Jalon important dans la concrétisation de la volonté de la Fondation Jean-Jaurès de se doter d’un nouveau réseau de partenaires dans les principaux pays émergents, un colloque à Delhi a permis de faire apparaître les convergences de vue avec son partenaire, l’Association pour le socialisme démocratique (ASD).
Il n’y a pas en Inde de parti évidemment homologue des partis socialistes européens : si le Parti du Congrès se réclamait à ses débuts de l’idéologie socialiste, il est devenu depuis longtemps une organisation aux références beaucoup plus diversifiées ; et si, au niveau des Etats de la Féderation indienne, on trouve encore des partis porteurs de l’intitulé « socialiste », voire « communiste », ceux-ci n’ont pas de rayonnement national. Trouver un partenaire digne de ce nom relevait dans ces conditions de la gageure, gageure relevée cependant grâce à la ténacité de la responsable Asie de la Fondation et à la connaissance du terrain du responsable Inde du PS. L’ASD réunit en effet des hommes et des femmes se définissant clairement comme « de gauche » au sens européen du terme : intellectuels, souvent universitaires ; élus nationaux de plusieurs des partis qui constituent la coalition gouvernant l’Inde aujourd’hui ; élus d’Etats représentatifs des catégories sociales défavorisées et des basses castes. Les débats du colloque ont confirmé l’identité des valeurs et aussi, ce qui était moins évident, la proximité des concepts et des préoccupations. Les convergences de vues sont apparues très nombreuses, sur la nécessité de régulations mondiales, sur la définition de règles commerciales améliorant la situation du plus grand nombre et pas seulement celle de minorités déjà favorisées, sur l’importance de penser un monde multipolaire respectant les identités de ses composantes. En même temps, nombre d’interventions vigoureuses rappelaient les réalités indiennes qui étaient l’une des raisons d’être du colloque : 800 millions de personnes dépendant encore de l’agriculture, 500 millions vivant en dessous du seuil de pauvreté, encore près de 40% d’illettrés, etc… : quelle autre mondialisation est nécessaire pour réduire les fractures du Sud sans approfondir les fractures du Nord ??Deux journées ont ensuite été consacrées par le responsable du département international de la Fondation Jean-Jaurès à des contacts qui ont permis de mieux cerner les attentes de la partie indienne, à l’égard de la France et de l’Union européenne d’une part, de la Fondation Jean-Jaurès d’autre part. A la fois en tant que puissance émergente et en tant que pôle culturel, l’Inde continue visiblement de se vivre comme « non alignée » et recherche des partenaires pouvant partager cette vision, au niveau des Etats ou des regroupements d’Etats comme au niveau de leurs acteurs politiques. Sur un tel terrain, la Fondation Jean-Jaurès a certainement un rôle à jouer, qui paraît pouvoir être de longue durée et d’une certaine importance.??En conclusion concrète, un programme d’activités avec l’ASD a été defini pour 2009 et des perspectives tracées pour la suite. L’année 2009 pourrait être marquée par la tenue de deux colloques : le premier, à Paris ou à Bruxelles, sur la comparaison des natures et des structures de la Fédération indienne et de l’Union européenne ; un second, en Inde, sur le volet agricole des négociations de l’OMC et la possible définition de positions communes franco-indiennes.Pour la suite, deux thèmes de réflexion commune possible sont ressortis avec insistance: la laïcité, vitale pour l’unité indienne et consubstantielle à l’identité de la république française ; l’organisation d’un monde multipolaire, permettant de partager équitablement les avantages et de limiter les inconvénients d’une mondialisation devenue de toute façon incontournable.