectivement Jean-Pierre Sakoun12Voir de Jean-Pierre Sakoun sa préface à l’enquête graphique Missak Manouchian – Une vie héroïque, par Didier Daeninckx et Mako, dossier historique de Denis Peschanski, Paris, Les Arènes BD, 2024. et Adrien Vahakn Sage13Adrien Vahakn Sage est aussi délégué général de la section vaudaise du Mouvement arménien., analysent les raisons des échecs passés du projet de panthéonisation et s’appliquent à expliciter leur démarche. Un site internet présente la démarche :
« Unité laïque […] défend les principes républicains et l’idéal d’universalisme, qui nous rappellent que l’on est Français non par le sang reçu, mais par choix et engagement. La conduite héroïque de Missak Manouchian et son attachement aux idéaux que défend Unité laïque illustrent ce combat jusqu’au sacrifice. Laïcité et République sociale et la Section vaudaise du Mouvement arménien s’associent pleinement à cette démarche pour populariser le projet d’entrée au Panthéon de Missak Manouchian fondé sur les valeurs universalistes laïques de la République française. »
Un horizon est fixé, celui du 21 février 2024. Il y a quatre-vingts ans étaient fusillés Manouchian et ses compagnons14Il existe une photographie de Clemens Rüther, sous-officier de la Feldgendarmerie, catholique et antinazi, de l’exécution de trois des membres du Groupe Manouchian (selon Serge Klarsfeld, les condamnés photographiés seraient Celestino Alfonso, Wolf Josef Boczor, Emeric Glasz et Marcel Rajman. Voir le site de la Fondation de la Résistance., avec un traitement de l’événement par l’occupant nazi qu’on qualifierait aujourd’hui de manipulation médiatique afin de dénier toute qualité patriotique à leur combat et les transformer en d’effrayants « terroristes ». C’est l’objectif des photographies15Voir le film de Hugues Nancy, coécrit avec Denis Peschanski, « Manouchian et ceux de l’Affiche rouge » (diffusion, mardi 20 février 2024, 21h10 sur France 2). prises par la propagande allemande de membres du Groupe Manouchian dans la prison de Fresnes, là où ils subissent interrogatoires poussés, séances de torture et menaces sur leurs proches, et plus encore avec l’opération de l’« Affiche rouge » stigmatisant « l’armée du crime ». Par la seule force de son verbe poétique et la manière dont son poème se répand, Louis Aragon déjoue alors le plan nazi et magnifie la geste des FTP-MOI16Strophes pour se souvenir, Louis Aragon, 1955..
Les associations s’organisent depuis Valence, l’une des villes phare de la France arménienne. La cité drômoise devient le centre de la mobilisation pour le Panthéon. Un appel collectif est lancé afin de fédérer toutes les bonnes volontés et susciter un réseau d’influence, de l’académicien Pascal Ory à l’artiste plasticien Ernest Pignon-Ernest, du sénateur communiste Pierre Ouzoulias à Claudine Tiercelin, professeure au Collège de France. Le texte et les signatures inaugurales sont publiés dans le quotidien Libération le 13 janvier 2022 sous le chapô : « Après Joséphine Baker, Missak Manouchian a sa place au Panthéon ». Une autre pétition, à l’initiative de l’historienne Annette Wieviorka17Voir aussi d’Annette Wieviorka, Anatomie de l’affiche rouge, Paris, Seuil, coll. « Libelle », 2024., demande à la suite de la première l’entrée au Panthéon de tous les membres du Groupe Manouchian, les « vingt-trois, tous ensemble18Collectif, « Missak Manouchian doit entrer au Panthéon avec tous ses camarades », Le Monde, 23 novembre 2023. ». Le projet de panthéonisation n’est pas exempt de controverses voire de réécriture de l’histoire que l’historien Sylvain Boulouque pointe dans deux tribunes publiées sur le site de Slate19« Stanislas Kubacki, l’intrus de l’Affiche rouge », Slate, 17 février 2024 ; « Entrée des Manouchian au Panthéon: une «Missak mania» pas entièrement unanime », Slate, 19 février 2024.. Sylvain Boulouque publie aussi dans L’Express une déconstruction de la figure du résistant Manouchian que contredisent toutefois les travaux de Denis Peschanski20« Manouchian : comme beaucoup d’autres, le résistant était passé aux aveux, par Sylvain Boulouque », L’Express, 15 février 2024..
Des manifestations populaires sont programmées par les associations afin de susciter une adhésion publique au projet de panthéonisation et de mobiliser autour de lui une géographie des territoires. Ainsi la rencontre du 4 mars 2023 à Vaulx-en-Velin sur le thème « Vers l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian » fait-elle se succéder, aux conférences des présidents d’association, des « prestations culturelles avec de la musique traditionnelle arménienne [représentée] par des morceaux de duduk, instrument de cette musique traditionnelle, et par les chants des émigrés arméniens persécutés. À l’issue de la conférence, une gerbe sera déposée sur la stèle toute proche érigée en l’honneur de Missak Manouchian »21Conférence: « Vers l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian » à Vaulx-en-Velin, Arménie Info TV, 26 février 2023.. À Valence, le résistant est mis à l’honneur toute l’année 2024, le point d’orgue devant être la cérémonie du Panthéon retransmise au théâtre de la ville.
Denis Peschanski, historien de la Résistance, directeur de recherche au CNRS, co-auteur du livre Le sang de l’étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance22Avec Stéphane Courtois et Adam Rayski, Paris, Fayard, 1989., accepte de devenir conseiller historique du comité pour la panthéonisation de Missak Manouchian. Des recherches, des éditions sont lancées, débouchant sur des publications dont le rythme s’accélère à l’approche de la décision du président de la République23Claude Collin, Les Etrangers de la MOI dans la Résistance, Paris, Les Indes savantes/La Boutique de l’histoire, 2021 ; Astrig Atamian, Claire Mouradian, Denis Peschanki, Missak et Mélinée Manouchian, deux orphelins du génocide des Arméniens engagés dans la Résistance française, Paris, Textuel, 2023 ; Dimitri Manessis et Jean Vigreux, Avec tous tes frères étrangers, Paris, Libertalia, 2024. Voir également Mélinée Manouchian, Manouchian. Témoignage suivi de poèmes, lettres et documents inédits, préface de Katia Guiragossian, Marseille, Parenthèses, coll. « Diasporales », 2023, et Missak Manouchian, Ivre d’un grand rêve de liberté, édition bilingue, traduction de Stéphane Cermakian, préface de Didier Daeninckx et d’André Manoukian, Paris, Seuil, coll. « Points Poésie», 2024.. Celle-ci devient rapidement certaine. Dès le mois de mars 2022, et répondant en quelque sorte à l’appel initial du 13 janvier précédent, Emmanuel Macron fait savoir qu’une telle panthéonisation « a beaucoup de sens ».
Le 16 juin 2023 se tient à l’Élysée une rencontre décisive. Autour du chef de l’État et de son conseiller mémoire, Bruno Roger-Petit, sont réunis les principaux porteurs du projet. Les dispositions les plus importantes de la panthéonisation de Manouchian, annoncée deux jours après pour le 21 février 2024, sont alors arrêtées. Elle va associer, outre ses compagnons FPT-MOI, sa femme Mélinée accédant au Panthéon – non comme « femme de » mais en tant que résistante elle aussi. Cette double perspective élargissant le sens de l’hommage à Manouchian est concomitante de la décision présidentielle de le porter au Panthéon. Une nouvelle rencontre, cette fois dans la crypte du Panthéon, décide en décembre 2023 du choix du caveau accueillant les cercueils de Missak et Mélinée Manouchian, avec le nom gravé des vingt-trois FPT-MOI. En face, initialement se trouve celui d’André Malraux, le résistant devenu ministre du général de Gaulle, qui a prononcé le discours de panthéonisation de Jean Moulin.
Une panthéonisation comme celle de Missak et Mélinée Manouchian accompagnés ce 21 février 2024 de leurs vingt-trois camarades est pleine d’enseignements, avec leur entrée au Panthéon et la cérémonie qui y préside, mais également dans l’étude du mouvement qui y mène. On est conduit à considérer le temps long comme son accélération soudaine, à s’attacher aux commémorations et aux anniversaires des dates symboliques, aux discours et aux appels, aux paroles présidentielles comme aux expressions de la société. Sans panthéonisation comprise comme un processus, il n’y a pas de panthéonisation entendue comme l’acte et le moment du transfert des cendres matérielles ou symboliques d’une femme, ou d’un homme, ou d’un groupe (Les Justes le 18 janvier 2007 sous la présidence de Jacques Chirac, le Groupe Manouchian aujourd’hui).
L’étude de la panthéonisation de Manouchian dans son sens premier, en attendant celle du sens second, est à ce titre très riche en analyses. Au-delà des controverses et même de vives polémiques – inévitables tant les passions identitaires semblent tout emporter sur leur chemin –, on observe une forme de syncrétisme présent autour de « Manouchian » – nous le comprenons ici dans sa grande extension, réunissant sous ce vocable Missak, Mélinée et les vingt-trois camarades du Groupe morts avec lui.
Se rassemblent avec Manouchian la France des immigrés et celle qui ne l’était pas, les antifascistes espagnols et italiens avec les antinazis arméniens et juifs, les communistes et les libertaires, les ouvriers et les militants, l’universel et la nation, l’internationalisme et la patrie, l’Europe et l’Orient, l’exil et l’enracinement, un couple intime et un réseau politique, et désormais la gauche et la droite avec la tentative idéologique, et très a-historique, de l’extrême-droite de capter l’héritage de la Résistance, qui plus est des étrangers.
Ce syncrétisme présent est né de la longue marche vers le Panthéon. Il ne dissout nullement les différences et ne verse pas dans le sacré. La panthéonisation de Manouchian n’est pas sans rappeler celle de Jaurès le 23 novembre 1924, même si cette dernière fut bien plus mouvementée, précédée de vifs affrontements politiques et même dédoublée avec le cortège concurrent du Parti communiste. Mais l’image et le souvenir de la procession des mineurs de Carmaux, portant l’immense catafalque où reposait Jaurès, remontant la rue Soufflot dans la brume d’un jour de fin d’automne, eurent raison de la désunion. Si décisifs, les mineurs de Carmaux veillent depuis Jaurès au Panthéon, défenseur des Arméniens24Jean Jaurès, Il faut sauver les Arméniens, édition par Vincent Duclert, Paris, Mille et une nuits, 2006 rééd. 2015.. Comme Manouchian aujourd’hui veillé par les siens, les Arméniens rescapés du génocide et tous ceux qui ne sont pas revenus, les résistants FTP de la Main-d’œuvre immigrée, la France résistante, toutes et tous, ensemble, faisant leur entrée au Panthéon, avec lui, avec elle.
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Abonnez-vous- 1Dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme Mélinée le 21 février 1944 à la prison de Fresnes, quelques heures avant qu’il soit fusillé à la forteresse du Mont-Valérien.
- 2Le communiqué du 18 juin 2023 s’achève par une double annonce finale : « tous les Résistants et otages fusillés au Mont-Valérien seront déclarés morts pour la France. Le Président de la République a en outre demandé qu’un travail historique soit mené partout dans notre pays pour que la reconnaissance de la patrie ne méconnaisse aucun de nos héros. »
- 3Cette phrase est inscrite au fronton du monument du Panthéon.
- 4Vincent Duclert, « 21 février 2014. Quatre résistants au Panthéon », Fondation Jean-Jaurès, 6 mars 2014.
- 5Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, en hommage à la Résistance, à Suresnes le 21 février 2014, Vie-publique.fr, 21 février 2014.
- 6Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre ouvrière immigrée.
- 7Spartaco FONTANO, Missaly « Missak » MANOUCHIAN, Roger Joseph ROUXEL, Amédée USSEGLIO-POLATERA, Robert WITCHITZ, Georges Fernand CLOAREC, Rino Primo DELLA NEGRA, César LUCARINI, Antoine Antonio SALVADORI, Celestino ALFONSO, Joseph BOCZOR WOLF, Emeric GLASZ, Marcel Mieczyslaw RAJMAN, Thomas ELEK, Mojsze FINGERCWEIG, Jonas GEDULDIG « MARTINIUK », Wolf WAJSBROT, Lejb Léon GOLDBERG, Armenak-Arpen MANOUKAN-LAVITIANT, Salomon Wolf SZAPIRO « Willy », Szlama GRZYWACZ, Stanislas KUBACKI. Olga BANCIC, également condamnée à mort et seule femme du groupe, sera déportée, enfermée et guillotinée à Stuttgart le 10 mai 1944. Ce même jour, sont fusillés trois résistants bretons, lycéens de Saint-Brieuc. Henri GEFFROY, Léon LE CORNEC, Yves SALAÜN, condamnés à mort « pour activité de franc-tireur et participation à un meurtre ». (site : https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/lexecution-du-21-fevrier-1944-au-fort-du-mont-valerien).
- 8Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, sous la direction de Pascal Ory avec la collaboration de Marie-Claude Blanc-Chaléard, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2013.
- 9« Qui de plus Français que le couturier et mécène Pierre Cardin ou le premier vainqueur du Tour de France cycliste, Maurice Garin ? Sauf que l’un et l’autre sont nés Italiens. À l’inverse, combien de Français savent que le prix Nobel de littérature de l’an 2000 a été attribué à un citoyen français – naturalisé depuis trois ans –, Gao Xingjian, né à Ganzhou soixante ans plus tôt ? Ce que la plupart de nos compatriotes savent, en revanche, c’est que la renommée de la France doit beaucoup à Frédéric Chopin, Marie Curie, Pablo Picasso, Le Corbusier, Samuel Beckett ou Charles Aznavour. Et ceux qui s’intéressent au destin politique de ce pays ont sans doute remarqué, sans remonter plus haut que la Révolution française, que ladite Révolution n’aurait pas tout à fait été la même sans le modéré Necker ou le radical Marat – deux Suisses –, la IIIe République sans Gambetta ou Weygand, la Résistance sans Boris Vildé, du premier réseau, celui du Musée de l’homme, ou le groupe Manouchian et ses fusillés stigmatisés sur l’Affiche rouge « parce qu’à prononcer leurs noms sont difficiles »… »
- 10La statue datant de 1984 est l’œuvre de l’artiste marseillais Bernard Brandi.
- 11Fresque de Popof en hommage au Groupe Manouchian, à l’angle de la rue et du passage du Surmelin. À l’initiative de la copropriété de l’immeuble, avec le soutien de la Mairie du 20e et du Conseil de Quartier Gambetta, elle a été inaugurée le 20 mars 2012 (site ahavparis.com).
- 12Voir de Jean-Pierre Sakoun sa préface à l’enquête graphique Missak Manouchian – Une vie héroïque, par Didier Daeninckx et Mako, dossier historique de Denis Peschanski, Paris, Les Arènes BD, 2024.
- 13Adrien Vahakn Sage est aussi délégué général de la section vaudaise du Mouvement arménien.
- 14Il existe une photographie de Clemens Rüther, sous-officier de la Feldgendarmerie, catholique et antinazi, de l’exécution de trois des membres du Groupe Manouchian (selon Serge Klarsfeld, les condamnés photographiés seraient Celestino Alfonso, Wolf Josef Boczor, Emeric Glasz et Marcel Rajman. Voir le site de la Fondation de la Résistance.
- 15Voir le film de Hugues Nancy, coécrit avec Denis Peschanski, « Manouchian et ceux de l’Affiche rouge » (diffusion, mardi 20 février 2024, 21h10 sur France 2).
- 16Strophes pour se souvenir, Louis Aragon, 1955.
- 17Voir aussi d’Annette Wieviorka, Anatomie de l’affiche rouge, Paris, Seuil, coll. « Libelle », 2024.
- 18Collectif, « Missak Manouchian doit entrer au Panthéon avec tous ses camarades », Le Monde, 23 novembre 2023.
- 19« Stanislas Kubacki, l’intrus de l’Affiche rouge », Slate, 17 février 2024 ; « Entrée des Manouchian au Panthéon: une «Missak mania» pas entièrement unanime », Slate, 19 février 2024.
- 20« Manouchian : comme beaucoup d’autres, le résistant était passé aux aveux, par Sylvain Boulouque », L’Express, 15 février 2024.
- 21Conférence: « Vers l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian » à Vaulx-en-Velin, Arménie Info TV, 26 février 2023.
- 22Avec Stéphane Courtois et Adam Rayski, Paris, Fayard, 1989.
- 23Claude Collin, Les Etrangers de la MOI dans la Résistance, Paris, Les Indes savantes/La Boutique de l’histoire, 2021 ; Astrig Atamian, Claire Mouradian, Denis Peschanki, Missak et Mélinée Manouchian, deux orphelins du génocide des Arméniens engagés dans la Résistance française, Paris, Textuel, 2023 ; Dimitri Manessis et Jean Vigreux, Avec tous tes frères étrangers, Paris, Libertalia, 2024. Voir également Mélinée Manouchian, Manouchian. Témoignage suivi de poèmes, lettres et documents inédits, préface de Katia Guiragossian, Marseille, Parenthèses, coll. « Diasporales », 2023, et Missak Manouchian, Ivre d’un grand rêve de liberté, édition bilingue, traduction de Stéphane Cermakian, préface de Didier Daeninckx et d’André Manoukian, Paris, Seuil, coll. « Points Poésie», 2024.
- 24Jean Jaurès, Il faut sauver les Arméniens, édition par Vincent Duclert, Paris, Mille et une nuits, 2006 rééd. 2015.