Cette biographie politique exploite des archives inédites et éclaire, à hauteur d’homme, la guerre d’Algérie vécue par un pied-noir socialiste de 1954 à 1962, entre une Algérie « rêvée » et les combats de la guerre d’indépendance.
Avril 1956 au Caire : Joseph Begarra est chargé par Guy Mollet alors président du Conseil de prendre des contacts avec des chefs du FLN pour explorer les conditions d’un cessez-le-feu et les voies d’une solution aux «événements d’Algérie ». Il rencontre secrètement à cinq reprises Mohamed Khider, l’un des chefs de l’extérieur du FLN : un moment, « l’émissaire » entrevoit la possibilité d’un accord, mais très vite c’est l’impasse.
Pourquoi Begarra pour cette mission? Ce militant socialiste s’est fait connaître dans les congrès de son parti quand il dénonçait les abus d’un certain colonialisme, et évoquait les perspectives d’une Algérie où toutes les communautés vivraient à égalité dans les valeurs de la République.
Fils d’un jardinier, né en Oranie en 1908, instituteur, militant depuis 1930, responsable de la fédération d’Oran, Joseph Begarra a vécu la guerre d’Algérie dans sa chair. Secrétaire fédéral, résistant, conseiller de l’Union française et membre du comité directeur de la SFIO depuis le début des années 1950, il est aussi une personnalité à Oran où la fédération socialiste plus qu’ailleurs recrute dans la population musulmane. Jusqu’en 1958 il se refuse à perdre espoir : des réformes peuvent encore sauver la situation. Il devient en 1961 la cible des ultras de l’OAS et assiste au basculement de l’Oranie dans la violence, jusqu’à son départ et celui de sa famille.
Cet ouvrage reprend en grande partie le master de recherche mention histoire et théorie du politique soutenu par Claire Marynower à Sciences Po Paris, lauréate du Prix de la Fondation Jean-Jaurès 2007.
Claire Marynower, Joseph Begarra. Un socialiste oranais dans la guerre d’Algérie, coll. Des poings et des roses, L’Harmattan, décembre 2008