L’écosocialisme

Alors que la crise climatique s’intensifie et que les inégalités s’aggravent, Gaëtan Gorce veut redonner aux socialistes l’ambition de transformer la société en choisissant l’écosocialisme, véritable projet de civilisation qui parie sur l’inventivité démocratique et sociale des citoyens.

Historiquement clivée, la gauche est aujourd’hui encore en quête d’identité. Parallèlement, la crise climatique et écologique s’intensifie et la nécessité d’agir est plus grande que jamais. Le socialisme pourra-t-il alors se réinventer à travers l’idée écologique ? C’est la thèse de l’écosocialisme, que Gaëtan Gorce a choisi de développer.

Non sans avoir préalablement mis en garde son lecteur contre l’ambiguïté des différents discours sur l’écologie. Le premier est réactionnaire, qui consiste à opposer le droit de la nature aux droits humains. Le deuxième est technocratique, qui n’envisage la question du réchauffement qu’à travers les solutions qu’offriraient la technologie ou la réglementation. Gaëtan Gorce critique vivement ces deux approches, leur préférant un projet associant l’écologie à l’humanisme. Projet qui ne condamne pas la science et les technologies mais les pense comme outils au service d’un autre modèle de développement plus économe de ses ressources et respectueux de l’environnement. Ce qui devra conduire à réviser entièrement notre manière de produire comme de consommer.

L’auteur y voit une opportunité pour le socialisme, invité à entrer dans son « troisième temps », après le temps révolutionnaire puis celui de la social-démocratie. Loin de proposer un ralliement à l’écologie politique ou à une philosophie écologiste, il considère l’éco-socialisme comme le prolongement et l’actualisation d’une ambition originale et séculaire visant à remettre l’économie au service de la société ; comme l’occasion aussi de redéfinir les concepts-clefs autour desquels la gauche s’est historiquement construite. Ainsi du progrès dont le contenu devra être repensé ; de l’égalité mise en cause par la dégradation de l’environnement qui affecte plus durement les peuples et les populations les plus pauvres. Ainsi du rôle de l’Etat, contesté depuis la chute du Mur de Berlin, et dont la réforme se révèlera indispensable pour accompagner les initiatives locales et régionales nécessaires à la maîtrise de notre production comme de notre consommation d’énergie. Ainsi de la démocratie dont l’approfondissement sera inséparable des arbitrages complexes auxquels la crise écologique soumettra nos sociétés.

Cette orientation sera, selon lui, facilitée par l’attachement que le mouvement socialiste porte à des valeurs qui seront au cœur du nouveau modèle de développement rendu nécessaire par le réchauffement : le souci de l’intérêt général, le respect du citoyen, l’humilité, la coopération et la convivialité, tous principes dont le Parti socialiste s’est aujourd’hui malheureusement éloigné.

L’auteur, enfin, insiste sur l’urgence d’une telle mutation tant on peut redouter que, face à la confusion politique et idéologique dans laquelle est englué le combat pour l’environnement, celui-ci soit récupéré par un courant conservateur n’hésitant pas à jouer sur les angoisses suscitées par la menace d’une possible catastrophe pour imposer des mesures inégalitaires et sécuritaires.

Pour Gaëtan Gorce, le clivage droite/gauche n’oppose plus l’ordre au mouvement, mais la peur que suscite l’incertitude du monde qu’exploitera sans vergogne une partie de la droite et la confiance dans l’avenir que la gauche doit rétablir en montrant que la société peut se donner collectivement les moyens de reprendre son destin en main.

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