La crise que l’Italie a vécue depuis février 2013 a également été celle du Partito Democratico. Ce dernier est désormais confronté au défi de construire l’identité d’un grand parti de la gauche réformiste européenne, pour devenir un membre à part entière du PSE.
Synthèse
Après deux mois d’immobilité, les élections législatives italiennes des 24 et 25 février derniers ont finalement mené à la formation d’un gouvernement de « coalition nationale », conduit par Enrico Letta, jeune numéro deux du Parti Démocrate (PD). Cette solution, trouvée par le gouvernement et qui voit le PD allié avec le Peuple de la Liberté (PDL) de Silvio Berlusconi et les centristes de Choix Civique, est certainement bien différente de celle pour laquelle le PD, deux mois plus tôt, avait recueilli le consensus des électeurs.
Pendant soixante jours, Pier Luigi Bersani, chef de la coalition de centre-gauche, a cherché à former un gouvernement avec le Mouvement Cinq étoiles (M5S) de Beppe Grillo. Mais l’humoriste et blogueur a refusé, ce qui a conduit à l’isolement de son mouvement avec 163 parlementaires.
La campagne électorale du M5S, intitulée « Tsunami tour », a incarné un véritable raz-de-marée contre le système des partis traditionnels. Le fil rouge de tous les discours publics est le mécontentement, la détresse et la rage qui augmentent chaque jour face à une crise de la dette publique qui a écrasé la classe moyenne sous le poids des impôts et de la récession. Selon Beppe Grillo, la seule manière de sortir de cette impasse est de quitter l’euro, d’effacer la dette publique et de réaliser un programme économique basé sur la décroissance. Le M5S est un mouvement politique transversal à tous points de vue : politique, social, culturel.
La stratégie anti-partis de Beppe Grillo a révélé un manque de cohésion au sein du PD et de la coalition de centre-gauche. Pier Luigi Bersani n’a pas réussi à gouverner un parti dont la construction reposait jusqu’ici sur le fragile équilibre des rapports de force entre plusieurs courants. La naissance du PD a constitué un cap fondamental pour le centre-gauche italien : établir un nouveau modèle de militantisme et de participation politique reposant sur un instrument, les primaires citoyennes. En 2007, cette pratique a représenté une vraie révolution dans la vie des partis de l’Europe continentale. Pourtant, cela n’a pas suffi. Les appareils du parti n’ont pas su tenir leurs promesses et ont cru que les primaires pourraient suffire à tisser un lien entre le parti, les militants et les électeurs. Au contraire, cela a contribué à créer un climat permanent de course électorale et à nourrir un débat condamné à ne jamais aboutir. La classe dirigeante du PD issue du congrès d’octobre prochain sera confrontée à un défi, celui de construire l’identité d’un grand parti de la gauche réformiste européenne. Il ne devrait plus s’agir d’une fusion mais d’une naissance, et le PD devrait devenir un membre à part entière du PSE.