Le Conseil d’orientation scientifique, présidé par Daniel Cohen, a débattu du thème de la « La société du malaise. Pour une politique de l’autonomie », avec le sociologue Alain Ehrenberg et Vincent Peillon, député socialiste européen.
Après une présentation de l’ouvrage d’Alain Ehrenberg La société du malaise (Odile Jacob, janvier 2010) par son auteur et la réaction de l’eurodéputé Vincent Peillon, un débat s’est engagé avec les personnalités présentes, qu’elles soient issues du monde politique (comme Jean-Marie Le Guen, député de Paris) ou universitaire (notamment les sociologues Robert Castel, Louis Chauvel, les économistes Yann Algan, Brigitte Dormont).
Présentation de La société du malaise, Alain Ehrenberg (Odile Jacob, janvier 2010) :
Si les questions de santé mentale sont dans tous les pays développés un souci majeur, elles font l’objet en France d’un discours sur le « malaise dans la société ». Celui-ci accompagne la généralisation des valeurs de l’autonomie : l’émancipation des mœurs, les transformations de l’entreprise et celles du capitalisme affaibliraient les liens sociaux en « précarisant l’existence » et contraindraient l’individu à s’appuyer de plus en plus sur sa « personnalité », le surchargeant ainsi de responsabilités et d’épreuves qu’il ne connaissait pas auparavant. De là, ces pathologies sociales, ces maladies du lien qui se développent dans notre monde moderne. C’est là la doxa de ce que l’on peut appeler la sociologie individualiste qui se contente de parler paresseusement d’une psychologisation des rapports sociaux résultant d’une désinstitutionalisation généralisée. Elle est individualiste en ce qu’elle reste prisonnière du grand problème qui paralyse la pensée, celui de l’opposition entre l’individu et la société. Pour clarifier ce qui se joue dans ce souci social et politique pour l’affect et passer d’une sociologie individualiste à une sociologie de l’individualisme, mais aussi pour mettre en perspective des débats qui restent franco-français, La Société du malaise compare la façon dont les Etats-Unis et la France conçoivent les relations entre le malheur personnel et le mal commun. Le livre étudie comment des pathologies individuelles sont devenues des pathologies sociales, c’est-à-dire qui trouvent leur raison d’être dans des désordres, supposés ou réels, du groupe. Il fait ainsi ressortir deux styles de traitement de l’adversité engendrés par des relations sociales à travers la description des spécificités concrètes de deux individualismes, de deux façons de faire société et de deux conceptions de l’autonomie. L’auteur espère que le lecteur disposera ainsi d’une image plus claire et plus nuancée des inquiétudes logées dans le malaise français.
Retrouvez la synthèse de la réunion