Les origines ésotériques de Mein Kampf : mythes et réalités

Au moment de la journée internationale consacrée à la mémoire des victimes de la Shoah, Stéphane François, membre de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation, revient sur les origines ésotériques de Mein Kampf.

La question de l’influence de la Société Thulé sur le parti national-socialiste est un vieux serpent de mer, apparaissant régulièrement dans une littérature pseudo-scientifique, associé au mythe de l’« occultisme nazi » et dont la popularité n’a jamais diminué depuis la parution en 1960 du Matin des magiciens de Jacques Bergier et de Louis Pauwels. Largement étudiée dans le monde anglophone et germanophone, elle a peu été vulgarisée en France. Comme nous le verrons dans un premier temps, ces travaux montrent une réalité beaucoup moins passionnante que le mythe né de ce livre. Une fois cette mise au point effectuée, nous montrerons qu’un homme, Dietrich Eckart, membre de la Société Thulé, a joué un rôle réel et important dans la naissance et l’essor du parti national-socialiste. Pour autant, nous nous demanderons s’il a influencé l’écriture de Mein Kampf. Dès lors, une question s’impose : pourquoi ce mythe est-il devenu aussi tenace ? Pourquoi s’est-il greffé dans la mémoire populaire ?

La Société Thulé

La Société Thulé ou Thule-Gesellschaft n’était pas, contrairement à ce qui est diffusé par une certaine littérature, une société secrète aux pouvoirs étendus qui avait pour objectif la création d’une nouvelle Allemagne, païenne et aryenne, mais seulement un groupuscule politico-culturel d’extrême droite de Munich, fondé en novembre 1918 par Rudolf von Sebottendorff (pseudonyme d’Adam Alfred Rudolf Glauer 1875-?). Ce dernier, aventurier et franc-maçon, aurait été adopté par le baron Heinrich von Sebottendorff. En 1911, il prit la nationalité turque. Militant nationaliste, il évoluait dans la faune nationaliste et raciste de la défaite du IIe Reich.

La Thulé professait une idéologie raciste, nationaliste, anticommuniste, antirépublicaine et antisémite. Elle était l’émanation bavaroise, la loge munichoise, d’une autre structure plus importante, du même type, l’Ordre germanique racial (Völkischer Germanenorden), fondée à Berlin en 1912, lui-même issu du Reichshammerbund, fondé également en 1912 par le vieux militant raciste Theodor Fritsch, qui cherchait à unifier la mouvance völkische. Ses membres ont été estimés à 250. Elle organisait des conférences sur la politique et l’ésotérisme racial. Il ne s’agissait donc en rien d’un groupe occulte, mais simplement de l’une de ces innombrables sociétés racistes qui se multiplièrent en Allemagne après la défaite : elle participa d’ailleurs à l’agitation nationaliste et pris une part active à des complots cherchant à renverser la République des Conseils de Munich, en particulier en 1919. Cette année-là, une vingtaine de membres furent arrêtés et sept furent exécutés avant la chute de cette République. Ensuite, elle redevint l’une des multiples structures völkischen de cette période et déclina. Sebottendorff quitta la Bavière en 1919, séjourna en Suisse, puis retourna en Turquie. À partir de ce moment, il ne joua plus aucun rôle politique et sa vie fut partagée entre l’écriture de textes occultistes et astrologiques et des voyages, notamment aux États-Unis et en Amérique centrale. Il tenta de revenir en Allemagne en 1933 après le succès électoral des nazis, mais il fut expulsé vers la Turquie en 1934. Une légende tenace affirme qu’il se jeta dans le Bosphore en apprenant la défaite de l’Allemagne nazie. Il n’en est rien : il fut retourné par les services britanniques et vécut en Égypte jusqu’à sa mort dans les années 1950.

L’autre question récurrente porte sur le rôle de la Société Thulé dans la naissance du nazisme. Ce point est peu sûr. Ainsi, il est loin d’être avéré qu’Hitler fréquenta la Société Thulé et, s’il le fit, elle aurait eu pour lui une importance anecdotique. Il suffit, pour s’en convaincre, de chercher le nombre d’occurrences à cette société dans les travaux universitaires sur les origines du national-socialisme et sur la genèse de Mein Kampf. En outre, si la Société Thulé n’avait pas existé, Hitler se serait acoquiné avec d’autres structures ou militants de la mouvance nationaliste munichoise, et cela n’eût pas changé grand-chose au cours de l’histoire. En outre, les différentes listes de nazis ayant fréquenté ou qui furent membres de la Société Thulé sont peu fiables et contradictoires. Selon Ian Kershaw, Gottfried Feder, Karl Harrer, Hans Frank, Rudolf Hess et Alfred Rosenberg étaient des membres de la Société Thulé. L’historien n’hésite pas, d’ailleurs, à considérer que la liste des membres de la Société Thulé « se lit comme un Who’s Who des premiers sympathisants et personnalités nazis de Munich ». On y trouve également des cadres moins importants comme Karl Fiehler, futur maire de Munich, ou les députés Hans Bunge et Otto Engelbrecht. Il est également important de rappeler que le journal du parti nazi, le Völkischer Beobachter, un journal qui existait depuis 1887 sous le nom de Münchener Beobachter, fut acheté par la Société Thulé et revendu ensuite au Deutsch Arbeit Partei (DAP ou « parti des travailleurs allemands »), l’ancêtre du parti nazi, fondé en 1919 par Anton Drexler, et issu du Politischer Arbeiterzirkel (Cercle politique des travailleurs) créé l’année précédente par Karl Harrer et Anton Drexler, également patronné par la Société. Les bureaux de ce journal se trouvèrent, dans un premier temps, au siège de la Société Thulé. Les liens étaient donc assez distendus. Un homme fit le lien entre la Société Thulé et le parti national-socialiste naissant : Dietrich Eckart.

Dietrich Eckart

Dietrich Eckart est né en 1868 et est en 1923. Il fut un journaliste, un traducteur et un écrivain, mais aussi alcoolique et morphinomane. Fils d’un notaire, il perdit rapidement sa mère puis son père, qui lui légua une fortune qu’il dilapida. Il commença des études de médecine, qu’il abandonna pour la littérature et le journalisme. Sa carrière ne décolla pas et, rapidement, il se mit à accuser les Juifs de son échec. D’auteur néoromantique, il bascula à l’orée du XXe siècle dans l’antisémitisme et devint alors une figure de la mouvance völkische. Après la Première Guerre mondiale, il était devenu un militant nationaliste important de Munich. Pour certains auteurs, il aurait été l’idéologue de la Société Thulé.

Entre 1918 et 1920, il fonde et devient l’éditeur du journal antisémite très virulent Auf gut Deutsch, auquel collaborent Alfred Rosenberg et Gottfried Feder. Nationaliste et membre de la Société Thulé, il s’oppose au Traité de Versailles et à la République de Weimar. En 1919, il participe avec Gottfried Feder et Anton Drexler à la fondation du Deutsche Arbeiter Partei (Parti ouvrier allemand), ancêtre du parti national-socialiste et structure satellite de la Société Thulé. C’est dans le cadre du DAP qu’Eckart, alors âgé de 53 ans, rencontre cette même année un caporal déclassé, Adolf Hitler. Le 9 novembre 1923, Eckart est impliqué dans le « Putsch de la brasserie ». Il est arrêté et emprisonné à la forteresse de Landsberg avec Hitler et d’autres officiels du parti, mais relâché peu après pour des raisons de santé. Il décède le 26 décembre 1923 des conséquences de ses addictions. À sa mort, Alfred Rosenberg prit la direction du journal.

Dietrich Eckart, avec son éducation universitaire, joua un rôle important dans la formation intellectuelle et politique d’Adolf Hitler, une influence que le futur Führer lui reconnut : il remercia Eckart dans le second tome de Mein Kampf. Pour Hitler, Eckart fut à la fois un « ami paternel », un « professeur » et un « père spirituel ». Ainsi transmit-il à Hitler son idéalisme philosophique et son mysticisme antisémite : selon lui, les juifs auraient joué un rôle important et néfaste dans l’histoire du monde. Cette idée fut largement reprise par les nazis. Son antisémitisme mystique fut développé dans un essai intitulé Das Judentum in und Außer Uns, paru en sept livraisons dans son journal entre janvier et avril 1919. Selon Eckart, les Juifs refuseraient l’immortalité de l’âme et limiteraient de ce fait leurs pensées au matérialisme et à l’existence terrestre, cherchant à dé-spiritualiser le monde. Le judaïsme serait un mal nécessaire, un contrepoids à l’idéalisme gnostique des Aryens. Il développa en outre un racisme manichéen – Dieu vs Satan, Bien vs Mal, Aryens vs Juifs – qui fut également largement repris par les nazis. Son racisme spirituel influença l’article 24 du programme intangible du parti nazi.

Cette action néfaste du judaïsme se manifesterait selon lui au travers de l’idée d’un complot judéo-maçonnique mondial. Cette thèse fut également développée dans Le Bolchevisme de Moïse à Lénine. Dialogue entre Hitler et moi, paru de façon posthume en 1924 et qui reprit le catéchisme antisémite classique de la Russie de la fin du XIXe siècle. Enfin, Eckart condamna le métissage, vu comme un « mélange des sangs ». Hitler lui reprit l’idée de la volonté juive de dominer le monde, mais, en la radicalisant, en affirmant que leur but final est sa destruction. Eckart a donc créé une image du monde, une weltanchauung, pour Hitler. Selon Nicholas Goodrick-Clarke, Eckart et Hitler aurait discuté des aspects antisémite, anticapitaliste et nationaliste du programme nazi. Eckart aurait également conseillé à Hitler d’insister sur une forme radicale d’antisémitisme.

De fait, Eckart voyait dans Hitler le Sauveur, le nouveau messie « tant attendu ». En effet, il attendait l’arrivée d’un Sauveur, un thème dispersé dans son œuvre, notamment dans sa réécriture völkische de Lorenzaccio. Pour cela, il a soutenu l’évolution d’Hitler et a mis en avant ses qualités de tribun. Il en a fait sa publicité, lançant le culte du Führer et le discours mystique autour d’Hitler, concevant dès l’origine le nazisme comme une religion politique.

Dietrich Eckart a joué un rôle important dans les premières années du parti nazi, par son entregent avec les milieux munichois et berlinois –il trouva des soutiens dans la bourgeoisie munichoise et dans l’armée, par son rôle d’intellectuel, par son expertise éditoriale et enfin par son financement : les cotisations ne suffisant pas. Ainsi, en décembre 1919, il finança sur ses fonds propres l’achat du Völkischer Beobachter sur la demande d’Hitler : « Il hypothéqua lui-même ses biens pour cautionner un prêt de 60 000 Marks de la Reichswehr ». Il en devint le rédacteur en chef en 1921, transformant le journal, lui donnant un aspect plus violent, plus agressif. Il eut aussi une influence forte sur Alfred Rosenberg et sur Joseph Goebbels. Cette influence se vit par la publication, en 1928 de l’anthologie Vermächtnis, introduite par Rosenberg. Malgré cette influence et ce rôle important, les rapports entre Hitler et Eckart se distendirent à la fin de la vie de ce dernier : « Eckart n’était plus aussi utile à Hitler et il osait critiquer la “mégalomanie et le néronisme” pointant chez le Führer ».

L’écriture de Mein Kampf

Plus que la Société Thulé, c’est donc Dietrich Eckart qui joua un rôle dans la genèse du national-socialisme. Qu’en est-il de l’écriture de Mein Kampf ? Nous savons qu’Eckart décéda avant l’écriture de ce livre, mais que certains membres de la Société Thulé se retrouvèrent dans le parti nazi naissant. Joua-t-elle un rôle dans sa rédaction ? Cette question sera vite close, car en 1923, elle était moribonde.

Écrit durant l’emprisonnement d’Hitler à Landsberg après l’échec du putsch de novembre 1923, Mein Kampf est un objet hybride qui relève à la fois du registre de l’autobiographie et de l’essai politique, exposant assez bien l’idéologie nazie : bellicisme, racisme, antisémitisme, totalitarisme, darwinisme-social, eugénisme, etc. ainsi que la weltanschauung et la géopolitique d’Hitler, sous l’influence de Dietrich Eckart. Stylistiquement, il s’agit également d’un ouvrage hybride sans cohérence, marqué par l’oralité et sans qualité littéraire. En outre, Hitler, étant un autodidacte ayant une grande mémoire, paraphrasait ses sources, parfois de façon imprécise.

Le premier jet du manuscrit, jugé médiocre par ses relecteurs (dont Rudolf Hess et Bernhardt Staempfle) fut réécrit plusieurs fois, en fait jusqu’en 1939. Hitler doit donc être vu comme son unique auteur. Nous trouvons dans ce livre les grands thèmes de l’extrême droite de l’époque : le suprémacisme aryen, le darwinisme racial, la nostalgie d’un âge d’or, la peur du métissage et la dégénérescence du sang, les origines différentes des races humaines, le judéo-bolchevisme, etc. qui définissent une conception naturaliste du monde et des idées. Ces thèmes proviennent d’auteurs comme Arthur de Gobineau, Houston Stewart Chamberlain, Theodor Fritsch, Jorg Lanz von Liebenfels, Gustave Le Bon, Werner Sombart… Des auteurs qui furent assurément lus et commentés par les membres de la Société Thulé et par les premiers membres du parti national-socialiste, et plus largement par toute l’extrême droite allemande de l’époque. Il n’y a donc rien d’original. En effet, si des membres de la Société Thulé ont participé à la rédaction, ou du moins à sa relecture/réécriture, de Mein Kampf, les idées qui sont exprimées n’ont rien d’original, mais reprennent les discours « classiques » de l’extrême droite de l’époque. Enfin, la Société Thulé n’est jamais citée dans cet ouvrage… Comme nous l’avons dit précédemment, il faut démystifier la Société Thulé : ses membres n’avaient rien de novateurs, n’étaient en aucun cas les membres d’une société secrète importante, mais étaient seulement des militants d’extrême droite de l’Allemagne de la défaite, ayant les idées de ce milieu.

La création du mythe

À l’exception du témoignage de Rudolf von Sebottendorff, peu d’auteurs ont fait, avant-guerre, le lien entre la Société Thulé et le parti national-socialiste. Cela fut de même après-guerre. L’intérêt pour ce groupe völkisch naquit avec la parution en 1960 du Matin des magiciens de Louis Pauwels et de Jacques Bergier. Ces derniers en firent une société secrète aux pouvoirs étendus, le « centre magique du nazisme ». Ils firent également d’Eckart un chef spirituel, initié aux mystères de Thulé, « centre magique d’une civilisation engloutie ». Cette idée fut reprise dans les années 1970 par un écrivain français, évoluant aux marges du néonazisme et de la pensée völkische : Jean Mabire.

L’intérêt de Mabire pour la Société Thulé s’est concrétisé par un livre publié en 1977 chez Robert Laffont dans sa célèbre collection « Les énigmes de l’univers », Thulé. Le soleil retrouvé des Hyperboréens, qu’il présente, comme souvent dans ce milieu, comme un essai historique. Une large partie de cet ouvrage est consacrée à l’histoire de la Société Thulé. La quatrième de couverture de la dernière réédition la présente de la façon suivante : « L’esprit de Thulé continue à vivre dans le secret d’Ordres chevaleresques ou de groupes initiatiques… Le plus mal connu de tous reste, sans doute, la célèbre “Société Thulé” qui joua un rôle considérable lors de la Révolution de Munich, en 1919 ». Ce texte, écrit sous la forme d’une quête à travers l’Europe, reprend une bonne partie des thèses völkischen en y incorporant la paralittérature néonazie et occultisante de l’après-guerre, en particulier les textes de Saint-Loup et Le Matin des magiciens. Surtout, il revient aux thèses originelles de la « vraie » Société Thulé, l’historique : l’un de ses titres de chapitre s’intitule « Le vrai secret de Thulé reste la conservation du sang ».

Les références aux rapports entre la Société Thulé et le national-socialisme étaient assez fréquentes dans les années 1960 et 1970, dans le sillage du succès du Matin des magiciens. Elles se retrouvent notamment dans les travaux de Maser, de Fest et de Toland. En France, c’est surtout André Brissaud, spécialiste de l’alchimie et pseudo-historien, qui insiste particulièrement sur l’aspect occultiste du nazisme dans un texte publié en 1969, réédité par Perrin en 2014. Cet ouvrage est particulièrement intéressant pour le chercheur car il mélange informations factuelles véridiques et spéculations sur le supposé contenu ésotérique des enseignements de la Société, en fait, des thèses völkisch issues de l’aryosophie autrichienne. Surtout, il rejette les spéculations de Bergier et Pauwels et ne s’appuie que sur les textes de Sebottendorf. Cela ne l’empêche pas de développer une théorie aussi aberrante, à savoir que Sebottendorf avait un rôle majeur dans l’apparition du nazisme, en tant que chef politique et spirituel.

Les éléments constitutifs de ce mythe sont donc à chercher dans des faits historiques réels, mais largement sur-interprétés, comme les nombreuses spéculations sur les rapports entre les nazis et la Société Thulé, assimilée à une société secrète aux objectifs à la fois racistes et occultes. Selon certains auteurs conspirationnistes relevant du registre de la pseudo-histoire, Hitler ne serait au pire qu’une marionnette, au mieux un initié, d’une Société Thulé qui dirigerait secrètement les affaires de l’Allemagne, tandis qu’Eckart devient un mage initié à la magie noire… Cette littérature est le fait d’auteurs, aux profils différents, mais que nous pouvons classer en quatre catégories : les occultistes ; les théoriciens du complot ; les écrivains à sensation ; et, enfin, les militants.

L’intérêt pour le supposé rôle de la Société Thulé dans la naissance du national-socialisme est également lié au besoin, pour les générations d’après-guerre, de comprendre comment une nation des plus civilisées a pu basculer dans l’horreur. Comme l’écrit George Mosse, des historiens et des non-spécialistes se sont demandé « comment des hommes intelligents et instruits avaient pu croire aux principes énoncés pendant la période nazie. Pour bon nombre de personnes, les fondements idéologiques du national-socialisme étaient le fruit d’une poignée d’esprits désaxés. Pour d’autres, l’idéologie nazie n’était qu’une simple tactique de propagande destinée à gagner le soutien des masses, mais ne représentait en aucun cas la conception du monde des dirigeants eux-mêmes. D’autres encore trouvaient ces idées si nébuleuses et si incompréhensibles qu’ils les écartèrent, les jugeant sans importance ».

Il est donc difficile d’affirmer que la Société Thulé a joué un rôle dans la genèse de Mein Kampf. Son écriture est bien le seul fait d’Adolf Hitler. Cependant, par honnêteté intellectuelle, nous devons reconnaître que ce dernier, autodidacte mais grand lecteur, a assimilé, puis régurgité, des thèses conceptualisées par les milieux völkischen allemands et autrichiens, des thèses que nous retrouvons également chez les membres de la Société Thulé, en premier lieu celles du « vieux maître de l’antisémitisme », Theodor Fritsch. En aucun cas la Société Thulé n’a joué un rôle dans la formation intellectuelle d’Hitler, ni dans son ascension au sein du futur parti nazi. Cependant, au-delà de cela, un homme, membre de la Société Thulé, a donné un cadre intellectuel à l’esprit brouillon qu’était Hitler : Dietrich Eckart, qui avait déjà une weltanschauung antisémite avant de faire partie de la Société Thulé. Hitler en fut tributaire et l’écriture de Mein Kampf lui doit beaucoup.

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