À l’occasion de la présentation du programme présidentiel de Benoît Hamon, et à quelques jours du débat télévisé entre les candidats, Chloé Morin analyse pour l’Observatoire de l’opinion les enjeux importants pour le candidat sur le plan de l’opinion et de son électorat.
Une partie des sympathisants du Parti socialiste s’abstient aujourd’hui – ils sont environ 16 % à déclarer leur sympathie pour le Parti socialiste dans les enquêtes, soit 2,5 points de plus que le score de Benoît Hamon dans la dernière vague du rolling de l’institut Ifop, alors même que le candidat socialiste dit recueillir aussi les 1 ou 2 % d’Europe écologie-Les Verts (EELV). L’examen de la dernière vague du panel Ipsos/Fondation Jean-Jaurès/Cevipof/Le Monde permet de comprendre la raison principale de cette effacement d’une partie des électeurs socialistes : ils se sentent orphelins. On note en effet que les sympathisants du Parti socialiste et EELV qui déclarent aujourd’hui s’abstenir le font dans une très large proportion (58 %) car « aucun candidat ne leur paraît convainquant ». Il s’agit là du seul électorat dont la démobilisation a pour première cause l’absence de candidat dans lequel il se reconnaît, puisque les autres abstentionnistes invoquent d’autres raisons (par exemple le Front de gauche « pour manifester leur mécontentement », l’extrême gauche « car voter ne changera rien », etc.).
Benoît Hamon est le candidat le plus « mal aimé » des sympathisants du parti qui l’a investi (48 % des sympathisants socialistes « l’aiment », contre 80 % des sympathisants Front de gauche qui « aiment » Jean-Luc Mélenchon et 58 % des sympathisants Les Républicains qui « aiment » François Fillon).
Par ailleurs, Benoît Hamon est perçu comme très à gauche par rapport au centre de gravité du Parti socialiste : les Français placent le candidat en moyenne à 2,8 sur une échelle de 0 à 10 (0 étant le plus gauche, 10 le plus à droite), alors qu’ils placent le Parti socialiste à 3,6 ; François Fillon quant à lui n’est que 0,3 point plus à droite que son parti.
Lorsqu’on n’utilise pas de référence aux partis politiques, mais qu’on demande aux électeurs de se positionner sur une échelle de 0 à 10, on constate que, certes, les Français qui se classent clairement « à gauche » votent davantage Benoît Hamon que Emmanuel Macron (39 % contre 22 %). Mais ceux qui se disent « plutôt à gauche » (donc centre gauche) et garnissaient jusqu’à présent une partie des rangs sociaux-démocrates votent clairement plus Emmanuel Macron que Benoît Hamon (48 % contre 25 %).
Lors de la présentation de son programme, et du premier débat entre les grands candidats prévu dans quelques jours, Benoît Hamon saura-t-il parler à ces sociaux-démocrates orphelins et reconquérir ceux qui ont rallié Emmanuel Macron ?
Données issues de la dernière vague de l’Enquête électorale française : comprendre 2017 réalisée par Ipsos, la Fondation Jean-Jaurès, le Cevipof, en partenariat avec Le Monde.