Vieillissement de la population : il est temps d’y penser !

La récente grève des personnels d’Ephad a porté la question du vieillissement de la population au cœur de l’actualité, et particulièrement la place des seniors dans notre société. Sébastien Podevyn, en charge d’un futur rapport pour la Fondation Jean-Jaurès sur ces questions, par ailleurs directeur général de France Silver Eco et professeur associé à l’UPEM, en détaille les enjeux avec Sadik Filipovic, associé opérationnel chez Twelve Consulting.

Silver Économie, quelques précisions

Nonobstant la réalité des difficultés rencontrées au sein des Ephad, nécessitant un soutien budgétaire pouvant être estimé à environ 800 millions d’euros, le traitement médiatique du sujet du vieillissement masque une complexité dont la société française, dans son ensemble, pourrait s’emparer. La population âgée de plus de 65 ans représentait en effet, en 2015, 18,4% de la population française selon l’Insee. En 2050, elle représentera 26,2% de la population totale et 33% en 2060.

Derrière cette réalité quantitative, une question qualitative se pose à nous : qu’est-ce qu’être senior au XXIe siècle ? La génération des baby-boomers, éprise de liberté, est en train de donner le «la». Refusant de ne plus être connectée à la vie sociale, voire économique, n’envisageant pas le vieillissement comme un – unique – renfermement sur la sphère familiale, elle aspire à réinventer cet âge de la vie qui dure de plus en plus longtemps. Car être senior est un chemin qui commence de plus en plus tôt et qui dure de plus en plus longtemps. Sans évoquer la question de la séniorité au cœur des organisations (environ 50 ans), on peut classifier, comme le fait Luc Broussy, les seniors en trois âges distincts : le senior actif (jeune retraité ou maintenant une activité économique) qui est senior sans le ressentir ; le senior fragile qui commence à mesurer les effets du vieillissement ; le senior dépendant. Trois réalités différentes de vie, trois manières d’aborder la séniorité. À cette multiplicité de situations se superpose un autre élément : on ne vieillit pas tous de la même manière. Aux différences génétiques s’ajoute un nombre incalculable d’éléments contextuels (carrière professionnelle, alimentation, sommeil, consommations à risques, type d’habitat, réseaux personnels, maîtrise des codes sociaux…) qui vont impacter la santé en premier lieu, mais également l’inclusion sociale ou encore le moral des seniors. Le vieillissement accentue les problématiques, ce qui se traduit par une différence de durée de vie selon les individus, mais également de qualité de celle-ci.

La Silver Économie constitue une proposition de services et de produits permettant un vieillissement dans les meilleures conditions possibles. Elle touche des secteurs aussi divers que la santé, la mobilité, le logement, les services à la personnes, le tourisme, le numérique, la dépendance et est portée par les acteurs industriels, les pouvoirs publics, les secteurs assurantiel, mutualiste, de la recherche… La loi d’adaptation de la société au vieillissement, promulguée en 2015, a constitué une réelle prise en compte collective de ce sujet, permettant à la fois la création d’une filière industrielle dédiée et sa médiatisation qui, jusqu’alors, était plus que limitée. 

Le «parcours senior», un enjeu

Pour autant, cet engagement n’a pas été suffisant. La création normative, pour un élément aussi complexe que celui que nous évoquons, est nécessaire mais pas suffisante. Or, l’enjeu est aujourd’hui est de proposer une réelle vision de ce que pourrait-être un «parcours senior» en France, permettant de prendre en compte les aspirations des générations vieillissantes et de limiter les inégalités causées par les éléments contextuels d’une vie.

La Fondation Jean-Jaurès a souhaité poser sa pierre à l’édification de ce «parcours senior». Tout d’abord en mettant en lumière à travers un rapport (à paraître) les freins à cette notion (frein culturel, frein de gouvernance, frein de marché) et les solutions à mettre en œuvre pour y remédier. Mais également en proposant une expérimentation de ce que pourrait être ce «parcours», établissant à la fois quelles devraient en être les étapes, les acteurs et la méthode. Une telle expérimentation rendrait alors possible de proposer une évaluation des bénéfices pour le citoyen, pour ses proches et pour la société. 

 

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