La biographie proposée par l’historien Matthieu Boisdron, lauréat du prix de thèse 2021 de l’Assemblée nationale en histoire de l’institution parlementaire, est une plongée passionnante dans l’histoire de la IIIe République et du mouvement socialiste français à travers la vie d’un homme remarquable et pourtant méconnu, Joseph Paul-Boncour.
Personnalité oubliée de la IIIe République, Joseph Paul-Boncour a pourtant joué pendant l’entre-deux-guerres un rôle politique et diplomatique important. Représentant l’aile droite du parti socialiste, non marxiste, favorable à la défense nationale comme à la participation gouvernementale aux côtés des radicaux, le parlementaire fait tout au long des années 1920 figure de « frondeur » parmi les siens. S’il ne parvient pas à réorienter son parti et le quitte au début des années 1930, Paul-Boncour trouve ailleurs les moyens d’exposer et de défendre ses conceptions. Membre du Conseil supérieur de la défense nationale, délégué de la France à la Société des Nations, ministre de la Guerre puis des Affaires étrangères, et même fugacement président du Conseil, il compte parmi les quelques responsables politiques qui façonnent la politique extérieure de la France au cours de cette cruciale décennie. Malgré sa compréhension du danger nazi, il échoue à imaginer une réponse efficace aux visées allemandes.
Et si Paul-Boncour compte parmi les quatre-vingt parlementaires qui s’opposent au vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain, l’ampleur de la défaite de 1940 a compromis son bilan et durablement évacué son souvenir de la mémoire collective nationale.
Matthieu Boisdron, Joseph Paul-Boncour (1873-1972), Sorbonne Université Presses, 2023