L’Observatoire géopolitique des mondes marins se fixe pour mission d’analyser et décrypter ces différents enjeux liés aux mers et océans en réalisant un travail éditorial d’actualité ou de prospective ; créé en 2024, il est dirigé par l’universitaire Xavier Carpentier-Tanguy.
Mer Noire, mer d’Azov, mer Rouge : certains espaces marins dominent une grande partie de l’actualité internationale la plus récente. Bien que médiatiquement moins visibles, d’autres initiatives contribuent tout autant à façonner notre monde : ainsi l’accord signé en janvier 2024 entre le Somaliland et l’Éthiopie devant permettre à cette dernière d’accéder à la mer – accord toutefois annulé aussitôt par la Somalie, le Somaliland s’étant autoproclamé autonome – ; de même, le déploiement en décembre 2023 par le Royaume-Uni d’un navire de patrouille militaire en soutien au Guyana, en pleine crise sur l’Essequibo, territoire riche en pétrole réclamé par le Venezuela, illustre ces tensions géopolitiques qui naissent ou bien s’expriment par les mers.
Dans ce domaine, certaines mesures auxquelles le grand public ne prête pas nécessairement une grande attention révèlent des tensions réelles : par exemple, en janvier 2021, la Chine a adopté une loi autorisant explicitement sa garde côtière à ouvrir le feu sur des navires étrangers. Cette mesure, alors que les marines de Corée du Sud, du Japon, du Vietnam et des Philippines connaissent des expansions jamais vues de leurs budgets, peut certainement contribuer à rendre la situation en mer de Chine méridionale encore plus tendue.
Couvrant près de 70% de la surface terrestre, les mers et océans constituent les principales voies d’échanges et de connexion. Si le contrôle de certains détroits – celui des Dardanelles ou celui de Bab-el-Mandeb – s’inscrit dans un cadre géopolitique relativement connu, le canal de Panama, subissant les conséquences de fortes et longues sécheresses, connaît aujourd’hui des difficultés de niveau qui entravent la bonne circulation des navires et motivent certains armateurs à choisir le rail. La question devient donc à la fois économique et écologique. Par ailleurs, le récent sabotage des gazoducs Nord Stream en mer Baltique, mais encore les attaques sur certains câbles sous-marins dans cette même région ont généré de nouveaux enjeux géopolitiques maritimes. Enfin, l’adoption en juin 2023 du traité international de protection de la haute mer pourrait générer une nouvelle forme de diplomatie, écologique mais également scientifique, et possiblement préventive.