Niger : femmes, agriculture et changement climatique

Quel est l’impact du réchauffement climatique au Sahel, en particulier au Niger ? Pour Toudjani Saratou Malam Goni, directrice exécutive de la Fondation GURI Vie meilleure, les femmes, particulièrement touchées par les conséquences de la désertification, jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique, notamment dans le secteur agricole. Retrouvez son intervention lors du side event, organisé en partenariat avec la Fondation européenne d’études progressistes (FEPS), lors de la COP 22 à Marrakech, le 8 novembre 2016.

Le changement climatique est un phénomène mondial qui n’épargne aucun pays ; le Niger est particulièrement touché. Ainsi, les effets du changement climatique se traduisent, dans ce pays, non seulement par l’augmentation des températures extrêmes, mais aussi par des périodes de sécheresse ou d’inondations provoquant dans les deux cas des pertes et dommages considérables et mettant à rude épreuve la résilience des populations et de leurs systèmes de production.

À l’instar des autres pays du monde, le Niger a ratifié la plupart des conventions internationales post-Rio et a mis en place des mesures d’ordre institutionnel telles que le Conseil national de l’environnement pour un développent durable (CNEDD), organe délibérant multisectoriel impliquant les structures de l’État et de la société civile, chargé de traduire en actions la politique nationale en matière de changement climatique.

La thématique est d’actualité, et d’autant plus importante pour le développement du secteur agricole du Niger, compte tenu de la situation du pays. C’est dans ce cadre que le Niger s’est engagé depuis octobre 2006 dans le processus de mise en œuvre de l’agenda du Programme détaillé de développement agricole en Afrique (PDDAA).

Comme dans la plupart des pays africains, l’agriculture joue un rôle important dans la vie socioéconomique de notre pays. Le secteur du développement rural occupe 81% de la population active et contribue à hauteur de 42,8% au PIB. Avec 49,5% de la population agricole nationale, les femmes jouent un rôle de premier plan dans de multiples activités agricoles.

En effet, la femme nigérienne est présente aussi bien au niveau de l’agriculture de subsistance que dans l’agriculture de rente, source d’importants revenus pour les ménages. Ce sont également les femmes qui assurent souvent la commercialisation des produits maraîchers, s’occupent du petit bétail ainsi que de la commercialisation des sous-produits de l’élevage. Dans les zones les plus touchées par les impacts négatifs des changements climatiques, ce sont les femmes qui jouent le rôle de chef de ménage, en l’absence des maris partis en exode rural.

L’agricultrice nigérienne reste, de plus, largement tributaire de la pluviométrie, elle-même hautement exposée à la variabilité du climat.

Les femmes, qui constituent une importante frange de cette population agricole, piliers des systèmes de productions agricoles dans nos pays, sont les plus sensibles aux impacts des changements climatiques. Il est donc devenu urgent de prendre en considération les questions de genre et les préoccupations des petites agricultrices dans la définition et la mise en œuvre des politiques publiques afin de mieux appréhender les effets du changement climatique.

En effet, l’objectif fondamental de la Fondation GURI Vie Meilleure est de soutenir la mise en œuvre de toute forme de projets d’intervention pour promouvoir l’autonomisation des femmes rurales afin de mieux faire face aux impacts négatifs du changement climatique. La Première dame du Niger, Hadjia Issoufou Aissata, fondatrice de la Fondation GURI Vie Meilleure, fait de son soutien à tout programme visant à améliorer les conditions de vie des populations en général, et des femmes en particulier, une priorité.

Le secteur de la pêche au Niger a été ciblé comme un secteur durement frappé par les effets du changement climatique : il a été mentionné en particulier dans le cadre du Programme d’action national pour l’adaptation aux changements climatiques (PANA). Consciente du fait que le développement de ce secteur doit intégrer ce phénomène préoccupant qu’est le changement climatique, la Fondation GURI Vie Meilleure, avec l’appui financier du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique), a initié le « projet de renforcement de la résilience des femmes de la filière poisson face aux effets des changements climatiques » (PROREF) de la région de Tillabéry, située dans le Nord-Ouest du Niger. Ce projet de renforcement de la résilience des femmes impliquées dans la filière du poisson s’inscrit dans la dynamique des mesures d’adaptation d’une part et, d’autre part, des mesures de prévention des risques du changement climatique.

Identifier les mécanismes visant au renforcement des capacités des femmes rurales, en particulier, et à la facilitation de leur accès aux intrants agricoles, aux technologies agricoles, ainsi qu’au financement apparaît fondamental. Cela représente pour nous un élément essentiel de la problématique du genre en lien avec la justice climatique, qui vise à trouver les bonnes pratiques pour faire face au changement climatique dans la réalité quotidienne des femmes, qui, d’ailleurs, se doivent d’être plus intégrées dans les processus de décision et de mobilisation pour faire avancer cette thématique. Il s’agit avant tout de garantir un droit à une participation pleine et entière des femmes à la lutte contre les effets néfastes du changement climatique.

 

 

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