Quelle approche le Parti socialiste de François Mitterrand lancé à la conquête du pouvoir a-t-il eu de la social-démocratie allemande ? « Épinay contre Bad Godesberg », la formule traduit le fossé idéologique qui sépare le Parti socialiste et le Parti social-démocrate allemand dans les années 1970. Elle renvoie à l’histoire intérieure des deux organisations, à leurs cultures politiques. Mais elle masque sans doute des relations plus complexes. La confrontation des sources et des témoignages suscite alors des interrogations.
D’abord, existe-t-il un réel intérêt du PS pour la social-démocratie allemande ? Et réciproquement, le SPD au pouvoir croit-il à ce nouveau parti né à Épinay qui a choisi l’union avec le Parti communiste ? La critique du SPD au sein du parti français répond-elle simplement à des logiques d’affrontements entre courants ? Est-elle idéologique ou tactique ? Quelles sont les constantes du ou des discours, ses évolutions les nuances et les inflexions qui se font jour ? La perspective de l’exercice du pouvoir nourrit-elle une autre approche de la social-démocratie au sein du PS français, voire une plus grande attention aux thèses « réformistes » ? Reconstituer l’histoire des relations entre les deux partis, observer leur évolution dans les années 1970, tel est l’objet de cet ouvrage. Il met ainsi en lumière le poids des hommes, et notamment le rôle des équipes des secrétariats aux affaires internationales des deux partis. Il raconte aussi la rencontre et la naissance d’une amitié entre François Mitterrand et Willy Brandt.
Cet ouvrage reprend en grande partie le mémoire de maîtrise d’histoire soutenu par l’auteure à l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne, lauréate ex aequo du Prix de la Fondation Jean-Jaurès 2005.
Christelle Flandre, Socialisme ou social-démocratie : regards croisés français allemands 1971-1981, coll. Des poings et des roses, L’Harmattan, janvier 2007.