Que veulent les Français ? L’opinion publique dans tous ses états

Écologie, immigration, économie, laïcité… : sur toutes les thématiques de politiques publiques, le positionnement des Français apparaît de plus en plus complexe et fluctuant. Ce phénomène est renforcé par des mutations structurelles de nos sociétés – déclin de l’institution religieuse, renouvellement générationnel, inégalités territoriales de plus en plus marquées… – alors que l’espace politique a perdu sa structuration autour d’un axe gauche-droite.

Pour éclairer ces bouleversements, des chercheurs convoquent de nombreuses données issues de différentes enquêtes et en tirent une cartographie précise de l’opinion publique française et un état du positionnement de nos concitoyens sur tous les grands sujets de société.

Introduction
Antoine Bristielle

Déclin des grands partis de gouvernement, augmentation massive de l’abstention lors des élections intermédiaires, apparition de nouveaux enjeux sur la scène politique : l’époque que nous traversons est caractérisée par de multiples bouleversements qui remettent en question les certitudes du passé. La société est mouvante, l’opinion des Français paraît moins cristallisée que jamais et les grands discours explicatifs des comportements sociopolitiques sont désormais périmés. Forcément, le besoin d’explications est proportionnel à ces transformations sociales et politiques. Néanmoins, les réponses sont aujourd’hui données soit par des responsables politiques au raisonnement partial, soit par des éditorialistes aux compétences discutables, prophétisant que « les Français pensent que » sans avoir autre chose que leur intuition pour justifier leurs positions.

L’époque actuelle manque ainsi clairement d’explications du monde et de la société dans laquelle nous vivons. Il est absolument nécessaire de pouvoir objectiver le débat public et d’apporter une information claire aux citoyens sur ce qu’est la société française d’aujourd’hui et sur leur rapport à la politique nationale. Que pensent les Français en 2022 ? C’est à cette question que tentera de répondre cet ouvrage.

Pour cela, il est nécessaire de s’adresser aux meilleurs spécialistes des questions qui nous intéressent. Nous sommes en effet trop souvent confrontés à un ensemble de généralités, d’où toute complexité est évincée sous prétexte que la précision nuirait à la compréhension. Dans ces conditions, cet ouvrage se bâtit sur plusieurs paris. Le premier pari est que nous avons besoin de comprendre la complexité des phénomènes qui touchent nos sociétés, du renouvellement générationnel aux clivages territoriaux en passant par la différence de comportement politique selon le genre. Deuxième pari : il est possible de rendre des phénomènes complexes accessibles au grand public. Ce livre s’adresse donc autant à des spécialistes de l’opinion publique qu’à des citoyens peu au fait de l’actualité politique, mais curieux de comprendre la société dans laquelle ils évoluent à quelques semaines d’une élection présidentielle qui s’annonce déjà décisive.

Le troisième pari repose sur l’idée qu’il est nécessaire de mixer les approches pour mieux appréhender la société actuelle. Mixer les générations des contributeurs tout d’abord, entre des spécialistes reconnus dans leur champ d’étude depuis plusieurs décennies et de jeunes chercheurs susceptibles d’apporter un regard neuf sur ces enjeux qui touchent notre société. Mixer l’origine professionnelle des contributeurs également, entre des universitaires, d’un côté, et des membres de la société civile spécialistes de leur domaine, de l’autre.

Cet ouvrage s’appuie sur une multitude de données quantitatives qui dépassent le simple cadre des sondages d’opinion ordinaires, dont la précision est malheureusement très restreinte. Il s’agit notamment des enquêtes « Fractures françaises » coordonnées depuis près de dix ans par la Fondation Jean-Jaurès, ainsi que du Baromètre de la confiance politique. Il s’agit également d’enquêtes internationales de référence, comme les Eurobaromètres pilotés par la Commission européenne, ou bien encore les enquêtes sur les valeurs des Européens menées depuis le début des années 1980.

Le livre se décompose en trois parties. Une première partie est consacrée aux grandes questions qui traversent la société aujourd’hui, comme l’impact de la défiance institutionnelle sur le fonctionnement démocratique. La deuxième partie adopte une approche catégorielle : que pensent les Français de gauche ou d’extrême droite ? En quoi ont-ils des positionnements différents de ceux du reste de la population ? La troisième et dernière partie proposera une approche thématique : comment les Français se positionnent-ils sur un ensemble d’enjeux de politiques publiques, de la santé à l’écologie en passant par l’intervention de l’État dans l’économie ? La combinaison de ces trois axes permet ainsi de dresser un bilan exhaustif de l’opinion des Français. Un indispensable dans la période charnière que nous traversons actuellement.

Les contributeurs

Chloé Alexandre est doctorante en science politique au laboratoire Pacte (Sciences Po Grenoble). Elle est spécialiste des comportements électoraux et des questions démocratiques.

Chloé Bérut est chercheuse postdoctorale au ministère de la Santé sur l’évaluation de la Stratégie nationale de santé2018-2022. Elle est titulaire d’un doctorat en science politique au laboratoire Pacte (Sciences Po Grenoble).

William Bouchardon est diplômé de Sciences Po Grenoble. Il est membre du comité de rédaction du média Le vent se lève.

Antoine Bristielle est professeur agrégé de sciences sociales, chercheur en science politique au laboratoire Pacte (Sciences Po Grenoble) et directeur de l’Observatoire de l’opinion de la Fondation Jean-Jaurès. Il a récemment publié Voyage en terres complotistes aux Éditions Fayard.

Laura Chazel est titulaire d’un doctorat en science politique du laboratoire Pacte (Sciences Po Grenoble). Sa thèse s’intitule Théorie et pratique du populisme par la gauche radicale : les cas Podemos et La France insoumise.

Amaïa Courty est doctorante en science politique au centre Émile-Durkheim (Sciences Po Bordeaux). Elle participe au projet « Jeunesses, citoyenneté et inégalités socio-spatiales ». Sa thèse vise à mieux comprendre le rapport au politique des jeunesses françaises.

Anja Durovic est chercheuse postdoctorale au centre Émile-Durkheim (Sciences Po Bordeaux). Elle est titulaire d’un doctorat en science politique de Sciences Po Paris (2020). Elle a rédigé sa thèse de doctorat, intitulée The gender gap paradox: Citizenship, cohort change and the evolution of gender inequalities in political participation in Western Europe (1981-2016).

Gilles Finchelstein est directeur général de la Fondation Jean-Jaurès et directeur des études chez Havas.

Victoria Géraut est diplômée de la Sorbonne et étudiante en politique comparée à Sciences Po Paris. Elle travaille sur l’engagement contre l’antisémitisme et est membre de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès.

Ivan Glita est doctorant en géographie à l’Université Paris 1. Ses recherches portent sur la décroissance des petites villes en France.

Frédéric Gonthier est professeur des universités à Sciences Po Grenoble. Ses travaux portent sur les valeurs des Français et des Européens. Il interroge notamment les attitudes à l’égard de l’économie et de l’État providence dans une perspective comparative.

Émilien Houard-Vial est doctorant au Centre d’études européennes et de politique comparée (Sciences Po Paris). Il rédige actuellement une thèse sur la production et la diffusion de l’idéologie au sein de la droite française (et plus particulièrement des Républicains), afin de comprendre l’évolution du rôle des partis dans un contexte de défiance citoyenne et de forte compétition électorale.

Romain Mespoulet est doctorant en science politique au laboratoire Pacte (Sciences Po Grenoble). Ses recherches portent sur l’influence des groupes d’intérêt dans la mise en œuvre de la soft law européenne.

Jérémie Peltier est directeur des études de la Fondation Jean-Jaurès. Il a récemment publié La fête est finie ? aux Éditions de l’Observatoire.

Simon Persico est professeur des universités à Sciences Po Grenoble. Il est spécialiste des partis politiques et des politiques environnementales.

Frédéric Potier est préfet et codirecteur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès. Il a récemment publié Pierre Mendès France. La foi démocratique aux éditions Bouquins.

Max-Valentin Robert est titulaire d’un doctorat en science politique du laboratoire Pacte (Sciences Po Grenoble). Sa thèse s’intitule Démocrates dans la diversité ? Hétérogénéité culturelle, mobilisations électorales des populations minoritaires et transformations politico-institutionnelles dans les sociétés musulmanes.

Iannis Roder, professeur agrégé d’histoire-géographie, est directeur de l’Observatoire de l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès et membre du Conseil des sages de la laïcité.

Achille Warnant est doctorant en géographie à l’École des hautes études en sciences sociales et codirecteur de l’Observatoire de l’expérimentation et de l’innovation locales de la Fondation Jean-Jaurès.


Pour commander ce livre directement auprès de la Fondation Jean-Jaurès, contactez l’accueil par téléphone au 01 40 23 24 00 ou envoyez un mail à boutique@jean-jaures.org

Des mêmes auteurs

Sur le même thème