Après la mort d’Hugo Chavez, les électeurs ont désigné Nicolas Maduro président du Venezuela. Modèle de bien-être social et de renouveau socialiste pour certains, le Venezuela serait au contraire pour d’autres un goulag latino-américain cherchant à raviver les cendres du communisme totalitaire. Qu’en est-il vraiment ?
Le Venezuela est devenu au fil des ans plus qu’une société, un pays du spectacle. Il le doit à celui qui en a été le premier responsable, Hugo Chavez. Il le doit aussi à ses opposants qui ont accepté de lui répondre en respectant les règles du jeu médiatique qu’il leur a proposées. Il le doit enfin à la presse du monde entier, en quête d’indices d’écoute et qui a trouvé là un terrain propice. La communication seule n’aurait pas permis de comprendre comment et pourquoi Hugo Chavez a gagné autant de batailles électorales et médiatiques, du 6 décembre 1998 au 7 octobre 2012. Aurait-il donc, au-delà des mots, changé la réalité de son pays, au point d’inventer un modèle conforme aux discours tenus ?
Incontestablement, ce sont les plus pauvres, les plus nombreux, qui ont permis à Hugo Chavez de gagner pratiquement toutes les consultations électorales des années 1998-2012.
Les commentateurs mettent en évidence les parentés entre Cuba, RDA et Venezuela signalent l’existence d’un parti-Etat, aujourd’hui le PSUV, l’usage déséquilibré de la communication d’Etat en faveur des candidats officiels, l’élection d’une Assemblée législative composée à cent pour cent d’élus chavistes en 2005. Les amis politiques du pouvoir chaviste mettent en avant une autre réalité, celle d’un président qui a remis de façon régulière sa légitimité entre les mains des électeurs, notamment en modifiant la Constitution afin de permettre à mi-mandat à l’opposition de proposer l’organisation d’un référendum révocatoire.
De toute évidence, le régime vénézuélien ne remplit pas pleinement les critères exigés de la démocratie représentative. Mais il est beaucoup plus proche de son mode de fonctionnement que de celui des régimes communistes reposant sur un parti unique et la dictature du prolétariat.
La Révolution affichée dans les propos présidentiels, la révolution socialiste dénoncée par l’opposition, a effectivement ciblé les catégories les plus défavorisées. Mais l’option des pauvres et/ou du prolétariat n’a supposé, grâce aux revenus tirés du pétrole, aucune rupture sociale révolutionnaire. A court terme, le chef de l’Etat déclaré vainqueur, Nicolas Maduro, ancien collaborateur d’Hugo Chavez, va devoir gérer un socialisme du XXIème siècle, reposant sur un mécénat d’Etat en difficulté.