Mariage pour tous : la violence d’une conquête

Alors qu’elle irriguait le débat public depuis le début des années 2000, la question de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe a trouvé son aboutissement dans une loi promulguée le 17 mai 2013. Cette période a engendré une forte recrudescence des actes de haine anti-LGBT, des violences, des injures et des discriminations. Dix ans après, Arnaud Alessandrin, Flora Bolter et Denis Quinqueton ont recueilli les souvenirs des acteurs et témoins de cette incroyable échauffourée médiatico-politique de l’hiver 2012-2013, afin de cerner les marques plus ou moins durables de ce temps de bruit et de fureur contre une partie des citoyens de ce pays.

Le débat autour du mariage pour tous a irrigué le débat public depuis le début des années 2000, juste après l’adoption du pacte civil de solidarité. Le mariage de Bègles, le 5 juin 2004, a accéléré son inscription à l’agenda politique. Les forces politiques progressistes ont peu à peu intégré ce projet de réforme à leur programme tandis que les forces conservatrices hésitaient à le combattre frontalement, cherchant des dérivatifs dans des projets euphémisants comme une « union civile » aux contours demeurés flous. Le débat s’est finalement cristallisé dans les derniers mois de 2012 et les premiers mois de 2013 autour du travail du parlement sur le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe présenté par le gouvernement Ayrault le 7 novembre 2012.

Instant politique violent, il a vu surgir une parole haineuse débridée complaisamment relayée dans les médias de masse au nom du « débat contradictoire » et un mouvement nébuleux, dans son organisation et son financement, « La manif pour tous ». Cette période a engendré une forte recrudescence des actes de haine anti-LGBT, violences, injures, discriminations. Dix ans après, et alors que l’existence même de cette disposition légale ne fait plus débat, que bon nombre de responsables politiques qui s’y sont opposé avec virulence cherchent à faire oublier leurs positions d’hier, les auteurs ont voulu recueillir les souvenirs de ce temps politique.

Recueillir les souvenirs d’actrices et d’acteurs du mouvement social engagé en faveur de cette réforme. Recueillir les souvenirs des témoins de cet incroyable échauffourée médiatico-politique de l’hiver 2012-2013. Pour constituer cette mémoire, ils se sont appuyés sur l’enquête qualitative et quantitative menée par les étudiantes et les étudiants de l’Institut régional de travail social, sur celle menée par le Centre d’études et de formations ainsi que par un recueil de contributions d’actrices et d’acteurs du mouvement social et de responsables politiques.

Les auteurs :

  • Arnaud Alessandrin est sociologue à l’université de Bordeaux, spécialiste de sociologie du genre et des discriminations ;
  • Flora Bolter est politiste, codirectrice de l’Observatoire LGBTI+ de la Fondation Jean-Jaurès ;
  • Denis Quinqueton est militant LGBTI+, codirecteur de l’Observatoire LGBTI+ de la Fondation Jean-Jaurès.

Avec les contributions de : Fred Bladou, Patrick Bloche, Gauthier Caron-Thibault, Johanna Dagorn, Philippe Devaux, Xavier Héraud, Cy Jung, Michael Stambolis-Ruhstorfe, Jean-Christophe Testu et Irène Théry.


Pour commander ce livre directement auprès de la Fondation Jean-Jaurès, contactez l’accueil par téléphone au 01 40 23 24 00 ou envoyez un mail à boutique@jean-jaures.org

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