Avant les élections présidentielles du 14 juin 2013, le chercheur Jules Thibault revient sur la place de l’Iran sur la scène internationale et les nouvelles opportunités de négociation sur le programme nucléaire.
Synthèse :
Le 14 juin 2013, les Iraniens sont appelés aux urnes pour élire un nouveau président de la République islamique. Avec le changement de chef d’Etat, les Iraniens auront peut être l’opportunité de renouveler leur offre diplomatique et d’enclencher une nouvelle dynamique dans les négociations sur le programme nucléaire.
Depuis les premières sanctions onusiennes de 2006, le programme nucléaire iranien a continué de se développer, ce qui a entraîné de nouvelles sanctions qui fragilisent les classes moyennes iraniennes pourtant les plus enclines à un changement démocratique.
L’isolement économique de l’Iran se double d’un contexte stratégique moins favorable. Mais l’affaiblissement du pays sur la scène internationale n’a pas empêché la consolidation du régime. Reste à savoir si les diverses forces au pouvoir sont capables de s’accorder sur une ligne et de proposer une figure politique acceptable pour les pays occidentaux. Tel est l’enjeu de la prochaine élection présidentielle.
Pour la onzième élection présidentielle, seuls huit candidats sont autorisés à concourir. Tandis que la sélection opérée par le Conseil des Gardiens a été rigoureuse l’issue du scrutin reste encore indécise. La dynamique de la très courte mais intense campagne électorale risque de produire des effets importants. Les deux priorités restent la gestion économique et la politique extérieure du pays.
Les Etats-Unis sont les seuls capables d’offrir aux Iraniens ce qu’ils demandent. La nécessité d’une ouverture diplomatique américaine a été reconnue dès l’arrivée au pouvoir de Barack Obama en 2009. Cette nouvelle approche de l’Iran s’est rapidement heurtée à des contraintes externes et internes. Après la réélection de Barack Obama en 2012, le contexte est devenu plus favorable à une initiative diplomatique. Le dernier rapport d’avril 2013 défend l’importance d’un engagement diplomatique comme la stratégie la plus conforme aux intérêts américains.
L’Union européenne a longtemps été à la manœuvre pour tenter de négocier la réintégration internationale de l’Iran. Peu de résultats tangibles ont été obtenus et le bilan de l’action européenne sur le dossier iranien reste à faire, d’autant plus qu’un engagement diplomatique des Etats-Unis marginaliserait encore les Européens.
Les pays européens ont néanmoins un rôle à jouer sur le dossier iranien. Les difficultés que pourraient rencontrer l’administration américaine peuvent être compensées par un plan européen de levée progressive des sanctions. Pour renouer les fils du dialogue et amener l’Iran à se conformer aux demandes de la communauté internationale, les Européens doivent avancer de concert. C’est ainsi qu’ils pourront mener une politique enfin conforme à leurs intérêts et donner une ambition internationale à l’Union européenne.
La réintégration internationale de l’Iran permettrait de ré-ouvrir des opportunités économiques aux entreprises européennes. Enfin, l’ouverture de l’Iran renforcerait le poids des acteurs sociaux favorables à un changement démocratique de la République islamique, acteurs qui se trouvent aujourd’hui totalement marginalisés. De tels succès sont loin d’être assurés, mais poursuivre une seule politique de sanctions renforcées risque de déboucher sur une conflagration militaire et une déstabilisation accrue d’une région du monde qui n’en a pas besoin.