Les socialistes et sociaux-démocrates ont depuis la fin du XIXème siècle tourmenté l’histoire du capitalisme. Les formations politiques de gauche, caractérisées par une interaction dynamique entre parti et syndicats, ont su régulièrement apparaître comme le vecteur historique capable de « pousser » le capitalisme vers plus d’égalité.
Les socialistes et sociaux-démocrates ont depuis la fin du XIXe siècle tourmenté l’histoire du capitalisme. Les formations politiques de gauche, caractérisées par une interaction dynamique entre parti et syndicats, ont su régulièrement apparaître comme le vecteur historique capable de “pousser” le capitalisme vers plus d’égalité. Le projet sociétal, initié par ces organisations, a profondément marqué l’ensemble du continent européen.
Les partis sociaux-démocrates sont passés, peu à peu, d’une lutte révolutionnaire, s’adressant aux ouvriers de “l’univers” et prônant une socialisation des moyens de production, à une lutte politique prononcée pour l’ensemble des couches populaires afin d’installer une démocratie sociale en créant une symbiose entre une régulation partielle du marc h é et une active redistribution sociale des bénéfices économiques.
Ce glissement politique, où l’inégalité ne plus être éradiquée mais seulement rectifiée, permet une transition vers une base sociale plus large où le parti socialiste se caractérise par le passage de l’ouvriérisme au parti populaire dit de “masse”.
Le cœur de cette politique passant du marxisme au keynésianisme fut l’établissement de l’Etat-providence, du plein-emploi et de l’instauration de l’égalité, le socialisme trouvant ainsi sa raison d’être en poussant plus loin la Démocratie. Depuis près de dix ans, de manière récurrente, la crise de la social-démocratie et de son modèle le “Welfare – State ” est – à tort – affirmée. La “crise politique” du modèle social-démocrate est généralement attribuée à la conjonction de plusieurs facteurs. Le premier est d’ord re économique : la fin de la croissance réduisant les capacités redistributives étatiques, la mondialisation de l’économie, la compétition internationale et la division du travail à l’échelle planétaire empiétant sur les marges d’actions des systèmes nationaux… Le second est lié à une “crise programmatique” de la social-démocratie, résultat de la prodigieuse mutation sociale qu’ont connu les partis sociaux-démocrates où leurs assises ouvrières anciennement majoritaire ont cédé la place aux classes moyennes. La “crise organisationnelle” est le dernier élément de cet état de santé de la social-démocratie, se traduisant par une crise dans les relations entre partis et syndicats mais aussi entre l’organisation politique et “l’électeur-citoyen”…
Les révélateurs de cette faiblesse furent les logiques stratégiques des alliances politiques pour conquérir le pouvoir. Des politologues, comme Adam Przeworksi et John Sprague, les nommèrent “le dilemme du socialisme électoral”, affirmant qu’il ne pourrait aboutir qu’à un échec : les partis sociaux-démocrates perdant du côté ouvrier sans gagner ailleurs… Au moment où l’Europe compte 12 partis de gauche dirigeant ou participant au gouvernement, la “crise de la social-démocratie” relève du poncif. Cette situation annonce-t-elle pour autant le retour de la social-démocratie ? Par ailleurs, si tant est que cette crise est réelle, le clivage entre la droite et les partis de gauche a-t-il disparu ? C ’est pourquoi, il nous paraissait opportun de demander à deux spécialistes de faire un état des lieux de l’évolution des situations et des problèmes des principaux partis socialistes et sociaux-démocrates d’Europe du Nord et du Sud. Alain Bergounioux et Marc Lazar mettent en lumière les modes d’organisations des principaux partis de gauche en Europe occidentale ainsi que leurs évolutions doctrinales, sociologiques et géographiques en analysant transversalement leurs traits communs et disparités. A u terme de cette note, ils concluent en diagnostiquant une forme de vitalité politique de la social-démocratie confirmée par les dernières élections en Grande-Bretagne et en France et par l’engouement des électeurs dans les personnalités de leur Premier ministre .