Si Jean-Christophe Cambadélis a quitté la tête du Parti socialiste, il reste convaincu de la pertinence de l’idée socialiste. Une idée à rénover, à refonder, à réinventer. C’est ce à quoi il s’attelle ici, en présentant un projet de société – le nouveau progressisme – et en appelant l’ensemble des forces de gauche à le construire, sans conditions et avec convictions. Vingt et une précisément, et une en particulier : l’urgence de bâtir une France radicalement décentralisée. Une tâche exaltante pour la gauche de demain, qui devra être girondine.
Cet essai, signé de l’ancien Premier secrétaire du Parti socialiste – d’avril 2014 à septembre 2017 – et vice-président du Parti socialiste européen (PSE) Jean-Christophe Cambadélis, livre une analyse qui vise la réappropriation culturelle et philosophique du progressisme français et européen, introduisant un changement dans l’approche du modèle politique qui sous-tend ce projet de société tout en définissant de nouveaux paradigmes en matière de politique territoriale ; en somme, une mutation capable de construire politiquement – en réadaptant la perspective progressiste avec l’objectif de penser la « contre-société » de demain – et techniquement – avec une dimension plus collective de l’organisation de l’action publique territoriale – la combinaison d’une société décente, efficace en économie, juste dans le domaine social et propre à assurer à la survie de la planète.
Comment résoudre le dilemme entre la dimension économique et la réalité sociale d’un progressisme dont les mutations impliquent une réintégration conjuguée de l’ensemble de ses logiques matricielles – techniques, économiques, sociales, environnementales – au bénéfice du progrès humain ? L’enjeu est de structurer la viabilité d’un progrès technique et économique concomitamment à une pérennisation sociale et une préservation environnementale.
Le pilotage politique – au sens stratégique du terme – de ce programme de refondation nécessite une maîtrise complète du modèle progressiste dans sa dimension culturelle, politique et sociale.
Revenant à l’histoire du centralisme jacobin, l’auteur montre que, consécutivement à la période absolutiste, l’effort multiséculaire de centralisation – qui fut longtemps nécessaire pour réaliser et maintenir l’unité malgré les divergences des provinces qui étaient successivement rattachées et la sédentarisation concomitante du système politique spécifique dont nous avons hérité – aurait inscrit la tutelle de l’État dans le marbre ; d’où la difficulté qu’ont les gouvernants à réformer le système de fonctionnement de notre politique territoriale. Par la suite, l’auteur nous livre une interprétation des différentes influences qu’ont pu avoir les mutations politiques et sociales – engendrées ou subites – sur le centralisme – au sens large – et le processus qu’il devine plus particulièrement actuellement à l’œuvre, à travers ce que l’auteur appelle « la rencentralisation » ; qui dévitalise l’économie, la liberté et la responsabilité des collectivités. À ces constats, l’auteur ne juge pas la France condamnée à se crisper sur un centralisme désuet ; il propose a contrario un modèle de développement économique et social dans les territoires qui passera par l’avènement d’une « autre France » décentralisée, incarnant la quintessence du nouveau progressisme.
Ce nouveau progressisme passera par le déploiement de ses 21 convictions pour un projet social, écologique et libéral :
- Le marché ne peut pas faire société
- Penser la mondialisation jusqu’au bout
- Redevenir une force organique de paix
- Défendre le vivre-ensemble par-dessus tout
- Retrouver l’amour de la patrie républicaine
- Placer la social-écologie au cœur de l’économie
- Mettre fin au mythe de la fin du travail
- Être eurocritique et euronationaliste
- L’instruction comme morale publique
- Défendre la culture comme civilisation
- Faire la République pour tous et lutter contre le précariat
- Lutter en permanence contre la relégation territoriale
- Changer la République par la révolution décentralisatrice
- Être plus féministe que jamais
- La sécurité est un bien commun
- Promouvoir la liberté ordonnée
- S’engager pour l’égalité réelle
- Construire la fraternité laïque
- Ranimer la démocratie
- Repenser l’unité des diverses gauches
- Pour un progressisme émancipateur