« Maison de l’histoire de France ». Enquête critique

Le 12 septembre 2010, Nicolas Sarkozy annonce sa volonté de créer une « Maison de l’histoire de France ». Dès lors le projet avance à marche forcée, soutenu par une forte communication et étouffant les controverses légitimes. Les auteurs de cette enquête critique en livrent une analyse minutieuse.

Envisagée dès le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, la décision officielle de créer la « Maison de l’histoire de France » et de l’installer dans le périmètre des Archives nationales à Paris (hôtels de Soubise et de Rohan) a été annoncée le 12 septembre 2010 par le président de la République. Nicolas Sarkozy a fait de ce projet une des ambitions phares de sa présidence. Des moyens importants – voire très importants en période de repli des finances publiques – ont été alloués à la « Maison de l’histoire de France ». De l’Elysée à la rue de Valois au ministère de la Culture, une priorité politique et administrative s’est dégagée. Une communication de forte intensité a dominé les débats et a étouffé les controverses légitimes. Présenté comme évident, nécessaire et naturel, ce projet de contenu très critiquable a été imposé sans discussion à la communauté nationale et aux sociétés étrangères qui s’interrogent sur la France. 
Rendue nécessaire par l’état du dossier de « Maison de l’histoire de France » et l’absence de document de référence sur le sujet, comme par les méthodes d’instruction de ce projet public et l’impuissance du Comité d’orientation scientifique censé en garantir la qualité, cette « enquête critique » l’est à double titre. Elle repose effectivement sur la méthode critique des sciences sociales – et de l’histoire notamment – que mobilisent les deux auteurs pour la connaissance et la compréhension du projet. Mais leur enquête est critique aussi parce qu’elle établit une réalité inquiétante, problématique, celle d’une opération idéologique, superficielle, autoritaire à de nombreux titres. Cette conclusion mais aussi les moyens pour y parvenir sont portés à la connaissance de tous. A situation critique méthode critique. Il s’agit d’engager un processus permettant de rétablir de la connaissance et de la raison dans un dossier dominé par les affects et les egos, les procédés de communication et la propagande politique, le refus du dialogue et la fuite en avant. Il n’est pas tolérable qu’à l’heure actuelle l’information et la décision soient confisquées par un groupe partisan. 
En rédigeant cette enquête critique, fruit d’un minutieux travail d’étude et d’analyse du projet de la « Maison de l’histoire de France » mais aussi des contextes généralement niés par les responsables, ses auteurs obéissent à un devoir professionnel et moral, celui de restituer l’horizon des savoirs à l’esprit public et à l’action politique. Cette étude critique démontre comment une idée juste, et nécessaire depuis la mort programmée du Musée de l’histoire de France aux Archives nationales, a été le prétexte d’une opération politique au service d’ambitions partisanes. L’histoire et les historiens ont été instrumentalisés, l’Etat et ses institutions détournés, l’opinion publique abusée. La raison et l’idéal exigent de mettre fin à ce projet dangereux, menaçant même pour ce qu’il s’est donné comme mission de transmettre, l’histoire de France, et de reprendre le fil d’une large réflexion sur les grands projets intellectuels que la France, ouverte à l’Europe et au monde, est capable de porter.

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