Albert Thomas est l’un des trois ministres socialistes du gouvernement dit d’Union sacrée formé pendant la Grande Guerre. Une expérience de gouvernement reniée par le parti aussitôt la paix retrouvée, marginalisant durablement la tendance réformiste au sein du socialisme français.
Albert Thomas est successivement sous-secrétaire d’État puis ministre de l’Armement et des Fabrications de guerre de mai 1915 à septembre 1917. Déjà chef de file du courant réformiste de la SFIO avant 1914, il fait de ces responsabilités l’occasion d’expérimenter à l’échelle nationale les solutions politiques pratiques préconisées à son poste de maire de Champigny-sur-Marne ou encore de député de la Seine à la Chambre.
Mais, très vite, ce poste stratégique d’organisateur des productions d’armes et du travail ouvrier en temps de guerre suscite débats et oppositions au sein de sa famille politique dans un contexte de course à l’armement et de mobilisation sociale intense. Au fil du conflit, Albert Thomas peine à imprimer durablement sa marque dans une SFIO qui cherche à clore la parenthèse de la participation socialiste à un gouvernement bourgeois, fût-il d’Union sacrée, alors que renaît l’idéal de l’internationalisme prolétarien.
Dans cet ouvrage, Adeline Blaszkiewicz-Maison explore le parcours de l’une des figures les plus atypiques du socialisme de gouvernement durant ces quatre années charnières. À l’heure où l’exercice du pouvoir n’en finit pas de susciter des débats à gauche, elle propose ainsi de revenir sur un élément fondateur du « long remords du pouvoir » des socialistes.
Cet ouvrage est issu d’un mémoire de master 2, lauréat du prix de la Fondation Jean-Jaurès et du prix Jean Maitron en 2013.