Patrizia Dogliani, professeure d’histoire contemporaine à l’université de Bologne, publie Le socialisme municipal en France et en Europe de la Commune à la Grande Guerre (Arbre bleu, 2018), un ouvrage issu de sa thèse enfin disponible en français. Les municipalités sont les lieux où les socialistes sont confrontés à la gestion, au pouvoir, à la représentation. Elle en débat avec Emmanuel Jousse, docteur en histoire, auteur récemment de Les hommes révoltés (Fayard, 2017).
Le socialisme municipal ne concerne pas seulement l’implantation progressive des socialistes, depuis la conquête de Commentry (1882) jusqu’aux plus grandes villes du pays : Marseille, Paris, Lyon, Lille, Toulouse. C’est aussi une affaire de doctrines, un débat d’idées, une histoire d’hommes – et de quelques femmes pionnières courageuses. Le socialisme municipal devient le nom donné à un laboratoire politique, préalable supposé d’une prise de pouvoir au niveau national, et socle d’une doctrine qui soulève des débats auxquels participent Jaurès, Malon, Guesde, Lafargue, Vaillant, Brousse, Milhaud et bien d’autres. Le socialisme municipal est-il un simple réformisme ? Un affadissement de la Commune de Paris (1871) ? Le débat n’est pas circonscrit à la France : l’auteure procède à une vaste enquête internationale avec l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique et les Pays-Bas, l’Italie, la Suisse et l’Autriche-Hongrie. Les socialistes n’agissent pas seuls. Il faut prendre en compte l’action des autres forces politiques, notamment des voisins alliés ou adversaires que sont les radicaux, des forces sociales avec les syndicalistes, mais aussi traiter du rôle de l’État dans une France républicaine héritière du centralisme napoléonien.