La gauche et les migrations (XIXe-XXIe siècle)

Comment les gauches, dans leurs diversités, fortes de leur internationalisme, ont-elles interrogé les questions migratoires du XIXe au XXIe siècle ? Bastien Cabot publie une synthèse historique inédite, La gauche et les migrations (PUF, 2024). Il nous présente cette étude à l’échelle mondiale dans un entretien avec Elisa Marcobelli, maîtresse de conférences en histoire contemporaine, autrice d’un ouvrage intitulé L’internationalisme à l’épreuve des crises. La IIe Internationale et les socialistes français, allemands et italiens (1889-1915) (Arbre Bleu éditions, 2019).

Depuis plus de quarante ans que le sujet migratoire s’est imposé dans le débat public, la presse n’a pas cessé de souligner le tabou qu’il représenterait pour les formations se réclamant, de façon très large, du socialisme. Pourtant, pendant près d’un siècle et demi, celui-ci a mobilisé l’imaginaire de l’« internationalisme » comme un moyen d’expier les effets mortifères des frontières. Cette aspiration a-t-elle été à la hauteur de ses ambitions, et peut-elle l’être encore ? Ou bien était-elle déterminée par un contexte historique et des expériences individuelles aujourd’hui obsolètes ?

Cet ouvrage de synthèse propose un tour d’horizon mondial du rapport des gauches aux migrations, depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours. Nous y croisons des défenseurs du cosmopolitisme pris dans le tourbillon révolutionnaire français, des travailleurs chinois chassés de Californie par des syndicalistes états-uniens à la fin du XIXe siècle, des ouvriers vietnamiens employés dans les usines est-allemandes puis engagés comme experts en Angola… Par-delà leur diversité, ces trajectoires individuelles et collectives interrogent la tension constitutive de la modernité socialiste, entre un horizon mondial et des réalités nationales ou locales qui lui résistent.

Des mêmes auteurs

Sur le même thème