Les enjeux du soutien à l’insurrection syrienne

Depuis mars 2011, la contestation populaire qui s’est emparée de la Syrie est devenue peu à peu une guerre civile qui s’étend à l’ensemble du pays. Cette Note revient sur les enjeux de la crise, particulièrement celui qui tient à la dynamique interne à l’insurrection.

Depuis le mois de mars 2011, une contestation populaire s’est emparée de la Syrie sans parvenir à renverser le régime de Bachar al-Asad. Face à la violence du régime syrien, l’opposition a été contrainte de s’armer pour protéger les manifestations.
Le passage à la lutte armée a transformé les mobilisations initiales sur deux points. D’une part, le mouvement de contestation qui se déroulait dans les centres urbains se déplace peu à peu vers les zones rurales où les forces de sécurité sont moins présentes. D’autre part, les jeunes urbains éduqués qui organisaient les manifestations sont peu à peu dépassés par des groupes armés issus des campagnes.
Ce passage à la lutte armée n’a pas permis de transformer radicalement le conflit en faveur des insurgés. En effet, la situation de guerre civile qui se déroule depuis plus d’un an maintenant met aux prises des acteurs qui manquent de ressources pour porter des coups décisifs à leurs adversaires, même si l’insurrection a réussi à prendre par les armes quelques bases militaires et aéroports clefs du régime. Le régime syrien n’est plus capable de reprendre les zones aujourd’hui tenues par l’insurrection et doit se contenter de contre-offensives locales et limitées pour préserver les régions stratégiques pour sa survie. Bien que l’effondrement du régime syrien semble inéluctable (tant la configuration stratégique est asymétrique), l’insurrection peine à organiser ses forces armées (problèmes d’approvisionnement, difficultés d’encadrement des recrues). En outre, la légitimé du nouveau pouvoir politique reste fragile dans les zones libérées.
En fait, l’enjeu central de la crise syrienne tient à la dynamique interne à l’insurrection. Dans les régions qu’elles contrôlent, il est primordial que se mettent en place des institutions étatiques capables de prendre le relais de l’Etat central et en mesure de prévenir une concurrence destructrice entre organisations politico-militaires. En effet, l’extension des zones contrôlées par l’insurrection oblige les forces rebelles à trouver de nouvelles ressources pour assurer leur fonctionnement. En outre, l’enjeu réside dans la capacité de l’insurrection à occuper progressivement l’espace laissé vacant par le régime syrien.
C’est à cet objectif que doit s’atteler l’effort diplomatique européen, en s’appuyant sur la vigueur du référentiel national syrien. L’aide extérieure peut avoir un effet décisif. Bien dirigée, elle peut renforcer les institutions naissantes et prévenir la fragmentation politique.
Les pays occidentaux ont un temps relativement limité pour influer sur la formation des structures de l’insurrection. Dans quelques mois, certains phénomènes seront probablement irréversibles.

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