Ce fut d’abord un coup de bluff. Ce fut surtout un coup de génie. Si Europe Écologie a confirmé ses succès électoraux, les ressorts de cet engouement sont moins connus. Denis Pingaud tente de les identifier : il montre que l’électorat d’Europe Écologie est traversé par plusieurs lignes de fracture et qu’il est à la fois, et paradoxalement, volatil et stratège.
Quand se dessine, au printemps 2008, l’hypothèse d’un rassemblement des écologistes de toutes obédiences pour l’élection européenne de 2009, peu d’observateurs imaginent le séisme électoral qui va s’ensuivre.
Ce coup de bluff repose sur trois hypothèses. Premièrement, les électeurs sont de plus en plus défiants vis-à-vis de l’offre classique structurée par un axe horizontal gauche-droite. Deuxièmement, la question écologique n’est plus perçue comme un enjeu complexe et lointain mais comme une urgence évidente et « impliquante ». Troisièmement, la question électorale n’est plus vécue en plein – je vote toujours pour mon camp – mais en creux – je sanctionne, scrutin après scrutin, les différents camps, y compris le mien.
Le tremblement électoral autour de Daniel Cohn-Bendit, se révèle finalement être un coup de génie politique.
Aujourd’hui, même si Europe Écologie a confirmé le succès des élections européennes de 2009 aux dernières élections régionales, la fragilité de son électorat tient au fait qu’il s’agit d’un ensemble encore peu structuré.
Denis Pingaud analyse l’éclectisme des électeurs d’Europe Écologie et les différentes fractures qui les traversent, notamment dans leurs valeurs et leurs opinions sur les grands sujets d’actualité qui structurent le débat politique. Deux ans avant 2012, l’auteur s’interroge sur la capacité d’Europe Écologie à transformer l’essai.
Ils en parlent :
- LCI : Denis Pingaud invité par Michel Field (9 novembre 2010)
- Le Nouvel Observateur : « Ce que veut vraiment l’électorat écolo » par Maël Thierry (11 novembre 2010)
- Libération : « La naissance des unis verts » par Matthieu Ecoiffier (13 novembre 2010)