Jacqueline Lalouette a publié, aux Éditions Mare & Martin en décembre 2018, Un peuple de statues – un ouvrage abondamment illustré (264 illustrations, essentiellement des photographies et des cartes postales), qui est le premier à offrir une synthèse nationale fondée sur un ensemble de 3856 statues de « grands hommes » et de « grandes femmes ». Elle en débat avec Marc Olivier Baruch, directeur d’études à l’EHESS.
Dès l’aube du XIXe siècle, l’exemplarité attachée aux « grands hommes » et la volonté de populariser leur image furent à l’origine d’une entreprise de statuaire publique qui s’amplifia et se diversifia avec le temps. Au fil des décennies, un nombre croissant d’effigies représentant tout d’abord des rois et des guerriers, auxquels s’ajoutèrent hommes politiques, écrivains, savants, artistes, saints, etc., conquirent l’espace public de la métropole et des colonies. Parmi ces « grands hommes » figurent une petite minorité de « grandes femmes », Jeanne d’Arc étant toutefois le personnage le plus statufié. Les bouleversements politiques du XIXe siècle provoquèrent quelques destructions et retraits de statues. Mais celles-ci furent surtout victimes de la refonte ordonnée par Vichy dans le cadre de la « mobilisation des métaux non ferreux ». Soumises pour le meilleur (les honneurs) et le pire (les contestations, les outrages et les mutilations) à l’action des hommes, les statues le sont aussi au vieillissement et à la pollution unies pour les dégrader. Durant les années 1960-1970, ne correspondant plus aux critères esthétiques dominants, les hommages publics figuratifs semblaient destinés à disparaître, mais ils retrouvèrent un nouveau souffle dès les années 1990 et 2000.
Jacqueline Lalouette, Un peuple de statues, Éditions Mare & Martin, décembre 2018, 606 pages.