La connaissance et la mémoire de Jean Jaurès dans la population française

Jean Jaurès demeure une figure centrale de la gauche et de notre histoire politique. Au moment où diverses manifestations commémorent le centième anniversaire de son entrée au Panthéon, le 23 novembre 1924, une enquête Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès fait le point sur sa connaissance et sa mémoire dans la population française. L’historien Gilles Candar tire les enseignements principaux de ses résultats.

Cette enquête me semble être une première concernant Jaurès, du moins dans le cadre des études jaurésiennes ou ses alentours. Bien entendu, il serait tentant d’établir un parallèle avec la grande enquête menée au début des années 1960 par Jacques et Mona Ozouf sur les quatre mille institutrices et instituteurs ayant exercé avant 19141Jacques Ozouf, Mona Ozouf, avec Véronique Aubert et Claire Steindecker, La République des instituteurs, Paris, Gallimard/Le Seuil, « Hautes études », 1992. : un autre monde et une autre époque… L’historiographie spécialisée signale aussi une enquête réalisée sous les auspices du professeur Georges Castellan dans la région de Poitiers en 1962-1964, sur 110 personnes ayant connu 1914, donc alors âgés d’au moins 65 ans2Actes du colloque Jaurès et la nation, Toulouse, Publications de l’université de Toulouse, 1965, pp. 107-121.. Par ailleurs, Jean Rabaut avait étudié 240 questions de téléspectateurs concernant Jaurès après une émission des Dossiers de l’écran qui lui était consacrée3Bulletin de la SEJ, n°51, octobre-décembre 1973, pp. 13-16.. Rien de comparable, on le voit, avec cette enquête menée, selon les règles de l’art, sur un échantillon représentatif de 1005 personnes selon la méthode des quotas. Pour le centenaire de la panthéonisation (2024), plus encore qu’au moment du centenaire de l’assassinat (2014), à un moment où les gauches apparaissent à la fois incertaines et en recherche, unies malgré tout et profondément divisées, en tout cas fortement interpellées et souvent en difficulté, il importait de prendre la mesure, sans tabou ou faux préjugé, sur les grandes lignes de l’état actuel dans la population française de la connaissance et de la mémoire de Jaurès, personnalité traditionnellement présentée comme populaire et reconnue par toutes les gauches, de l’antique parti radical jusqu’au NPA, en passant par les socialistes, écologistes, communistes, insoumis et autres4Cette note est une réaction presque immédiate à l’enquête présentée ci-après. Merci à Guy Dreux et Thierry Mérel pour leurs remarques et suggestions avisées..  

Jaurès, un politique et un penseur

Plus des deux tiers (68%) des personnes interrogées identifient Jaurès comme un responsable politique, avec des résultats allant de 55 à 90% selon le niveau des diplômes. À peu près 40% des réponses dans les diverses catégories le désignent aussi comme un historien et un philosophe et de 10 à 30% comme un journaliste (19% en moyenne), toutes réponses pouvant être considérées comme exactes. L’identification socio-professionnelle me paraît donc se situer à un niveau élevé. Il serait bien entendu intéressant de disposer de données pour des personnalités comparables de la même époque (Clemenceau, Briand, Poincaré). Cependant, comme il est fréquent en histoire de signaler que nombre de gens ignorent les grands changements ou les noms des principaux dirigeants de leurs générations (Eugen Weber dans La fin des terroirs par exemple, songeons aussi au souvenir d’Edgard Pisani jeune préfet à la Libération félicitant un paysan généreux et réalisant que celui-ci n’a pas compris que le maréchal Pétain n’était plus au pouvoir…), il me semble que la reconnaissance sociale de Jaurès est ici pleinement attestée. D’autant que le génie pluraliste du « continent » Jaurès peut expliquer certaines identifications apparemment surprenantes : Jaurès n’est certes pas un militaire, mais il a écrit L’Armée nouvelle, a lutté contre le danger de guerre tout en participant à la commission de la guerre de la Chambre des députés et sa famille compte de nombreux amiraux (cinq au total) et officiers. Les plaques de rue le présentent avec des appellations variées : « historien et sociologue » à Villejuif par exemple, « avocat » ailleurs, etc. De même, il s’est beaucoup intéressé aux industries et à la vie de ceux qui travaillaient dans l’industrie, ouvriers, mais aussi patrons et ingénieurs ; il est même permis de rappeler que tous les grands orateurs ont à voir avec le métier d’acteurs, etc.

Cela dit, il est certain que les différences de générations sont fortes : les trois quarts des plus de 65 ans le voient en responsable politique, c’est moins d’un tiers chez les 18-24 ans. L’érosion est donc certaine, même si le total des « bonnes réponses » dans la catégorie la plus jeune atteint encore à peu près la moitié des réponses. Elle me semble poser la question de la place de Jaurès dans les programmes scolaires plus que celle de la transmission familiale tout de même très aléatoire pour une personnalité disparue voici plus de cent dix ans.

Encore plus importantes dans l’identification interviennent les différences de revenus, mais celles-ci recouvrent probablement de fortes disparités dans l’accès aux diplômes et donc aux formations qui y conduisent. Celles-ci se lisent aussi dans la ventilation par sympathies politiques. Les électeurs de gauche, surtout ceux du Parti socialiste, identifient bien Jaurès, avec une minorité substantielle l’identifiant moins précisément chez les sympathisants de La France insoumise. Les scores sont encore plus élevés dans les secteurs favorables au président Macron, ce qui se corrèle probablement ici par le niveau de diplôme plus élevé comme par la plus grande importance des urbains dans cet électorat, et encore très hauts dans la droite classique. C’est sans doute pour ces mêmes raisons que l’identification « Jaurès homme politique » se révèle plus forte chez les électeurs d’Emmanuel Macron (77%) et de Valérie Pécresse (70%) que chez ceux de Jean-Luc Mélenchon (61%).

Les seuls décrochages, relatifs puisque portant sur une moitié environ de chaque contingent, se produisent chez les électeurs du Rassemblement national ou sans préférence partisane. Ce retrait est probablement celui de l’électorat populaire de Marine Le Pen. L’électorat réputé plus diplômé et « bourgeois » de Reconquête se situe à un niveau proche de celui des autres contingents politiques.

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Une référence aux contours très larges ?

En revanche, la période historique dans laquelle a vécu Jaurès est connue de manière beaucoup plus floue. Un tiers des Français le situent « à la Belle Époque » au tournant des années 1900. La différence est grande entre les 18-24 ans (19% seulement) et les plus de 65 ans (39%). Le terme de « Belle Époque », largement rétrospectif et assez journalistique, n’a peut-être pas aidé. La proximité de la mort de Jaurès avec la Grande Guerre a pu faire basculer des réponses vers l’entre-deux-guerres, d’autant que cette réponse obtient des scores assez élevés dans les catégories les plus âgées.

Une courte majorité qui l’identifie à la gauche (54%), est-ce beaucoup ou non ? La distinction par le diplôme est importante, du simple au double pratiquement (de 38% des non ou peu diplômés à 72% des diplômés supérieurs). Le critère d’âge joue beaucoup aussi. Les deux tiers des plus de 50 ans, grosso modo, le situent à gauche et seulement un gros tiers des moins de 35 ans ! Mais il faut nuancer les faibles majorités par l’importance de « ceux qui ne savent pas » (34%) avec la même différence selon les diplômes (de 13% pour les plus diplômés à 53% pour les non-diplômés). Est-il si étonnant que le terme assez complexe, d’origine parlementaire plus que populaire, de « gauche », qui a beaucoup évolué au cours des deux derniers siècles, ne soit pas si aisément repéré et identifié ? Ce qui importe le plus sans doute est que Jaurès n’est identifié que par très peu de personnes comme se situant au centre ou à droite, avec l’apparent paradoxe – ou saine clairvoyance ? – d’une non-identification à la droite par les catégories les moins diplômées (2%) ! Il existe aussi une petite fraction de la jeunesse qui se montre un peu plus prompte que la moyenne à classer Jaurès au centre (16%), sans doute en miroir de ce qu’elle pense être sa propre radicalité ? Cela se confirmerait par le fait que 21% des sympathisants de La France insoumise situent Jaurès au centre. On peut supposer que, jadis, les milieux d’extrême gauche, trotskistes, maoïstes ou libertaires, une part des secteurs les plus à gauche du Parti communiste (les bolchevisés des années 1920 avant le grand tournant républicain de 1934-1935, les syndicalistes révolutionnaires et une part de la SFIO guesdiste ou hervéiste d’avant 1914) auraient répondu de même ! Jaurès se situait dans la gauche de son époque, qui évidemment s’est transformée et a évolué depuis son époque. Que l’ensemble des évolutions depuis plus d’un siècle du langage, de la culture et de la société comme de la politique aboutisse aujourd’hui à une majorité modérée pour son identification « à gauche » nous semble finalement apporter une réponse sensée et rationnelle à une question faussement simple.

Au sujet des sympathisants de La France insoumise (LFI), il convient aussi de prendre garde à ce qu’une nette majorité d’entre eux (60%) situent tout de même bien Jaurès à gauche. Indice léger, mais supplémentaire, que s’il existe une minorité, certainement affirmée et militante, des sympathisants de LFI (les 21% qui situent Jaurès au centre, même si ce peut être aussi par simple ignorance ?) dans son électorat, sa majorité conserve des réponses proches de celles de l’ensemble de la gauche (socialistes, écologistes et probablement communistes traditionnels).

L’historiographie voit souvent en Jaurès le dénominateur commun des gauches. Il est en tout cas très souvent utilisé ainsi, et aussi bien Jacques Girault que Jean-Pierre Rioux, Jacqueline Lalouette ou Catherine Moulin, Marion Fontaine et beaucoup d’autres (moi aussi…) ont eu l’occasion d’en fournir maints exemples, du Front populaire au Programme commun ou à la gauche plurielle et à ses succédanés5Voir toutes les bonnes bibliographies jaurésiennes ou les sites internet de la Société d’études jaurésiennes comme de l’Association des amis de Jean Jaurès à Toulouse.. Mais cela conduit aussi à ne pas réserver le député de Carmaux au seul camp du socialisme spécifique.

Moins d’un cinquième des socialistes et des électeurs de Renaissance et ses alliés voient en Jaurès la meilleure incarnation du socialisme, soit 13% du total. Chez les socialistes, les écologistes, Renaissance, mais aussi la droite LR et au RN, il arrive derrière François Mitterrand, dont la mémoire, moins de trente ans après sa mort, reste encore vive. De fait, Mitterrand est deux fois plus identifié au socialisme (25% de l’ensemble) proprement dit que Jaurès. On ne s’étonnera pas trop que l’électorat de LFI choisisse Jean-Luc Mélenchon (à 26%). On s’amusera à voir des contemporains obtenir des scores assez limités (de 6 à 7% pour Jean-Luc Mélenchon, François Hollande, Lionel Jospin et Michel Rocard) avec des pointes étonnantes : François Hollande obtient 17% à LR, Michel Rocard 14% à LR aussi ainsi qu’à Renaissance, Lionel Jospin a des scores plus réguliers avec un frémissement de reconnaissance chez les Insoumis (9%). Sans doute bien associé au Front populaire et à ses conquêtes (congés payés, semaine de 40 heures, conventions collectives…), Léon Blum devance Jean Jaurès à gauche, notamment chez les Insoumis et les écologistes. Mais Jaurès prend l’ascendant au centre et à droite. Bien entendu, cela ne marque pas une éventuelle préférence, mais juste l’identification comme « incarnation du socialisme », laquelle peut être plus ou moins positive, négative ou neutre. Mais la répartition entre les deux figures « historiques » est assez nette et suffisamment constante pour être relevée. La préférence socialiste pour l’identification à Blum peut se comprendre. Premier chef de gouvernement socialiste en France, Blum est aussi celui qui se distingue aussi bien de ses adversaires du centre ou de la droite que de ses rivaux communistes depuis le congrès de Tours (1920). Cette distinction peut être antagonique (période du « classe contre classe » des communistes ou de la guerre froide) ou au contraire coopérative, voire fraternelle (Front populaire, Libération), mais elle existe toujours.

Sur le critère des revenus, on peut remarquer que si pour toutes les catégories (âges, diplômes, votes, etc.), Mitterrand incarne plus la gauche que Jaurès, c’est seulement pour les revenus les plus élevés (supérieurs à 2500 euros) que le résultat est inversé avec 23% pour Jaurès et 19% pour Mitterrand. La deuxième inversion des résultats concerne les catholiques pratiquants : 22% Jaurès, 21% Mitterrand.

L’identification spécifique de Jaurès au socialisme est mieux portée par un public d’âge au moins moyen, au-dessus de 35 ans, davantage par les hommes que par les femmes, avec une certaine diversification sociale (une pointe chez les artisans et commerçants, un creux chez les employés, avec des résultats comparables chez les ouvriers, les cadres et les professions intellectuelles) et un équilibre régional à l’avantage de la région parisienne, ce qui me semble contre-intuitif. La même région est la seule à conserver une trace de Jules Guesde : hasard des nomenclatures, présence d’une odonymie militante en banlieue ? Peut-être aussi abaissement de la moyenne « provinciale » par l’association de régions très jaurésiennes (le Midi) avec d’autres qui le sont beaucoup moins (le Grand Est notamment) ? Pour le reste, il est peut-être à noter que les sympathisants socialistes et Renaissance/MoDem/Horizons s’accordent à identifier davantage le socialisme à des personnes historiques : ils situent tous les deux Jaurès et Blum à plus d’un tiers des références, davantage donc que les écologistes ou les Insoumis qui les suivent. Mitterrand fait mieux que ces deux figures historiques réunies chez les écologistes, les LR et le RN, ensemble certes très disparate mais qui a, peut-être, en commun un moindre intérêt à l’égard des cultures classiques de la gauche française.  

Juste une confirmation au passage : en dehors de quelques diplômés de la région parisienne, Jules Guesde est totalement sorti de la mémoire collective. On s’en doutait un peu et c’est d’ailleurs ce que concluait voici deux ans la journée d’études organisée à l’occasion du centenaire de son décès6Actes de la Journée Jules Guesde aujourd’hui organisée par Jean-Louis Robert, Jean-Numa Ducange et Gilles Candar sur le site de la Société française d’histoire politique..

Rappelons pour conclure sur ce point notre remarque initiale : Jaurès est la figure de l’unité de l’ensemble de la gauche, constamment invoqué comme tel, du Cartel des gauches qui l’envoie au Panthéon en 1924 au Front populaire ou à la période Mitterrand qui commence par le triple hommage au même Panthéon à Jean Jaurès, Jean Moulin et Victor Schoelcher. Il est donc moins facilement mobilisable comme incarnation du seul socialisme considéré comme courant de la vie politique française.

Et maintenant, que faire de Jaurès ?

Une nette majorité se prononce pour une plus large place du rôle et de la vie de Jean Jaurès dans les programmes scolaires. La majorité d’ensemble (51% pour la moyenne) s’accroît avec le niveau de diplômes (jusqu’à près de 60%). Il est à observer que ceux qui ne le souhaitent pas expressément ne représentent qu’une faible minorité du groupe des non-diplômés/CAP/BEP (10% environ), constante d’ailleurs dans toutes les catégories. C’est la part des « ne savent pas » qui augmente dans les groupes moins diplômés. Les différences par groupes professionnels et par âges ne semblent pas très probantes. Néanmoins, la demande s’exprime un peu plus fortement chez les plus jeunes et dans les catégories moyennes et supérieures, davantage en grandes villes qu’à la campagne.

La gauche, notamment les sympathisants socialistes et écologistes, sont plus nombreux à le demander que la droite, ce qui se conçoit aisément, mais il est intéressant de noter que l’électorat du RN et de Reconquête partage la même attente, sans doute par volonté de renouer une chaîne des temps et de retrouver une évocation de la nation avant les temps jugés plus troublés de la période contemporaine.   

Si on cherche à relier Jaurès aux grands combats contemporains, il est extrêmement significatif qu’arrivent largement en tête la défense des travailleurs et des ouvriers, à égalité avec les libertés et la République. C’est le Jaurès évoqué par la chanson de Jacques Brel ou encore par Les corons de Bachelet, c’est aussi le Jaurès des grands combats sociaux pour des droits élémentaires, la création d’une journée hebdomadaire de repos, la diminution de la journée de travail (les 10 heures puis la revendication des 8 heures), les premières retraites ouvrières et paysannes, la liberté de se syndiquer et de faire grève, y compris dans certaines professions alors totalement empêchées de le faire (dont les fonctionnaires), mais aussi implicitement les temps de l’affaire Dreyfus, la lutte contre le militarisme, le nationalisme, pour le droit de manifester, etc. L’électorat écologiste semble le plus avancé pour placer en priorité le combat social, ce qui peut surprendre, davantage en tout cas que le moindre intérêt pour le sujet chez les sympathisants de Renaissance. Chez ces derniers, comme chez Les Républicains, mais à un moindre degré, ce sont les combats plus directement liés à l’organisation de la Cité – les libertés et la Cité, la République – qui sont énoncés en priorité. Ce clivage ne doit pas être exagéré : un tiers des sympathisants Renaissance place en tête la défense des travailleurs et la laïcité est de même mise en avant par un bon tiers de la gauche, c’est valable aussi bien pour les sympathisants écologistes que socialistes ou insoumis. De même, le Jaurès pacifiste et internationaliste arrive en quatrième position, mais à proximité des trois autres thèmes. Il est cité par près d’un tiers des personnes interrogées, toutes affiliations politiques confondues à l’exception du Rassemblement national où il est un peu plus en retrait, cité par un cinquième seulement. Le tableau des citations des différents thèmes fait apparaître une situation plutôt équilibrée entre ces divers aspects, répartis dans des proportions finalement assez proches. Seuls l’humanisme et la culture sont finalement peu reliés à Jaurès. Est-ce l’effet de formulations un peu abstraites et trop générales ? Peut-être aurait-il fallu citer plus précisément la défense de l’école publique, gratuite et universelle ? Ou le combat pour l’abolition de la peine de mort ? Ou tout simplement, il est sans doute moins besoin d’avoir un recours spécifique à Jaurès pour des valeurs certes toujours vivaces, mais très souvent renouvelées, féminisées, rajeunies et bousculées depuis son époque. Encore que… Que plus d’un quart des sympathisants de La France insoumise cite précisément la défense de l’humanisme et de la culture comme un combat d’actualité aujourd’hui n’est pas anodin, aussi bien pour prendre la mesure de la profondeur de l’écho encore rencontré par Jaurès que pour comprendre les motivations et les attentes de cette fraction de l’électorat qui s’est constituée au cours de la dernière décennie.

Ce premier regard est évidemment bien rapide. Il devra être complété et confronté à d’autres avis. Il me semble néanmoins que cette enquête permet de conclure à un Jaurès encore bien présent dans la mémoire et dans les préoccupations de nos concitoyens, avec des nuances certaines, des différences mêmes, entre âges, professions ou sympathies politiques. Mais enfin l’essentiel demeure. Jaurès participe bien à une demande actuelle d’élargissement des possibilités humaines, de constitution d’une humanité finalement plus concrète et reliée aux anciens combats de la gauche ou des gauches qu’on pourrait le penser. Plus que les belles envolées oratoires, c’est bien l’effort tenace et effectif pour une République sociale, démocratique et laïque qui demeure attaché au souvenir de Jean Jaurès.  

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    Jacques Ozouf, Mona Ozouf, avec Véronique Aubert et Claire Steindecker, La République des instituteurs, Paris, Gallimard/Le Seuil, « Hautes études », 1992.
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    Actes du colloque Jaurès et la nation, Toulouse, Publications de l’université de Toulouse, 1965, pp. 107-121.
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    Bulletin de la SEJ, n°51, octobre-décembre 1973, pp. 13-16.
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    Cette note est une réaction presque immédiate à l’enquête présentée ci-après. Merci à Guy Dreux et Thierry Mérel pour leurs remarques et suggestions avisées.
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    Voir toutes les bonnes bibliographies jaurésiennes ou les sites internet de la Société d’études jaurésiennes comme de l’Association des amis de Jean Jaurès à Toulouse.
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    Actes de la Journée Jules Guesde aujourd’hui organisée par Jean-Louis Robert, Jean-Numa Ducange et Gilles Candar sur le site de la Société française d’histoire politique.

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