Prendre Nicolas Sarkozy au mot. Analyser ses idées. Analyser ses actes – à la fois la construction d’un instrument à la présidence de l’UMP et d’un bilan à la tête du ministère de l’Intérieur et de l’Economie. Analyser le style, tant il est indissociable des idées et des actes. Voilà l’ambition de cet essai écrit, en historiens des idées et en observateurs engagés, par Alain Bergounioux et Caroline Werkoff-Leloup. Leur conclusion ? Elle va au-delà de bien des idées reçues.
Trois qualificatifs ont en effet souvent permis de caractériser la « rupture » revendiquée par Nicolas Sarkozy lui-même : le « libéralisme », l' »atlantisme », le « communautarisme ». La thèse est juste. Mais ce que montrent les auteurs, c’est que la réalité est plus complexe. D’abord, parce que le président de l’UMP, à l’approche de l’élection présidentielle, brouille les cartes idéologiques, revendique la République, l’Etat et la nation, infléchit son discours – se posant ainsi en digne héritier de… Jacques Chirac. Ensuite, et plus profondément, parce qu’il existe une vraie spécificité de Nicolas Sarkozy. Cette spécificité trouve sa source dans une vision de la société qui n’est jamais considérée comme un tout, qui est méthodiquement traitée comme un agrégat de segments, voire comme une addition d’individus. Cette spécificité s’exprime aussi dans un style : une communication sous tension qui cultive le conflit. C’est en ce sens que le sarkozysme est inquiétant. Voilà des clefs pour le comprendre.