En dépit d’un quatorzième samedi de mobilisation des « gilets jaunes » entaché par les insultes antisémites proférées à l’encontre du philosophe Alain Finkielkraut en marge du cortège parisien, les opinions positives à l’égard du mouvement débuté en novembre 2018 semblent ne connaître qu’une très faible décrue. David Nguyen, directeur conseil au pôle « Opinion et stratégies d’entreprise » à l’Ifop, livre son analyse.
Interrogés les 18 et 19 février 2019, les Français sont 23% à « soutenir » les « gilets jaunes » (-1 point depuis le 14 février) et 27% à « avoir de la sympathie » (+1 point). Au total, les opinions positives restent parfaitement stables et continuent de concerner un Français sur deux. Le total soutien/sympathie reste particulièrement prononcé parmi les sympathisants de La France insoumise (77%) et du Rassemblement national (74%), contrairement aux Français proches du Parti socialiste (54%) et surtout des Républicains (35%) et de La République en marche (9%). Dans le même temps, la part de Français souhaitant la fin de la mobilisation des « gilets jaunes » progresse de 2 points en quelques jours pour atteindre 54% de la population./sites/default/files/redac/commun/productions/2019/0220/soutien_giletsjaunes.pdf
Plusieurs enseignements peuvent être tirés de ces différents résultats :
- De la même manière qu’ils distinguent les casseurs – dont ils condamnent les violences – du reste des « gilets jaunes », les Français semblent considérer que les individus antisémites ne sont pas représentatifs du mouvement. Malgré le retentissement médiatique de l’agression par des « gilets jaunes » dont a été victime Alain Finkielkraut, il est en effet remarquable que le total soutien/sympathie n’évolue pas au lendemain de l’acte 14.
- Ce niveau encore important de soutien global indique également qu’un Français sur deux continue de se reconnaître dans les revendications des « gilets jaunes », alors même qu’elles ont évolué au cours du temps.
- Surtout, le mouvement des « gilets jaunes » apparaît clairement comme un étendard de l’opposition au président de la République et à son gouvernement, dès lors que le niveau de soutien global reste particulièrement élevé parmi les sympathisants aux formations politiques les plus opposées à Emmanuel Macron, à savoir La France insoumise et le Rassemblement national. Autre signe de la forte polarisation sociale et politique du mouvement : les parts d’ouvriers, de non diplômés et de sympathisants FI et RN qui se définissent comme « gilets jaunes » sont beaucoup plus importantes que la moyenne (autour de 20% contre 13% pour l’ensemble des Français).
- Malgré le souhait majoritaire d’une fin de la mobilisation des « gilets jaunes » (54%), on peut donc penser que la sortie de crise sera lente, en dépit des mesures sociales mises en place et de la tenue du grand débat national. Cela d’autant plus que 13% des Français se définissent encore comme « gilets jaunes » (contre 19% en décembre 2018) et constituent donc une base non négligeable pour poursuivre des actions et manifestations.