Pour la Cité des livres, Régis Debray débat de son livre A un ami israélien.
« Je suis sûr, en abordant cette rive bardée d’écueils, de me brouiller avec la moitié plus un de mes meilleurs amis. Il se trouve simplement qu’un Gentil se sent les coudées plus franches avec un juif d’Israël… » Voilà pourquoi Régis Debray s’est décidé à prendre sa plume pour écrire A un ami israélien, Elie Barnavi, et lui décrire l’anxiété que lui inspire l’évolution actuelle de son pays.
Régis Debray était le sixième invité de la Cité des Livres, le 28 juin à la Fondation Jean-Jaurès, où l’attendait une salle comble, concentrée et exigeante. Il s’attendait sans doute à recevoir des critiques virulentes sur ce livre si vite brocardé dans la presse. Mais le débat fut à l’image du l’ouvrage : nuancé, sérieux et sans complaisance.
A la demande des animateurs de cet échange, Henri Nallet, Frédéric Martel et Pierre Testard, Régis Debray expliqua d’abord les origines du livre : ayant foulé la Terre sainte pour les besoins du rapport qu’il rédigea en 2006 à l’adresse des diplomates français sur le dialogue interreligieux au Proche-Orient, et du livre qui en suivit, Un candide en Terre sainte, il a vu ce que beaucoup refusent de voir. Le « mur », la misère de Gaza, les humiliations aux check-points contrôlés par l’armée israélienne, la colonisation rampante des territoires palestiniens. Il a donc voulu écrire à Elie Barnavi – l’auteur d’Aujourd’hui ou peut-être jamais, l’historien amoureux de l’Europe, l’ancien ambassadeur de France en Israël, un représentant, enfin, de ce camp de la paix si mal en point en Israël – « simplement pour se mettre en accord avec lui-même, avec ce qu’il a vu là-bas ».