Derrière le discours d’une émergence qui tarde à se matérialiser au-delà des « tables-rondes » des bailleurs de fonds et de « l’expertise » des cabinets de conseil, les faits restent têtus. L’Afrique subsaharienne est la seule région du monde où la population extrêmement pauvre a doublé en cinquante ans. Si croissance il y a en Afrique, elle est loin de profiter à l’ensemble des Africains. Et aucun signe ne semble indiquer que la situation puisse s’améliorer à court terme.
Le dernier essai de Kako Nubukpo, L’urgence africaine. Changeons le modèle de croissance (Éditions Odile Jacob, Paris, septembre 2019), met en avant la thèse de l’instrumentalisation de l’Afrique comme laboratoire du néolibéralisme, avec la complicité active ou passive de ses propres élites, et tire la sonnette d’alarme sur la réalité d’une Afrique à la dérive, subissant les prédations minières et foncières, des sorties massives de capitaux licites et illicites, des surplus agricoles européens. Il revendique la promotion d’un espace de réflexion plurielle et endogène sur les économies africaines et leurs perspectives de prospérité.
Il y a urgence, car les blocages actuels font du continent africain une véritable bombe à retardement. Face à ce constat, Kako Nubukpo montre comment l’Afrique tente de s’organiser, et apparaît malgré tout comme une terre d’espérance et d’innovations.
Pour en débattre, l’Observatoire de l’Afrique subsaharienne de la Fondation a réuni :
- Kako Nubukpo, économiste, directeur de l’Observatoire de l’Afrique subsaharienne de la Fondation, professeur titulaire des Facultés de sciences économiques, ancien ministre de la prospective du Togo,
- Caroline Roussy, chercheure à l’Iris,
lors d’une rencontre animée par Alexandre Minet, coordinateur du secteur International de la Fondation.