Six ans après le décès de Pierre Mauroy, ancien Premier ministre et président-fondateur de la Fondation Jean-Jaurès, Ghislaine Toutain, conseillère du président de la Fondation Jean-Jaurès, et Lyne Cohen-Solal, ancienne collaboratrice de Pierre Mauroy, ont voulu faire revivre la mémoire de cet homme d’État à travers une publication inédite, alliant textes et photos. En rassemblant notamment un certain nombre de photos inédites, cet ouvrage se veut surtout un hommage à cette figure marquante de la social-démocratie française.
Sous la plume de Lyne Cohen-Solal et de Ghislaine Toutain, l’Institut Pierre Mauroy publie un livre intitulé Pierre Mauroy, une passion politique (Hémisphères Éditions, juin 2019). Six ans après le décès de l’ancien Premier ministre, cet ouvrage, qui allie textes et photos – dont beaucoup inédites – se veut avant tout « un hommage affectueux », comme l’écrivent les auteures, à celui qui, très jeune, fut saisi d’une « passion politique » qui ne le quittera pas et qui le conduira à incarner les valeurs de la social-démocratie française pendant plus de soixante ans.
À travers sept chapitres est ainsi retracée la vie d’un homme exceptionnel qui, de simple conseiller général à président de l’Internationale socialiste, en passant par Premier ministre, maire de Lille et fondateur-président de la Fondation Jean-Jaurès, aura marqué son temps par ses qualités humaines, sa vision de l’avenir, la force de ses convictions et sa personnalité de bâtisseur, qu’il s’agisse de la Fédération Léo-Lagrange, de la construction de l’Europe, de la décentralisation, de sa volonté de faire du Parti socialiste français un parti de gouvernement inscrit dans la durée ou encore de réussir le TVG Nord, le tunnel sous la Manche et la création d’Euralille.
Plus encore que les textes de présentation des chapitres, les photos (plus de 230) illustrent ce parcours quasi-unique de cet homme d’État, né dans le Nord, qui a côtoyé les plus grands dirigeants du monde, dans sa ville de Lille, à Matignon ou à la tête de l’Internationale socialiste mais qui est resté plus proche peut-être encore des simples citoyens, des militants, des ouvriers, rappelant, au détour d’une campagne, que ce mot – ouvrier – n’était pas un gros mot ! Les photos sont issues de fonds très divers, officiels et particuliers, ce qui donne au livre une richesse iconographique remarquable, qu’il s’agisse des photos de Pierre Mauroy avec Willy Brandt, Léopold Senghor, Yasser Arafat, Shimon Peres, Michael Gorbatchev, Jiang Zemin, Nelson Mandela et Margaret Thatcher ou de celles avec Gilberte, son épouse, et son fils Fabien, celles avec Augustin Laurent et Martine Aubry, Coluche et Dalida, Lady Di et Paul McCartney ou encore celles avec les responsables du PS et particulièrement avec François Mitterrand, dont on sait la relation faite de respect, de complicité et d’amitié, voire d’affection qui liait les deux hommes.
Mais les photos qui reflètent le plus l’attention portée par Pierre Mauroy aux gens sont celles qui le montrent dansant lors d’un bal du carnaval lillois, retournant au tableau dans une classe, participant au départ du Tour de France, battant la mesure devant le chef Jean-Claude Casadesus, si soucieux d’apporter la culture à tout le monde, ou encore faisant organiser l’université d’été du PS par la Fédération Léo-Lagrange, se mêlant aux militants socialistes dans un esprit fraternel et convivial, retrouvant ainsi l’objectif que s’assignait l’homme qui l’a inspiré toute sa vie, même s’il ne l’a rencontré qu’une fois quand il était encore un enfant, Léo Lagrange : « mettre le bonheur à l’ordre du jour ». C’est aussi dans ce projet qu’il créera la Fondation Jean-Jaurès, dont il fut, selon ses propres mots, « un président heureux ».
La Fondation Jean-Jaurès se réjouit de la sortie de cet ouvrage qui manquait, reconnaissons-le, sur un homme d’État, sur un homme, tout simplement, hors du commun, qui a embrassé plus d’un demi-siècle de la vie politique française et qui a conduit – avec d’autres, bien sûr – le Parti socialiste français à la victoire. À lire, à regarder et à méditer à la lumière, comme il l’écrivait, « des justes causes qui ne meurent jamais », celles du progrès, « du bonheur des hommes » et de la démocratie. Un espoir que la Fondation Jean-Jaurès s’efforce de faire vivre en France, en Europe et dans le monde depuis plus de vingt-cinq ans.