Toute publication a sa genèse, son histoire, son parcours. Celle-ci est simple. Le débat sur les relations qu’entretiennent le socialisme et le libéralisme nous paraît déterminant. C’est vrai sur le plan théorique. C’est vrai sur le plan politique. Pourtant, parce qu’il a souvent été instrumentalisé à des fins tactiques, ce débat n’a, dans la période récente, pas été réellement mené sur le fond.
Les deux livres qui servent de support à cette Note de la Fondation Jean-Jaurès nous en fournissent l’occasion.
Impasse Adam Smith de Jean-Claude Michéa ; Les règles de la liberté de Monique Canto-Sperber : voici deux livres qui n’ont rien à voir tant ils sont différents. Différents par leurs styles : l’un est vif, voire polémique ; l’autre est rigoureux, mais jamais ennuyeux. Différents par leur construction : l’un est un jardin à l’anglaise, on y butine et on y chemine à travers des entrées multiples ; l’autre est un essai à la française, construit, cohérent, démonstratif. Différents, surtout, par leurs thèses : l’un considère que le socialisme s’est depuis un siècle fondu dans le libéralisme et s’en inquiète ; l’autre plaide que le socialisme n’assume pas les idées libérales et le regrette.
Voici pourtant deux livres qu’il faut lire et, si l’on a le goût du débat, qu’il faut lire l’un après l’autre.
C’est ce qu’ont accepté de faire les auteurs que nous avons sollicités. Il ne s’agit pas ici, vous le verrez, de délivrer une thèse unique. Il s’agit de confronter les regards : c’est pourquoi sont rassemblées des contributions écrites par des auteurs très divers. Il s’agit aussi de nouer un véritable débat : c’est pourquoi nous avons demandé à Monique Canto-Sperber et à Jean-Claude Michéa de réagir aux critiques qui leur étaient adressées.