Éloge de la dette

Dette souveraine, dette toxique… Depuis la crise économique et financière de 2008, la dette a envahi l’espace médiatique. La dette, contrairement au message subliminal inlassablement diffusé, est non seulement utile, mais nécessaire et salutaire. Pour comprendre le rapport de l’homme à la dette, l’auteur nous dévoile les trois dimensions de l’homme : physiologique, psychologique et économique.

Télécharger la synthèse : :
Synthèse
L’homo physiologicus
La dette : voilà l’ennemi, le seul, l’unique qu’il faut à tout prix réduire jusqu’à parvenir à une société guérie, à un état magique qui nous mènerait immanquablement vers le bonheur économique, social et humain. Peut-on continuer à confondre dette et « excès de dette » du point de vue économique, comme on confondrait sucre et « excès de sucre » du point de vue médical ? Un mot, le diabète, existe pour qualifier l’excès de sucre dans l’organisme, mais le soigner ne signifie pas pour autant dénoncer ou accabler le sucre.
L’homo psychologicus
Chaque individu est redevable de son existence à travers une dette originelle. Devenir un adulte, c’est donc bien se construire, à partir de cette dette originelle. Le déni de la dette contractée envers ses parents tout autant que l’incapacité à s’en affranchir de manière assumée constitue deux impasses pour le développement relationnel et existentiel de l’individu. Il en va pour la dette économique comme pour la dette générationnelle : les rapports entre créditeurs et débiteurs (individus, entreprises ou Etats) peuvent être perturbés ; le rapport de loyauté mis en cause, l’endetté pouvant chercher à nier sa dette ou le financeur cherchant à lui imposer son emprise.
L’homo economicus

L’homo physiologicus et l’homo psychologicus influencent l’homo economicus, dans son rapport normal ou pathologique à la dette.
Les principaux pays – hors pays émergents – se trouvent aujourd’hui dans une situation de dette ou de surdette. Il suffit de rappeler quelques chiffres : pour le dernier trimestre 2012, en France, elle s’élève à presque 90 % du PIB, en Allemagne 82 %, en Espagne 85 %, aux Etats-Unis 100 %, en Italie 130 %, en Grèce 130 %. Baisser le taux de dette ne peut constituer l’unique objectif : c’est l’économie réelle qui demande des réponses à la hauteur des enjeux de la crise.
Depuis 2008, c’est l’Europe tout entière qui connaît et souffre de cette situation. Seule une lutte coordonnée permettra de changer la donne et d’imposer au capitalisme financier d’être au service de l’économie et des peuples, au lieu de faire d’immenses profits sur la détresse des hommes. La finance sait se retrouver chaque année à Davos… Il devient urgent que le mouvement social européen prépare « l’anti-Davos », que Jean Poperen appelait déjà de ses vœux en 1995. Il faut que les pays endettés et les endettés de tous les pays s’unissent et combattent pour se faire entendre !

Du même auteur

Sur le même thème