Élections allemandes : le SPD vainqueur du premier débat

Organisé dimanche 29 août 2021 par la chaîne de télévision privée RTL, le premier débat entre les trois prétendants à la succession de la chancelière Angela Merkel a suscité un grand intérêt du public. 

Une audience au rendez-vous

Où les téléspectateurs allemands allaient-ils obtenir leur dose de frisson dominical, dans le crime ou la politique ? Si le film policier diffusé par la grande chaîne publique allemande ARD est finalement arrivé en tête des audiences, le score de 7,19 millions de téléspectateurs s’est situé bien en dessous des moyennes habituelles pour ce feuilleton prisé des Allemands depuis plusieurs décennies. 

La faute en incombe au succès rencontré par le « Triell » : le premier débat à trois de l’histoire de la télévision allemande organisé entre Annalena Baerbock, des Verts, et ses deux concurrents, Armin Laschet (CDU) et Olaf Scholz (SPD). Avec 5,05 millions de téléspectateurs, la chaîne privée RTL a battu son record d’audience, arrivant même en tête auprès des téléspectateurs de 14 à 49 ans. 

Notons que néanmoins que, comparé à 2017, le score fait pâle figure. Plus de 16 millions de téléspectateurs avaient alors suivi le débat entre Angela Merkel et Martin Schulz. Une différence qui s’explique en partie par le fait qu’il s’agissait alors du seul et unique débat organisé au cours de la campagne et qu’il avait été diffusé simultanément sur cinq chaînes de télévision différentes. À l’inverse, deux autres débats sont prévus au programme de la campagne 2021. 

Les performances des candidats

Se présentant sous un jour combatif, Arnim Laschet s’en est surtout pris à Olaf Scholz en l’attaquant notamment sur une éventuelle coalition qu’il pourrait former avec Die Linke. De son côté, Annalena Baerbock s’est efforcée de se présenter comme une candidate sérieuse, disposant d’un plan concret pour protéger le climat et toujours dans la course pour la victoire. En pleine ascension dans les sondages, Olaf Scholz a quant à lui continué à essayer d’incarner le changement dans la continuité par rapport à l’ère Merkel. Fort de son incontestable expérience gouvernementale et de sa nouvelle stature, il a pris de la hauteur et le plus souvent laissé ses concurrents parler dans le vide. 

Le SPD, gagnant incontesté 

Au-delà des audiences, c’est Olaf Scholz qui semble l’avoir emporté. C’est ce qu’il ressort d’une enquête réalisée par Forsa pour le compte de RTL et NTV : 36 % des sondés estimaient que Olaf Scholz avait été le meilleur des trois candidats, tandis que 30 % désignaient Annalena Baerbock et seulement 25 % citaient Armin Laschet. À la question « À qui faites-vous le plus confiance pour diriger le pays ? », 47 % ont choisi Olaf Scholz, 24 % Armin Laschet et 20 % Annalena Baerbock. De même, interrogés pour savoir « Qui avez-vous trouvé le plus informé et compétent ? », les sondés ont placé Olaf Scholz en tête avec 46 %, contre 26 % pour Arnim Laschet et 24 % pour Annalena Baerbock. Le candidat du SPD arrive également sur le première marche pour la question de la compétence : 36 % le désignent comme le plus crédible, contre 32 % pour Annalena Baerbock et 25 % pour Armin Laschet. 

Gagnant sur la compétence, Olaf Scholz a également marqué des points de popularité personnelle : à la question « Qui avez-vous trouvé le plus sympathique ? », 38 % des sondés le plaçaient en tête, devant Annalena Baerbock (37 %) et Armin Laschet (22 %). 

Des réactions politiques plutôt attendues

Les réactions politiques recueillies à la sortie du débat ont été plutôt attendues.

Dietmar Bartsch, le leader de Die Linke, a jugé qu’il avait observé trois candidats mais entendu un seul avis, soulignant avec malice que si lui n’avait pas été autorisé à s’endormir il se déclarait toutefois heureux pour les Allemands qui en avaient eu la possibilité. Les Verts estimaient de leur côté qu’Annalena Baerbock avait été la meilleure, tandis que la CDU affichait son soutien à Arnim Laschet.

Mais les réactions n’ont pas toutes été aussi lisses. Parmi les commentaires publiés à l’issue du débat, le tweet du président de la CSU, Markus Söder, saluant la bonne performance et la nette victoire d’Armin Laschet, n’a pas manqué de faire réagir : nombreux ont été les observateurs qui ont crû y déceler une certaine ironie tant le candidat de la CDU/CSU semble plus que jamais donné perdant dans la course à la chancellerie. De fait, cela fait déjà plusieurs semaines que Markus Söder n’hésite pas à user de provocations et railleries envers un Arnim Laschet qu’il juge trop faible et dont il estime qu’il est le principal responsable de la montée en flèche dans les sondages de la candidature d’Olaf Scholz.

L’extrême droite mise hors-jeu

Le débat a été l’occasion de mettre sur la table toutes les forces et faiblesses des trois candidats, qui offrent chacun de réelles alternatives. Cette soirée consacrée à la politique, aux idées et aux arguments a aussi été une belle réponse apportée à tous ceux qui, en Allemagne ou ailleurs en Europe, doutent de la démocratie. Il faut le saluer, de même qu’on peut d’ores et déjà se satisfaire de la déroute annoncée des extrémistes de droite, qui ne seront pas en mesure de peser sur la formation et la composition du prochain gouvernement allemand. Toutefois, rien n’est encore joué au terme de ce débat et les dernières semaines de campagne seront décisives. 

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