La part des femmes dans le secteur des STIC a-t-elle progressé ? Comment utilisent-elles les outils numériques ? Peuvent-ils être un moyen de faire reculer les inégalités hommes/femmes ? Ghislaine Toutain fait le point sur la place des femmes dans le secteur des STIC et leur utilisation du numérique.
Deux enjeux majeurs se dégagent de cette étude : la question de l’égalité entre les femmes et les hommes, et celle de la visibilité des femmes au cœur des STIC. Ainsi, alors que ces secteurs ont besoin de femmes pour se développer, la reproduction et la persistance des stéréotypes sexistes freinent leur intégration. Pourtant, les TIC ont ouvert un nouvel espace que les femmes doivent s’approprier pour faire progresser leurs droits et peser sur les processus de décision politique. Cette dynamique est un élément essentiel de la progression de l’égalité femmes-hommes.
Synthèse :
Replacer les inégalités entre les femmes et les hommes dans le contexte de l’économie numérique et du développement des sciences et technologiques de l’information et de la communication (STIC) permet de se pencher sur la place qu’y tiennent les femmes, afin de poursuivre le combat en faveur de l’égalité dans ce secteur.
La place des femmes dans les sciences de l’information et de la communication
La faible présence des femmes dans les STIC est due pour partie à l’intégration de stéréotypes sexués par les enfants dès leur plus jeune âge. Ces stéréotypes structurent également le monde du travail : les jeunes filles sont souvent dirigées vers des filières liées à la sphère privée (santé, éducation,…).
En Europe, la part de femmes dans le secteur des STIC a diminué : cette régression peut s’expliquer par le développement plus tardif des inégalités dans un secteur dont on pensait qu’il constituerait un nouveau modèle sur le marché du travail ; les femmes qui travaillent dans le secteur des STIC ont en effet à subir les mêmes inégalités (différences de salaire à poste égal).
Ainsi, en Europe ou aux Etats-Unis, le secteur des STIC offre peu de perspectives d’évolution aux femmes, et demeure propice au développement d’un certain sexisme, exacerbé par la liberté qu’offrent ces nouveaux supports.
Il s’agit donc de mener une véritable bataille culturelle et pédagogique qui doit associer tous les acteurs de ces évolutions, et qui aboutira à une meilleure intégration de la femme à des domaines qui lui sont difficiles d’accès, lui permettant ainsi d’apporter son concours à des secteurs qui en ont un besoin urgent.
L’utilisation par les femmes des TIC dans leur combat pour l’égalité et la parité
Alors que les femmes sont trop peu présentes dans les métiers liés aux STIC, il n’en va pas de même pour leur utilisation, également répartie entre hommes et femmes : cette particularité en fait un outil de choix pour mener la lutte pour l’égalité.
Toutefois, les TIC convoient un flot de haine et de violence envers les femmes (pornographie, cyber-harcèlement) et sont souvent utilisées contre elle : il s’agit d’en faire des outils sécurisés, qui deviendront de véritables supports du développement de l’égalité.
Pour qu’elles soient utilisées de manière efficace, les TIC doivent permettre une meilleure visibilité des femmes afin de contrer le développement de stéréotypes néfastes par le partage et la diffusion de représentations nouvelles.
Les TIC sont également un moyen privilégié de mobilisation et de rassemblement rapide : on citera ainsi l’ampleur de la mobilisation pour le droit à l’IVG en Espagne. Cette dynamique s’explique par le rôle de relais dans la société réelle que jouent les TIC, qui sont un levier précieux pour influer et intervenir dans les processus d’élaboration des politiques publiques.
Comment, alors, trouver le juste équilibre entre militantisme traditionnel et utilisation des outils numériques ? Ces questions sont posées au cœur des formations politiques.
L’utilisation des TIC par les partis politiques progressistes et le vote des femmes
A ce jour, les partis politiques intègrent toutes les TIC à leur stratégie : diffusion d’informations, meilleure coordination, etc. Alors que la population fait preuve d’une défiance prononcée envers la politique et ses représentants, ces supports constituent un enjeu majeur pour les partis, dans le but de regagner une certaine forme de confiance dans l’action publique. Pour autant, il paraît risqué de tout miser sur un support qui n’a pas encore la portée d’autres médias tels que la télévision ; en conséquence, il revient aux partis de trouver le bon équilibre entre utilisation des TIC et exploitation des médias traditionnels.
Dans une période trouble pour la classe politique, il est crucial pour les partis progressistes de capter les suffrages des catégories clés de la population, parmi lesquelles l’électorat féminin, en vue des élections européennes notamment : leur objectif sera alors d’utiliser les TIC pour promouvoir leurs idées en axant leurs propositions sur l’égalité femmes-hommes et les progrès des droits des femmes, afin de prévenir une éventuelle tentation des votes extrêmes, et de permettre aux femmes de s’engager et de se mobiliser pour leurs droits.
Conclusion
Deux enjeux majeurs se dégagent de cette étude : la question de l’égalité entre les femmes et les hommes, et celle de la visibilité des femmes au cœur des STIC. Ainsi, alors que ces secteurs ont besoin de femmes pour se développer, la reproduction et la persistance des stéréotypes sexistes freinent leur intégration. Pourtant, les TIC ont ouvert un nouvel espace que les femmes doivent s’approprier pour faire progresser leurs droits et peser sur les processus de décision politique. Cette dynamique est un élément essentiel de la progression de l’égalité femmes-hommes.