En partenariat avec Nouveaux Espaces latinos, la Fondation a participé à la réalisation d’un dossier « Amérique latine – dérives démocratiques », qui revient sur les récentes dégradations des démocraties sur le continent, comme en Argentine avec l’élection de Javier Milei en 2023.
L’actualité électorale et plus généralement politique de l’Amérique latine a imposé cette année un sujet, qui préoccupe de façon convergente. La démocratie, si difficilement rétablie à la fin du siècle dernier, serait-elle aujourd’hui à nouveau menacée en Amérique latine ? La question peut sembler incongrue. On n’a en effet jamais autant voté que ces derniers temps, d’Argentine au Venezuela, en passant par la Colombie, Cuba, l’Uruguay et bien d’autres. Pourtant, les organisations dressant chaque année un état des lieux démocratiques aboutissent à la même conclusion, exposée dans leurs derniers rapports.
Qu’il s’agisse de la Fondation Carolina en Espagne, de la Fondation allemande Bertelsmann, du CLACSO (le Conseil latino-américain de sciences sociales), de L’Economist en Angleterre, ou du Latinobarómetro chilien, le constat, fondé sur une analyse des conjonctures politiques, est celui d’une dégradation des démocraties latino- américaines. C’est la raison pour laquelle il nous a semblé opportun d’essayer d’aller au delà d’un simple état des lieux, pour tenter, modestement – conscients de nos limites –, de comprendre les raisons d’une telle dégradation. À cet effet nous avons sélectionné, sans les hiérarchiser, un certain nombre de facteurs pouvant avoir, chacun, un rôle partiellement explicatif : l’économie et le déficit égalitaire, les tentations populistes, la montée en puissance de la délinquance organisée, le retour au premier plan des forces de l’ordre, le contrôle de l’information, les dérives de la justice, et enfin de réserver un espace particulier à un cas d’école, l’Argentine du président élu en 2023, Javier Milei.
_Les paradoxes électoraux de l’Amérique latine
Jean-Jacques Kourliandsky, directeur de l’Observatoire de l’Amérique latine à la Fondation Jean-Jaurès
_La régression démocratique en Amérique latine a-t-elle des causes économiques ?
Jean-Louis Martin, économiste, chercheur associé à l’IFRI
_Le populisme aujourd’hui, une idéologie montante
Maurice Nahory, ancien conseiller culturel auprès des ambassades françaises au Brésil, en République Dominicaine et au Venezuela
_Défis à la démocratie, groupes armés illégaux et criminalité organisée
Angélica Montes Montoya, directrice du Groupe de réflexion et d’études sur la Colombie, l’Amérique latine et la Caraïbe
_Militarisation, émergence d’un militarisme civil et érosion démocratique
Marcos Robledo Hoecker, professeur à la faculté d’administration publique de l’université du Chili
_Justice et crise démocratique en Amérique latine
Rubens Casara, magistrat brésilien et essayiste
_Argentine 2024 : une régression civilisationnelle qui n’est pas si surprenante
Vera Carnovale, chercheuse du CONICET argentin
_Nouvelles technologies et distorsions de l’information démocratique
Luzmara Curcino, professeure de linguistique et de langue portugaise à l’université fédérale de Sao Carlos