Socialisme, quels militants ?

La dernière séance du séminaire « Les socialistes dans la société » de l’année universitaire 2009-2010 consacré à l’étude des militants socialistes a réuni Thierry Barboni, docteur en sciences politique, et Henri Rey, directeur de recherche au CEVIPOF.

Thierry Barboni, docteur en sciences politique de l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne, auteur d’une thèse Les changements d’une organisation. Le Parti socialiste entre cartellisation et configuration partisane (1971-2007), soutenue en 2008 sous la direction de Jean-Claude Colliard, et Henri Rey, auteur d’une grande enquête sur le Parti socialiste dans les années 80 (avec Françoise Subileau, Les militants socialistes à l’épreuve du Pouvoir, Presses de Sciences Po, 1991) sont revenus durant deux heures sur leurs travaux respectifs, et les ont replacés dans les problématiques actuelles. Thierry Barboni a analysé les transformations du parti d’Epinay, parti de militants, au parti socialiste des années 90 et 2000, parti des militants. Les manières de militer se sont profondément transformées, l’élection du premier secrétaire par l’ensemble des militants ayant marqué une étape ; le militantisme partisan laisse aujourd’hui de plus en plus la place à un engagement plus distancié et plus fluctuant, symbolisé par les adhérents « Internet » et la coopol.Henry Rey est revenu sur les conditions de réalisation de sa grande enquête, qui, même si elle est déjà datée, n’a jamais pu être renouvelée. 40000 militants dans 30 fédérations ont reçu un questionnaire de 1984 à 1986 ; à l’époque, 10 % des questionnaires reviennent renseignés, permettant d’analyser les évolutions des années 70 et le désarroi des militants d’un parti arrivé au pouvoir, et de bien montrer la prédominance des salariés, et particulièrement du secteur public et des enseignants. Il faudrait naturellement que cette enquête soit actualisée ; les directions successives du parti n’ont pas permis au groupe de chercheurs sur le militantisme du Cevipof de renouveler cette expérience au sein de l’organisation partisane, malgré naturellement tout l’intérêt pour les historiens des conclusions qui peuvent en être tirées sur les caractéristiques du militantisme socialiste et ses évolutions dans le temps.

 

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