Pour cette élection présidentielle de 2022, Yannick Jadot avait un boulevard devant lui ; pourquoi a-t-il fini dans une impasse ? Denis Pingaud, conseiller en communication et membre du « cercle de confiance » du candidat écologiste de 2020 à 2022, porte son regard personnel sur le processus qui, depuis la primaire écologiste de septembre 2021, a abouti à l’élimination au premier tour de l’élection présidentielle de Yannick Jadot.
Tout en assumant sa part dans la responsabilité collective de l’échec, Denis Pingaud propose un retour critique, à froid, sur la stratégie et le positionnement du candidat. Il livre ainsi ses impressions personnelles sur cette déconvenue dont les causes sont multiples et qui ne peut être imputée uniquement au candidat qui « s’est heurté au réel. Trop concentré sur le chemin politico-médiatique sinueux pour faire valoir sa candidature, il a sous-estimé quelques fondamentaux stratégiques pour devenir, comme il le souhaitait, le président du climat. Sa campagne de longue haleine n’a pas débouché sur une stratégie claire au moment d’entrer dans l’arène et l’a finalement rangé dans le camp des divisés de la gauche. Son positionnement sur l’enjeu central du climat et du vivant n’a pas surpassé les clivages politiques habituels, faute à la fois de radicalité dans la démarche, de simplicité dans le propos et d’audace dans la posture. Sa machinerie composite constituée à l’issue d’une primaire incertaine a produit un certain amateurisme dans la trajectoire compliquée de la rencontre avec les électeurs. Enfin, son incarnation sérieuse, tout entière tournée vers la crédibilité, mais aussi solitaire, sans appui manifeste de personnalités ou de représentants de la société civile, a suscité moins d’attraction mobilisatrice que de regards polis. »
Table des matières
Introduction
Une stratégie trop peu lisible
L’écologie a gagné la bataille culturelle
Exit l’hypothèse d’une candidature solitaire
Le faux pas du rassemblement de toute la gauche
Le fondamentalisme vert en réponse à l’offre d’Anne Hidalgo
Un positionnement trop peu disruptif
57 % des électeurs écologistes, seulement, s’autopositionnent à gauche
Un gisement électoral à faire fructifier
Ce qu’il manque : une dose de radicalité et un effort de simplicité
Privilégier l’affrontement sur le bilan ou imaginer les compromis du futur ?
Une machinerie trop peu professionnelle
Une appréciation erronée de l’opinion électorale
La mécanique répétitive et fastidieuse des déplacements
Une attention imparfaite aux médias
Quelques couacs de programme et de communication
Une incarnation trop peu collective
Le coup de fraîcheur du collectif Ibiza
La « mano a mano » avec Emmanuel Macron
Une autre démarche était possible
Un comité scientifique atone
La bande à Jadot ne se forme pas
Conclusion
L’auteur :
Denis Pingaud est président de Balises, cabinet spécialisé en stratégie de communication et d’opinion. Il conseille, à ce titre, de nombreux dirigeants d’entreprise. Il est par ailleurs vice-président de la Fabrique écologique, think tank de réflexions et de propositions sur les politiques publiques environnementales, et membre du conseil d’orientation de la Fabrique de la cité, think tank sur les problématiques urbaines et de mobilité sponsorisé par le groupe Vinci.
Denis Pingaud a publié plusieurs ouvrages ayant trait aux campagnes présidentielles ou à l’univers écologiste :
- La longue marche de José Bové (Seuil, 2001),
- L’impossible défaite, analyse critique de la campagne de Lionel Jospin en 2002 (Seuil, 2002),
- L’effet Besancenot (Seuil, 2008),
- Europe Écologie : électorat volage, électorat stratège (Fondation Jean-Jaurès, 2010),
- L’homme sans com’, après l’élection de François Hollande en 2012 (Seuil, 2013).