Jean-Michel Rosenfeld, décédé le 4 mars dernier, a témoigné sa vie durant de ses engagements au service de la gauche, de la République et de la culture. Jean-Marc Ayrault rend hommage à celui qui fut un ami de la Fondation Jean-Jaurès, à laquelle il a été fidèle jusqu’à la fin.
Ceux qui l’ont connu le savent : Jean-Michel Rosenfeld était un autodidacte et son parcours en est d’autant plus remarquable. Né en 1934 dans une famille d’origine juive polonaise installée en France depuis le début du siècle, il a connu la guerre, un père prisonnier, les menaces de rafles, le port de l’étoile jaune, qui le marque à jamais. Quittant l’école à quinze ans, il exerce différents petits métiers – qu’il racontera plus tard, en des mots touchants, dans ses Mémoires – puis découvre l’engagement spirituel, au sein du Grand Orient de France, et politique, à la SFIO, dans les années 1960. Conseiller municipal à plusieurs reprises, il rejoint en 1979 les équipes de Pierre Mauroy au Parti socialiste. Plus qu’une collaboration, c’est une longue amitié qui commence et Jean-Michel témoignera de sa loyauté sans faille en bien des circonstances.
En 1981, après la victoire de la gauche – enfin ! –, Jean-Michel Rosenfeld suit Pierre Mauroy à Matignon en tant que chargé de mission pour la presse, la communication et les relations extérieures. Après la démission du Premier ministre, il est chef adjoint de cabinet auprès de Michel Delebarre, ministre du Travail, puis membre de la section « Cadre de vie » au Conseil économique et social à deux reprises, et enfin sous-directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés de 1993 à 1998. Toutes ces années, il restera un homme de confiance de Pierre Mauroy, qui en fera son conseiller spécial quand il créera la Fondation Jean-Jaurès en 1992, mais aussi un homme aux multiples engagements publics, dévoué à sa section socialiste comme à son mandat d’adjoint au maire du 20e arrondissement, et contributeur régulier du cercle Bernard Lazare. La culture, qu’il chérissait sous toutes ses formes, l’a également accaparé et il disait souvent sa fierté d’être président d’honneur de la Scène nationale de Créteil.
Écouter Jean-Michel raconter ses souvenirs, c’était saisir plus de soixante-dix ans d’histoire politique française de la manière la plus vivante qui soit, à travers des anecdotes parfois cocasses, parfois graves, toujours pertinentes. Car nombreux furent ceux et celles qu’il a accompagnés – François Mitterrand bien sûr, Pierre Mauroy surtout, mais aussi Bertrand Delanoë, François Hollande, Anne Hidalgo ou George Pau-Langevin – et à qui il est resté fidèle, comme il est resté fidèle à ses convictions socialistes, à son idéal républicain et à sa foi en la fraternité, qui était pour lui un engagement de tous les jours.
Toute l’équipe de la Fondation tient à s’associer à la peine de sa famille, et particulièrement de sa fille et de ses petits-enfants à qui il était tant attaché.