Les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024 ont vu le Nouveau Front populaire obtenir le plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale. Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de Harris Interactive, revient sur les motivations de vote des électeurs du NFP, leur profil, mais aussi leurs espoirs à la fois quant à l’application de son programme comme au choix du futur Premier ministre.
Dans un contexte où le Nouveau Front populaire (NFP) dispose du plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale, de nombreuses questions émergent. Quelles ont été les motivations de vote des électeurs du NFP ? Sont-elles uniformes selon l’âge, le genre, la catégorie sociale ou encore la proximité politique de cet électorat ? Souhaitent-ils l’application stricto sensu du programme proposé par cette alliance ou des aménagements apparaissent-ils possibles/envisageables ? Nourrissent-ils des espoirs suite à la nouvelle composition de l’Assemblée nationale ?
Les récentes élections législatives, dans leur premier comme second tour, ont été marquées par des motivations de vote des électeurs du NFP traduisant une volonté de s’opposer plus que de soutenir. Elles ont été marquées par des motivations distinctes selon, notamment, la proximité politique des électeurs de gauche. Plusieurs éléments contribuent à le montrer.
Moins d’un électeur NFP sur deux a voté par adhésion (43%), 34% « utile »1Les données ici présentées sont en grande partie issue de cette enquête réalisée en ligne tout au long de la journée électorale du 30 juin 2024, portant sur un échantillon de 6081 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 5276 personnes inscrites sur les listes électorales françaises. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et comportement électoral antérieur de l’interviewé(e). On retrouvera également des données basées sur une enquête réalisée en ligne les 7 et 8 juillet 2024, après l’annonce des résultats du second tour des élections législatives, portant sur un échantillon de 2496 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 2318 personnes inscrites sur les listes électorales françaises. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et comportement électoral antérieur de l’interviewé(e).
L’adhésion ne constitue un moteur de vote que pour un peu moins d’un Français sur deux. Ainsi, lorsque l’on invite les électeurs à se positionner sur une échelle, forcément réductrice, 43% déclarent qu’ils ont voté par adhésion, 29% qu’ils ont adopté un vote utile et 10% d’opposition. Concernant ce denier point, la progression est notable depuis les dernières élections législatives (6%, soit 4 points de moins qu’en 2024).
Dans le détail, observons que l’électorat du Nouveau Front populaire est celui évoquant le plus le vote d’opposition (13%, devant même le vote utile). Il s’agit de l’électorat ayant le plus mobilisé cet argument dans le cadre du dernier scrutin. Si l’on se focalise sur l’électorat NFP de premier tour, l’adhésion est minoritaire dans toutes les classes d’âge (hormis les personnes âgées de 65 à 74 ans (54%)), légèrement majoritaire chez les électeurs proches du Parti communiste (PCF) et de La France insoumise (LFI) (57% et 54%), mais pas chez ceux du Parti socialiste (PS) (48%), des Écologistes (44%) et encore moins chez les personnes sans préférence partisane (23%)2Ces derniers représentent 14% de l’ensemble des électeurs NFP, les sympathisants de La France insoumise 30%, ceux du Parti socialiste 34% et Les Écologistes 16%.. Quant au vote utile, il s’est agi de la première motivation de vote des jeunes électeurs (38% des 18-24 ans), des ouvriers (39%) comme des électeurs d’Emmanuel Macron ayant voté pour une candidature NFP (37%)3Ils représentent 12% de cet électorat-là, alors que sur 100 électeurs NFP, 40% avaient voté pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022, et 10% Yannick Jadot..
Recevez chaque semaine toutes nos analyses dans votre boîte mail
Abonnez-vousLe pouvoir d’achat, première motivation de vote même chez les électeurs du NFP
Depuis les élections européennes de 2019, le pouvoir d’achat constitue la première motivation de vote des électeurs. Avant même l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cette thématique phagocyte les autres. Avant même que l’inflation ne soit marquée et identifiée, les Français se sont montrés préoccupés par les conséquences, sur leur vie, des prix.
On le voit, en 2024, même les électeurs NFP évoquent le pouvoir d’achat comme leur première motivation de vote (49%), devant la santé (35%), l’environnement et l’écologie (31%), l’égalité des droits entre les citoyens ou encore les retraites (30%).
Observons que le vote NFP n’est, à ce titre, pas uniforme : les plus jeunes mobilisent plus que les autres le thème de l’égalité, la thématique du pouvoir d’achat est transverse (même si citée avec des intensités différentes), l’écologie et l’environnement plus évoqués chez les plus jeunes et les plus âgés. Le thème des retraites est singulièrement abordé de la part de ceux se situant juste avant l’âge légal de départ.
Thèmes ayant plus compté dans le choix de vote au premier tour des élections législatives (électeurs NFP) | 1er thème | % 1er thème | 2e thème | % 2e thème | 3e thème | % 3e thème |
18-24 ans | L’égalité des droits entre les citoyens | 40 | Le pouvoir d’achat | 34 | L’environnement et l’écologie | 32 |
25-34 ans | Le pouvoir d’achat | 49 | L’égalité des droits entre les citoyens | 35 | La santé | 31 |
35-49 ans | Le pouvoir d’achat | 55 | La santé | 35 | L’égalité des droits entre les citoyens | 31 |
50-64 ans | Le pouvoir d’achat | 55 | Les retraites | 50 | La santé | 39 |
65-74 ans | Le pouvoir d’achat | 55 | La santé | 50 | L’environnement et l’écologie | 38 |
75 ans et plus | Le pouvoir d’achat | 48 | L’environnement et l’écologie | 40 | L’éducation et la formation | 40 |
Outre l’analyse selon l’âge, une lecture selon la proximité politique montre le côté protéiforme du vote. Les électeurs proches du PCF évoquent le pouvoir d’achat (55%), la santé (41%) et les retraites (40%), ceux de LFI le pouvoir d’achat (57%), devant l’égalité des droits (36%) et la santé (35%), quand ceux du PS parlent également de pouvoir d’achat (53%), puis de santé (41%) et enfin d’environnement (34%). De leur côté, les sympathisants des Écologistes mobilisent sans surprise en premier lieu l’environnement (65%), puis le pouvoir d’achat (39%) et enfin l’égalité (37%). On le voit dans le graphique ci-dessous, des thèmes de la campagne européenne persistent : ainsi 23% des électeurs proches de LFI évoquent la situation en Israël et à Gaza dans leur motivation de vote4Rappelons qu’aux élections européennes, 35% des électeurs LFI comme ceux ayant voté pour la liste conduite par Manon Aubry évoquaient ce thème..
Une alliance perçue comme étant de circonstance
On le sait, d’une manière générale, les Français sont suspicieux. Le regard porté sur les raisons ayant conduit à l’alliance de différentes formations politiques traduit – même auprès des électeurs NFP – un doute quant au fait que le PC, LFI, le PS et Les Écologistes seraient d’accord sur le fond (38% le pensent). En effet, 62% affirment, quand bien même ils ont voté pour des candidats NFP, qu’il s’agit d’une alliance de formations politiques pour réaliser le meilleur score possible aux élections. Même les électeurs LFI ne sont que 45% à penser que le fond plus que la tactique a présidé à la création du NFP (contre 42% des sympathisants communistes, 38% Écologistes et surtout 33% socialistes)5À titre de comparaison, notons que les électeurs NFP estiment que, de l’autre côté du spectre politique, l’alliance entre Éric Ciotti et le Rassemblement national était également de circonstance (54% le pensent) et sont partagés quant aux votes communs qui pourraient être adoptés à l’Assemblée nationale. Ainsi la suspicion ne touche pas que le Nouveau Front populaire mais également l’autre alliance..
Pour autant, sans nourrir de trop fortes attentes à l’égard de cette alliance, la constitution du NFP est accueillie favorablement : 91% des électeurs du Nouveau Front populaire estiment qu’il s’agit d’une « bonne chose » et même 44% une « très bonne chose ». Ici aussi l’intensité de l’appréciation est plus nette parmi les électeurs les plus à gauche (60% des proches de LFI estiment qu’il s’agit d’une « très bonne chose ») que chez les autres (51% de ceux du PC, 40% du PS et 38% des Écologistes). Ce que l’on peut voir avec le graphique ci-dessous : plus les électeurs se situent à gauche sur une échelle de positionnement politique, plus ils estiment qu’il s’agit d’une « très bonne chose ».
Le jour du scrutin, avant même de prendre connaissance des difficultés et tensions traversées par le Nouveau Front populaire, les électeurs du NFP étaient qui plus est partagés quant à l’uniformité des positions qui seront adoptées par les formations politiques à l’Assemblée nationale : 53% anticipent des votes communs, 46% des votes différents. À ce titre, ici encore, les électeurs proches de LFI comme du PC sont les plus enclins à estimer que l’uniformité de comportement présidera (respectivement 63% et 58%) alors qu’un sympathisant socialiste ou écologiste sur deux l’envisage.
Le programme applicable en totalité ?
85% des électeurs du NFP envisageaient, dans l’hypothèse d’une majorité absolue pour le Nouveau Front populaire à l’Assemblée nationale, l’application du programme politique tel qu’il a été présenté. Reste que seuls 31% envisageaient qu’il l’appliquerait en totalité et 54% en partie. La variable d’âge œuvre nettement sur ce point : moins les répondants sont jeunes, moins ils estiment que le programme serait appliqué en totalité.
Politiquement, les proches de LFI sont plus d’un sur deux à penser que le programme serait appliqué dans sa totalité (53%) contre quatre sympathisants communistes sur dix et moins d’un sur deux socialiste ou écologiste (23%). Il s’agit-là, qui plus est, de réponses à une question dont l’hypothèse était la majorité absolue et non relative, donc ne laissant pas entrevoir que l’exécutif se trouverait confronté à une difficulté d’ordre parlementaire pour faire adopter les projets de loi.
Pour autant, si le NFP disposait de la majorité absolue, 79% de ses électeurs estiment que la situation de la France s’améliorerait (dont 31% beaucoup) et même 71% (28% beaucoup) que leur situation personnelle en serait meilleure. Quels sont ceux qui pensent plus que les autres que leur situation s’améliorerait ? Les jeunes (44%), les CSP- (34% contre 26% des CSP+), les sympathisants LFI (55% contre 18% de ceux du PS et des Écologistes). La variable de l’âge semble être la plus marquante : plus les électeurs NFP sont âgés, moins ils pensent que des effets tout à fait positifs peuvent se produire.
La logique politique est la même lorsque l’on invite les électeurs à considérer que les politiques menées iraient « tout à fait » dans le bon sens concernant différents points. Dans l’ensemble, les anticipations positives sont plus nettes en ce qui concerne le pouvoir d’achat des catégories modestes et populaires, la réduction des inégalités et le dialogue social. Les électeurs proches de La France insoumise se distinguent en étant nettement plus optimistes que les autres.
Anticipation de politiques allant tout à fait dans le bon sens si le NFP était à la direction du gouvernement | Le pouvoir d’achat des catégories modestes et populaires | La réduction des inégalités | Le dialogue social (entre organisations syndicales de salariés et de dirigeants d’entreprise) | Votre pouvoir d’achat | Le pouvoir d’achat des Français en général | L’emploi | La croissance économique | La compétitivité des entreprises |
Ensemble des électeurs NFP | 37 | 37 | 36 | 29 | 28 | 25 | 21 | 19 |
La France insoumise | 60 | 59 | 60 | 50 | 50 | 44 | 41 | 39 |
Le Parti communiste | 38 | 32 | 36 | 31 | 29 | 23 | 18 | 14 |
Le Parti socialiste | 34 | 34 | 32 | 24 | 23 | 20 | 13 | 12 |
Les Écologistes | 25 | 28 | 24 | 20 | 19 | 13 | 11 | 11 |
Une progression de l’image des différentes formations du NFP, différemment appréciée selon la proximité politique des répondants
Une fois la séquence électorale passée, quels regards sont portés sur les formations politiques composant le NFP ? On le voit, auprès des électeurs NFP, l’image du PS est meilleure (48%), devant celle des Écologistes (43%), de LFI (41%) et enfin du PCF (37%). Si l’on observe les réponses en fonction du différentiel (en soustrayant la détérioration à l’amélioration sans considérer les réponses des personnes n’ayant pas changé d’opinion), on remarque que le PS bénéficie d’un différentiel positif de 33 points, les Écologistes de 28, le PCF de 22 et enfin LFI de 18.
Ensemble des électeurs NFP | La France insoumise | Le Parti communiste | Le Parti socialiste | Les Écologistes |
Amélioration de l’image | 41 | 38 | 48 | 43 |
Dégradation de l’image | 23 | 16 | 15 | 15 |
Différentiel | 18 | 22 | 33 | 28 |
On le voit, ici aussi, existe un petit différentiel d’image sur La France insoumise. Celui-ci est confirmé lorsque l’on se focalise sur la proximité politique. 29% des sympathisants socialistes comme écologistes indiquent avoir une « meilleure image » de LFI contre respectivement 30% et 31% une « moins bonne image ». L’image de La France insoumise a donc progressé essentiellement auprès de ses sympathisants (74% « meilleure image », 6% « moins bonne », soit un différentiel de +68) et est restée stable auprès des autres quand bien même ils ont voté pour un candidat du NFP. Ce phénomène d’amélioration de l’image auprès du cœur du cœur de l’électorat n’est pas surprenant (l’image du PS a progressé auprès de ses sympathisants comme celle des écologistes auprès des siens). Mais LFI est la seule formation à connaître un regard stable auprès des sympathisants autres que les Insoumis. À titre illustratif, le différentiel des proches de La France insoumise lorsqu’est évoqué le PS s’élève à 23 points, à 26 points pour le PCF et même à 44 concernant les Écologistes.
Au soir du second tour, le soulagement plus que la confiance
Au soir du second tour, les électeurs du NFP ne faisaient pas état d’une confiance voire d’un enthousiasme, mais bien d’un soulagement et ce de manière nette. Et c’est ce qu’ils expriment spontanément lorsqu’on leur demande les mots, sentiments, impressions qui leur viennent à l’esprit quand ils pensent au résultat des élections législatives…
… ou lorsque nous leur proposons différentes réactions possibles.
Ici aussi, les sympathisants de La France insoumise se distinguent. Si c’est le soulagement qui l’emporte (54%), ce sont les plus nombreux à se déclarer enthousiastes ou confiants (respectivement 10% et 14%).
Au soir du second tour, si 43% des Français pensent qu’il s’agit d’une « bonne chose » pour la France que le Nouveau Front populaire dispose du plus grand nombre de sièges (majorité relative) à l’Assemblée nationale, cette proportion croît à 89% pour ses électeurs de premier tour. Là encore, les différences sont notables selon la proximité politique des répondants et notoirement des proches de LFI :
Appréciation pour la France que le NFP dispose du plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale selon la proximité politique des répondants | Une « bonne chose » | … dont une « très bonne chose » |
La France insoumise | 95 | 65 |
Le Parti communiste | 78 | 43 |
Le Parti socialiste | 81 | 33 |
Les Écologistes | 81 | 28 |
Dans le détail, l’anticipation des conséquences, en relatif de la précédente législature, est nettement positive. Il s’agit notamment du pouvoir d’achat, de l’environnement et l’écologie, des retraites ainsi que de l’égalité entre les citoyens. Elle est plus positive chez les proches de LFI (et dans une moindre mesure du PCF) que parmi les sympathisants socialistes ou écologistes.
Des alliances politiques envisagées différemment selon la proximité politique…
Aux yeux de 62% des électeurs NFP, il apparaissait, au soir du second tour, indispensable que différentes formations politiques s’allient afin de constituer une majorité au sein de l’Assemblée nationale pour pouvoir gouverner le pays. Reste ensuite à en voir les contours. Il est frappant de constater que les personnes proches de LFI, du PS ou encore des Écologistes évoquent des arcs aux contours différents : les premiers se limitent aux composantes du Nouveau Front populaire, les deuxième et troisième évoquent plus que les premiers les formations proches du président de la République et moins (pour à peine plus d’un sur deux) la présence de La France insoumise.
… tout comme l’option de Premier ministre favori
Avant même le début des échanges entre les différentes formations politiques composant le NFP pour le choix d’un Premier ministre, les Français étaient partagés. 75% des électeurs de La France insoumise considéraient que Jean-Luc Mélenchon ferait un bon chef du gouvernement, 77% des sympathisants communistes évoquaient Fabien Roussel, 74% des socialistes Raphaël Glucksmann et 60% des écologistes… Yannick Jadot. Chaque « camp » indiquant estimer qu’un Premier ministre proche de sa formation politique de référence disposerait le plus de leur approbation.
On le voit dans le tableau ci-dessous, les sympathisants de La France insoumise ne jugent qu’une seule personnalité capable de pouvoir être un bon Premier ministre (Jean-Luc Mélenchon) alors que les proches d’autres formations politiques accueillent potentiellement plus favorablement les autres candidatures potentielles et… sont les plus critiques à l’égard de l’ancien dirigeant de LFI.
Jugement sur chacune des personnalités dans leur capacité à pouvoir faire un bon Premier ministre | Raphaël Gluksmann | François Hollande | François Ruffin | Fabien Roussel | Yannick Jadot | Jean-Luc Mélenchon |
Ensemble des électeurs NFP | 59 | 49 | 50 | 45 | 42 | 42 |
La France insoumise | 41 | 38 | 44 | 37 | 38 | 75 |
Le Parti communiste | 69 | 56 | 71 | 77 | 45 | 32 |
Le Parti socialiste | 74 | 60 | 52 | 46 | 39 | 20 |
Les Écologistes | 55 | 43 | 42 | 34 | 60 | 25 |
Au final, la nature récente des débats traversant le NFP pour aussi bien le choix d’une ou d’un Premier ministre que du programme à défendre est intimement liée aux attentes de leurs électorats
Ce sont bien les électeurs La France Insoumise qui sont les plus « croyants » : plus que les autres, ils ont voté par adhésion, pensent qu’il s’agit d’une alliance de formations politiques qui sont plutôt d’accord sur le fond, que les votes à l’Assemblée nationale seront identiques au sein du NFP, que le programme sera applicable en totalité et surtout qu’il aura des effets bénéfiques pour la France comme pour les Français. Plus que les autres, ils évoquent, au soir du second tour, l’enthousiasme ou la confiance et souhaitent un gouvernement limité aux forces du Nouveau Front populaire. Plus que les autres, ils anticipent des conséquences positives de l’arrivée du NFP aux responsabilités. Plus que les autres, ils semblent être sur la position « le programme, tout le programme, rien que le programme » centré autour… de La France insoumise.
Ainsi, si l’on voit les difficultés rencontrées par le NFP pour trouver des accords stratégiques, tactiques et de personnalités, celles-ci ne sont pas décorrélées d’attentes et de positionnement des électeurs différents selon leur proximité politique. Ce qui peut être le bon signe d’une cohérence entre citoyens et responsables politiques. Ce qui peut laisser entrevoir des difficultés d’opinion si d’aventure un Premier ministre proposé par le NFP devait être nommé par Emmanuel Macron.
- 1Les données ici présentées sont en grande partie issue de cette enquête réalisée en ligne tout au long de la journée électorale du 30 juin 2024, portant sur un échantillon de 6081 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 5276 personnes inscrites sur les listes électorales françaises. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et comportement électoral antérieur de l’interviewé(e). On retrouvera également des données basées sur une enquête réalisée en ligne les 7 et 8 juillet 2024, après l’annonce des résultats du second tour des élections législatives, portant sur un échantillon de 2496 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 2318 personnes inscrites sur les listes électorales françaises. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région et comportement électoral antérieur de l’interviewé(e).
- 2Ces derniers représentent 14% de l’ensemble des électeurs NFP, les sympathisants de La France insoumise 30%, ceux du Parti socialiste 34% et Les Écologistes 16%.
- 3Ils représentent 12% de cet électorat-là, alors que sur 100 électeurs NFP, 40% avaient voté pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022, et 10% Yannick Jadot.
- 4Rappelons qu’aux élections européennes, 35% des électeurs LFI comme ceux ayant voté pour la liste conduite par Manon Aubry évoquaient ce thème.
- 5À titre de comparaison, notons que les électeurs NFP estiment que, de l’autre côté du spectre politique, l’alliance entre Éric Ciotti et le Rassemblement national était également de circonstance (54% le pensent) et sont partagés quant aux votes communs qui pourraient être adoptés à l’Assemblée nationale. Ainsi la suspicion ne touche pas que le Nouveau Front populaire mais également l’autre alliance.