Cette journée d’études est revenue, en trois tables-rondes, sur les temps forts de la séquence historique ouverte par les Révolutions de février et d’octobre 1917 en Russie et a interrogé les regards que portent les partis socialistes et des dirigeants socialistes, français et européens, sur ces événements.
Le 31 juillet 1914, Jean Jaurès est assassiné, et la guerre qui commence divise les socialistes européens. Tous en grande majorité entendent défendre leur patrie et son indépendance, seule une minorité de socialistes, les Serbes et les Russes, prêchent le défaitisme révolutionnaire. Subissant défaites sur défaites, la Russie tsariste est à la fin du mois de février 1917 vigoureusement secouée par des manifestations qui virent rapidement à l’insurrection, puis à la révolution. En France, l’abdication du tsar est saluée par les organisations ouvrières et socialistes avec enthousiasme. La révolution de février ouvre un nouveau champ des possibles, notamment celui en direction de la paix, mais remet également à l’ordre du jour la question sociale, l’émancipation, et interroge les schémas révolutionnaires. La Russie paysanne, peu développée, sans tradition démocratique, sortant de trois siècles d’autocratie tsariste peut-elle brûler les étapes et déboucher sur une révolution socialiste ? À cette question les plus radicaux des sociaux-démocrates russes, la fraction bolchevique réunie autour de Lénine, répondent positivement en octobre en s’emparant du pouvoir par un coup de force. Le bolchevisme se présente alors comme la seule voie possible vers la conquête du pouvoir et le socialisme. Il devient aussitôt le socle sur lequel le mouvement socialiste international se divise durablement pour aboutir aux scissions de l’année 1920.
Cette journée d’études a été organisée par la Fondation Jean-Jaurès, la Fondation Gabriel Péri, l’OURS, le Musée de l’histoire vivante, la Société d’études jaurésiennes, le projet Eurosoc (IRHIS-GRHIS Rouen) et le programme Paprik@2F.
Elle s’est inscrite dans le cadre de l’exposition présentée jusqu’au 31 décembre 2017 à Montreuil au Musée de l’histoire vivante, « Les révolutions russes vues de France ».
9h45: Introduction scientifique
Alain Bergounioux, président de l’OURS, administrateur de la Fondation Jean-Jaurès
10h : Intervention préliminaire
Romain Ducoulombier, docteur en histoire, lycée Angellier (Nord) : Les socialistes dans la tourmente : la SFIO et la guerre 1914-1917
10h30-12h: Table 1. Février 1917 : les socialistes français face à l’événement
Table-ronde présidée par Éric Lafon, directeur scientifique du Musée de l’histoire vivante
Rapporteur : Gilles Candar, président de la Société d’études jaurésiennes
- Adeline Blaszkiewicz Maison, doctorante, université Paris 1 Panthéon Sorbonne (CHS XXème siècle) : « Albert Thomas et les révolutions russes : de l’espoir de février à l’antibolchevisme d’octobre »
14h-15h45: Table 2. Les socialistes européens face aux révolutions russes
Table-ronde présidée et animée par Jean-Numa Ducange, maître de conférences à l’université de Rouen, Fondation Gabriel Péri
- Elisa Marcobelli, docteur en histoire, EHESS : « Les socialistes italiens et les révolutions de 1917 »
- Bastien Cabot, docteur en histoire, EHESS : « Itinéraires croisés de la gauche belge en Russie révolutionnaire (1917-1921) »
- Alexandre Riou, historien, université de Rouen : « Regards des socialistes tchèques sur les événements d’octobre 1917″
- Lucie Guesnier, docteur en histoire, université Paris 1 Panthéon Sorbonne : « Les socialistes roumains et le projet de Confédération balkanique socialiste pour la paix »
- Andréa Benedetti, doctorant, université de Strasbourg : « Le Bureau socialiste international et les révolutions de 1917 »
16h15-17h45: Table 3. La Révolution d’Octobre et la vie du socialisme français
Table-ronde présidée et animée par Jean Vigreux, professeur, université de Bourgogne
- Gilles Candar, président de la Société d’études jaurésiennes : « Jean Longuet : prudence et sympathie »
- Julien Chuzeville, historien : « Fernand Loriot »
- Frédéric Monier, professeur, université d’Avignon : « Léon Blum : aux origines d’un antibolchevisme fondateur »
17h45 Conclusion
Sophie Cœuré, professeure, université Paris Diderot