Claude Estier est décédé à 90 ans le 10 mars 2016. Journaliste, il fut aussi un acteur important de l’histoire du Parti socialiste et des gauches françaises au XXe siècle. Retrouvez son parcours en images.
À la suite d’une participation active dans des groupes liés à la Résistance, Claude Estier devient, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le correspondant à Paris du journal Le Progrès de Lyon. Dans le même temps, il adhère à la XVIIIe section de la SFIO et entre au service politique du quotidien Le Populaire. Mais il en est respectivement exclu et licencié dès la fin de l’année 1947 pour la rédaction d’un article hostile à Jules Moch dans La Revue internationale.
C’est pourquoi Claude Estier participe à la formation du Parti socialiste unitaire et se consacre, pendant une quinzaine d’années, au journalisme. Il collabore notamment, avec Gilles Martinet, Claude Bourdet et Roger Stéphane, à la fondation, en 1950, de L’Observateur, devenu ensuite France-Observateur. Il travaille, à partir de 1955, au sein du service politique du Monde, qu’il quitte en mai 1958. Il se consacre alors essentiellement aux guerres d’Indochine et d’Algérie, subissant, pour ces contacts personnels avec le FLN, diverses pressions, une inculpation et une perquisition. Claude Estier devient, de mai 1958 à la disparition du journal en novembre 1964, corédacteur en chef de Libération. Se prononçant en faveur d’une plus grande indépendance de France-Observateur vis-à-vis du PSU, il participe enfin à la transformation de l’hebdomadaire et à la fondation du Nouvel Observateur.
Ayant rencontré François Mitterrand dans les années 1950, Claude Estier s’en rapproche au début de la Ve République. A sa demande, il rejoint le groupe des fondateurs de la Convention des institutions républicaines (CIR) dès 1963. En 1965, il sert d’intermédiaire entre le président de la CIR et le PCF et est l’un des organisateurs de la campagne présidentielle de François Mitterrand.
Claude Estier devient ainsi l’un des plus proches compagnons de François Mitterrand. Tout en continuant ses activités à la CIR, il est élu député le 12 mars 1967 dans la 25e circonscription de Paris, dans le XVIIIe arrondissement. Seul élu parisien de la Fédération, il est désigné secrétaire du groupe FGDS. Ses différentes interventions au Parlement sont remarquées. Mais il perd son siège suite à la dissolution du 30 mai 1968.
Claude Estier joue un rôle majeur dans les négociations qui aboutissent à la naissance du Parti socialiste (PS). Suite au congrès d’Épinay, il est nommé secrétaire national du PS, chargé des relations avec la presse et ce jusqu’en 1979. Il est également membre du Comité permanent de liaison de la gauche pour le programme commun en novembre 1972. François Mitterrand le charge, de plus, de fonder un nouvel organe de presse national pour le parti : il devient ainsi le directeur de rédaction de l’hebdomadaire L’Unité. Ses éditoriaux sont très appréciés par les militants et régulièrement cités dans la grande presse.
Resté trois années sans mandat électif, Claude Estier est élu en deuxième position sur la liste d’union de la gauche conduite par le PCF en 1971 dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Il siège au sein du conseil municipal de Paris jusqu’en 1989 sans interruption et à nouveau de 1995 à 2001. Il participe ainsi à la reconstruction d’un PS très affaibli dans la capitale. En effet, outre son siège au conseil municipal, il est candidat aux élections législatives de 1973 et 1978 et contribue à fonder un véritable bastion socialiste dans le XVIIIe arrondissement, formant, avec Lionel Jospin, Bertrand Delanoë et Daniel Vaillant, « la bande des quatre ».
Claude Estier est également élu le 10 juin 1979 à l’Assemblée des communautés européennes et est vice-président du groupe socialiste européen. Suite à la victoire de François Mitterrand, il est élu député de juin 1981 à 1986 et est président de la délégation parlementaire de la Radiodiffusion télévision française (1981-1983), puis président de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale (1983-1986). Sénateur de Paris, élu le 28 septembre 1986, il préside le groupe socialiste au Sénat de 1988 à 2004.
Enfin, chevalier de la Légion d’honneur le 26 septembre 1986, Claude Estier est fait officier de la Légion d’honneur le 31 décembre 2004.
Outre les titres déjà cités, il collabore ou prend part aux rédactions des journaux suivants : Combat républicain, La Revue socialiste, Perspectives socialistes, France-Forum, Faire, Cahiers de la République, Après-demain, Dire, Action socialiste, Le Poing et la Rose, L’Hebdo des socialistes, etc.
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