La rose et l’école. Quel projet scolaire pour le PS (1971-2002) ?

Le socialisme a traditionnellement donné une grande importance aux questions éducatives. De par sa culture républicaine, son attachement à l’émancipation par le savoir, mais aussi par sa composition sociale enracinée dans l’école, le Parti socialiste en a fait une priorité. Ismaïl Ferhat revient sur les lignes de force des programmes du PS en la matière.

La question de l’éducation est historiquement une des priorités fortes du projet socialiste. L’ancrage sociologique du mouvement socialiste ainsi que l’idéal d’une éducation émancipatrice l’expliquent en partie. La mise en œuvre de cette ambition et la délimitation du projet socialiste pour l’école peuvent se voir clarifiées par l’identification de trois séquences historiques entre 1971 et 2002.
Entre 1971 et 1981, les socialistes ont à opérer un travail de conciliation entre les différentes influences qui viennent nourrir leurs projets pour l’école. Ils partagent avec le monde enseignant le socle républicain de l’enseignement comme vecteur d’émancipation, de libération du peuple, ainsi que la référence au « plan Langevin-Wallon » de 1947. Les ramifications de 1968, plus complexes, sont en outre très présentes dans leur pensée après le congrès d’Epinay. Au sein du Parti socialiste gravitent différentes approches et s’exprime la concurrence entre courants et entre syndicats enseignants. La tentative de synthèse que représente le projet de 1977, « Libérer l’école », porte la marque de ces trois héritages et propose des orientations nouvelles. On peut parler d’un projet unifié et global.
Les années d’exercice du pouvoir (1981-1993) permettent aux socialistes de mettre en œuvre un certain nombre de propositions de leur projet. Ils se voient aussi confrontés à des difficultés liées aux mutations du système éducatif et de l’opinion sur des sujets sensibles, tels que la laïcité. Si les socialistes s’accordent sur la nécessaire revalorisation des moyens de l’école ou sur l’objectif de démocratisation du système, certains aspects du projet de 1977 restent inappliqués et le consensus ne se fait plus sur un programme global.
Avec la double rupture de 1992-1993, qui voit coïncider le début d’une suite d’échecs électoraux et la scission de la FEN, le Parti socialiste entre dans une période plus délicate encore dans l’approche éducative. L’école est désormais l’objet de débats et de clivages marqués. Les tensions croissantes entre les différents acteurs du système éducatif et les mutations de l’école rendent difficiles un programme éducatif global, même si le Parti socialiste a effectué de réelles réformes. Cette difficulté est renforcée par les tensions entre Claude Allègre, ministre de l’Education et le monde enseignant et le gouvernement de gauche. Dès lors, les socialistes ont pris conscience de la fragmentation de leur vision de l’école et tentent d’y remédier.
Par la perspective qu’elle propose sur le parcours de la gauche ces trente dernières années dans le domaine de l’Education nationale, cette Note fournit donc un éclairage historique utile à l’aune de la prochaine présidentielle. Elle met en lumière la stabilité remarquable des lignes de force des projets scolaires du Parti socialiste et les tensions créatrices qui parcourent les rapports riches et passionnés entre le socialisme français et l’Education nationale.

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