Ania Szczepańska, historienne du cinéma et spécialiste des archives audiovisuelles, apporte aujourd’hui un regard neuf et original sur le premier syndicat autonome créé en Pologne communiste dans son ouvrage Une histoire visuelle de Solidarność (Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2021, préface de Michel Wieviorka). Elle en débat pour la Fondation avec Éric Lafon, directeur scientifique du Musée de l’histoire vivante.
Les grèves d’août 1980 aux chantiers navals Lénine de Gdansk furent essentielles dans la sortie du communisme en Europe centrale. Solidarność fut bien plus que le premier syndicat libre et autonome, séparé du Parti communiste. C’est un incroyable mouvement social qui regroupa des millions d’individus, en Pologne et ailleurs, et mena à l’une des plus importantes révolutions pacifiques dans l’Europe du XXe siècle. Quarante ans plus tard, par-delà les questions mémorielles de l’après-1989, ce moment d’éveil des consciences continue de fasciner. Il interroge les formes d’engagement dont sont capables les acteurs d’une société pour imaginer l’impossible et le faire advenir. Ania Szczepańska interroge dans son ouvrage l’idée même de solidarité en confrontant les traces visuelles de ce passé révolutionnaire. Elle éclaire tout autant ses mythes que ses figures invisibles, occultées par le récit dominant. Ania Szczepańska montre comment ces archives contribuent à nous rendre le passé sensible, à le transmettre et à façonner les imaginaires. Elle questionne leur puissance mobilisatrice et révèle leur richesse narrative.