« Le moteur franco-allemand de l’Europe », « Tobin, la petite taxe qui monte », « Les relations Europe/Afrique subsaharienne » : trois sujets qui dépassent nos frontières et viennent enrichir les débats de la campagne électorale, reprenant les réflexions nourries au sein du Club du Mardi.
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Le Club du mardi rassemble chaque premier mardi du mois des femmes et des hommes de divers horizons pour débattre des sujets d’actualité et des problèmes de société. Cet essai traite de trois problématiques du contexte international qui ont néanmoins un impact au niveau national : le moteur franco-allemand de l’Europe (François Scheer) ; la taxe Tobin (Christian Sautter) ; les relations Europe/Afrique subsaharienne (Philippe Sainteny).
« Le moteur franco-allemand de l’Europe » (François Scheer)
Le long chemin de la construction du partenariat, voire de l’amitié franco-allemande a nécessité beaucoup de détermination et de concessions de la part des deux pays. Aujourd’hui, on n’y consacre plus autant d’énergie. La conséquence en est un ralentissement considérable de l’intégration européenne à un moment où l’Europe a le plus besoin de ce couple franco-allemand. Pour y remédier, il est fondamental de rétablir un climat de confiance et de stabilité dans les échanges des deux pays. Il faudra réaliser des avancées « symboliques », comme réécrire le traité de l’Elysée qui fêtera ses cinquante ans l’année prochaine ou relancer le Triangle de Weimar, symbole que la chute du Mur et la réunification n’ont pas pu compromettre le couple franco-allemand. L’Union européenne (UE) a besoin d’initiatives conjointes de la France et de l’Allemagne ; la mise en œuvre d’une gouvernance économique et sociale ne peut être réalisée sans un accord franco-allemand. Cette mesure pourrait sauver la zone euro mais aussi permettre l’approfondissement d’une Europe (plus) politique : alors que le poids politique des Etats membres décline, les nations peuvent à travers de l’UE montrer leur crédibilité et leur influence. La politique extérieure et la défense communes nécessitent d’être développées pour faire de l’Europe un acteur efficace dans les crises politiques. Ainsi, le Service européen d’action extérieure doit devenir un « instrument efficient de la diplomatie européenne » tandis que la France va devoir convaincre l’Allemagne de repenser la défense européenne. Le rôle de la France et de l’Allemagne est ainsi de « réinventer » l’UE et de définir son avenir.
« Tobin, la petite taxe qui monte » (Christian Sautter)
La taxe Tobin, inventée par John M. Keynes et reprise par James Tobin, est une taxe sur les transactions financières. Un prélèvement d’un taux de 0,05 % sur chaque transaction à l’échelle mondiale représenterait 400 milliards de dollars par an. Une entreprise qui décide d’investir un million d’euros pour construire une usine dans un autre pays devra ainsi payer 500 euros en taxe, une somme insignifiante pour un projet d’une telle ampleur. Pour un trader qui spécule avec plusieurs millions de dollars pour en tirer un avantage minimal, une telle somme n’est pas négligeable. Sans être un remède miracle, cette charge pourrait néanmoins freiner la diffusion de crises économiques, car elle découragerait les déplacements spéculatifs. Un autre atout est l’effet « réparateur » : l’argent récolté par la taxe peut servir à la réparation des dégâts causés par la finance spéculative. Grâce au nombre de transactions financières réalisées chaque jour, la taxe rapporterait des sommes considérables qui pourraient être investies dans l’éducation, la santé ou l’écologie, ou, comme proposé par la Commission européenne, pour alléger les contributions des Etats membres au niveau européen. Les centres financiers mondiaux refusent cette mesure sur le marché international, tout comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Cependant, l’auteur estime qu’on pourrait envisager l’instauration de la taxe dans la zone euro. D’un côté parce que la crise financière, loin de prendre fin, montre à quel point il est important de montrer des limites aux marchés. Mais aussi parce que la « monnaie fédérale a besoin de ressources fiscales propres », dont la taxe Tobin. Pour faire progresser l’Europe celle-ci est un outil indispensable.
« Les relations Europe/Afrique subsaharienne » (Philippe Sainteny)
Depuis un certain temps, la couverture médiatique a montré l’image d’une Afrique subsaharienne en déclin, secouée par la famine et les crises politiques. Ainsi, beaucoup ne savent pas qu’un nombre important de pays africains font d’énormes progrès dans différents domaines. Le Ghana, le Mozambique, le Botswana, le Cap-Vert et la Tanzanie font preuve d’une forte croissance, au Cap-Vert et au Ghana de plus en plus d’enfants sont scolarisés (près de 90 %) et le continent est extrêmement riche en matières premières. Tout cela montre que le continent est en effet en train de se réveiller. Pourtant, l’Europe ne semble pas encore avoir réalisé cette évolution. Etant le premier donateur d’aide au développement, l’UE n’est plus le premier partenaire commercial d’Afrique alors que de nombreux pays renforcent leurs accords commerciaux avec cette dernière. Il est certain que le continent a besoin de soutien et un moyen serait l’annulation de la dette des Etats africains, car cette dette représente un défi énorme à combattre pour les Etats pauvres. Pourtant, l’Europe a également besoin de l’Afrique, surtout concernant les matières premières, les ressources naturelles, les terres cultivables. La dépendance mutuelle montre la nécessité de renouer la politique européenne (commerciale) avec l’Afrique. Les bénéfices en seraient indéniables pour l’Europe et cela permettrait également à ce continent, à la population très jeune, de combattre la problématique persistante de la corruption, de l’illettrisme et des conflits.