Parler de socialisme a-t-il encore un sens aujourd’hui ? Oui car, loin d’être d’une expérience politique d’un autre temps, le socialisme est une clé de lecture de la société indispensable pour ne pas être écrasés par la logique du capitalisme, de la globalisation et de la numérisation technologique. Dans son premier ouvrage traduit en français – mais qui est également son testament spirituel –, l’ancien responsable politique italien de premier plan Achille Occhetto montre toute la pertinence aujourd’hui de la synthèse ambitieuse entre question sociale et question environnementale dans le sens de l’écosocialisme, et livre son recueil des « fondamentaux » pour une gauche à la hauteur de notre temps.
« Mon intention principale, au-delà des propositions individuelles, a été celle de définir une conception processuelle de l’idée socialiste, sans la figer dans une vision prédéfinie idéologiquement avant d’en faire l’expérience collective. Je suis ainsi arrivé à définir, par touches successives, l’idée processuelle et expérimentale d’un socialisme immanent, doté d’un projet et d’intentions claires. Le socialisme n’est pas une entité, c’est un processus. Voilà mon socialisme, ou plutôt ma conception personnelle sur la manière dont le socialisme pourrait, dans ses intentionnalités fondamentales, revivre dans le présent, avec la perspective d’un futur meilleur. Voilà ma contribution provisoire et partielle afin de recommencer à discuter d’une perspective qui a longtemps régi les passions du monde et qui a été trop rapidement abandonnée.
Peu importe que les générations futures qualifient de “socialisme” ce discours. Ce qui compte aujourd’hui, c’est que, quiconque se sent héritier de cette tradition – qu’il soit socialiste, communiste, démocrate de gauche ou plus généralement progressiste –, sache, en interagissant avec d’autres parcours d’idées, renouer la discussion entre passé, présent et futur. Pour ne pas seulement laisser aux nouvelles générations l’actuel vide d’idées, mais un legs d’espoir.
Ce que j’ai écrit n’est pas une vérité absolue. C’est mon legs, c’est ma façon de faire mon deuil, c’est mon testament. »
Achille Occhetto
Table des matières
Préface à l’édition française
Avant-propos
Inéluctable avertissement préliminaire
Première partie. Sur les pas d’Antonio Labriola
1. Avant la « Grande scission »
2. L’internationalisme
3. La tragédie du travail
4. Coopération versus compétition
5. Liberté, égalité, fraternité : des espoirs déçus
6. Quelques leçons de méthode
7. Socialisation ou propriété de l’État ?
8. Apprendre de ses échecs
9. Réformistes et révolutionnaires
10. La crise de la social-démocratie
11. L’État : l’origine du scandale
12. Questions ouvertes
13. Pourquoi il n’est pas suffisant de se dire démocrates
14. Mais pourquoi socialisme ?
15. Le socialisme par étapes
Intermède
Deuxième partie. Au seuil d’une nouvelle ère
1. Le capitalisme prédateur
2. Les « missions » économiques et sociales
3. Le paradoxe de la modernité
4. Quel nouveau discours ?
5. Le sort du travail
6. Le tabou de la redistribution
7. La dictature numérique et la démocratisation du cyberespace
8. Le spectre de Big Brother
9. Un conflit plus élevé
10. Le retour de l’internationalisme
11. La pandémie, un tournant dans la conscience mondiale
12. Le virus des armes
13. Réorganiser la démocratie mondiale
14. Un réformisme transnational
15. L’éclipse de la souveraineté
16. Le laboratoire européen
17. La citoyenneté active
18. Liberté et communauté
19. S’entendre sur la liberté
Intermède
Troisième partie. En parlant d’écosocialisme
1. Une croissance heureuse ?
2. Nous n’avons plus le temps
3. La qualité de la croissance
4. Production et reconversion
5. La clef de voûte d’un nouveau modèle de développement
6. Écologie et société : l’écosocialisme
7. Mouvements et partis écosocialistes
8. Le travail, c’est l’entreprise
9. Dignité du travail et démocratie économique
10. La « main visible » de la démocratie
11. Les nouvelles forces motrices du changement
12. Une société à la mesure des femmes
13. Mobiliser ensemble les diversités
14. Un authentique réformisme
15. Quelle politique ?
16. Partis et coalitions
17. Sécurité et pacte démocratique
18. Le temps pour gouverner
19. Pourquoi les populistes
20. Socialisme inconscient
21. Dans l’agora télématique
22. Hors de l’éternel présent
23. Pour une redéfinition du mot socialisme
Adieu
L’auteur :
Achille Occhetto (né à Turin en 1936) est le dernier Secrétaire du Parti communiste italien (PCI). Le 12 novembre 1989, trois jours après la chute du Mur de Berlin, il engage le « tournant de la Bolognina » qui conduit à la dissolution du PCI et à la création, en 1991, du Parti démocrate de la gauche (PDS), dont Occhetto est le premier dirigeant et l’un des fondateurs du Parti socialiste européen auquel adhère le nouveau parti. Il quitte son poste à la tête du PDS en 1994 et la vie politique active en 2006. Son dernier essai, Perché non basta dirsi democratici (Guerini e Associati, 2022), est le premier ouvrage d’Achille Occhetto traduit en français.
L’ouvrage a été traduit de l’italien par Alexandre Chabert et Mila Di Napoli.
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