Réception et mémoire du coup d’État au Chili

Au Chili, il y a quarante ans, un coup d’Etat militaire mettait fin aux mille jours de l’Unité populaire, sous les yeux de nombreux observateurs étrangers. L’historienne Elodie Giraudier revient sur la réception et la mémoire de ce coup d’Etat dans un contexte de Guerre Froide et de liens particuliers entre ce pays du Cône Sud et l’Europe.

La société chilienne n’est pas réconciliée sur des thèmes vieux de quarante à cinquante ans comme la réforme agraire et le coup d’Etat. La perspective des élections présidentielles et législatives renforce les efforts de cohésion de la Nouvelle Majorité autour de la mémoire du coup d’Etat. Ainsi, le séminaire « Salvador Allende : République, démocratie et socialisme » a réuni les sénateurs socialistes Isabel Allende et Juan Pablo Letelier ainsi que les démocrates-chrétiens Jorge Pizarro, Ignacio Walker et Soledad Alvear, pour rendre hommage au président socialiste. Toutefois, la commémoration du coup d’Etat met à nouveau en lumière les différentes positions des démocrates-chrétiens en septembre 1973. Si le putsch semblait inévitable en 1973, sa brutalité a surpris les socialistes et les démocrates-chrétiens. Du côté démocrate-chrétien, les deux déclarations – celle, officielle, du 12 septembre 1973, et celle, dissidente, du 13 septembre – sont issues de deux stratégies différentes d’opposition à l’Unité populaire, qui structurent toujours d’une certaine façon le débat interne. A quarante ans du coup d’Etat, cet événement qui a marqué la vie de nombreuses générations de Chiliens continue d’être source de discussions voire d’affrontements politiques, même si les positions évoluent lentement.

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